DOSSIER Désimperméabiliser pour mieux renaturer
Le Lien horticole n° 1150 de novembre 2025 propose un dossier sur la désimperméabilisation, celle qui offre une alternative au « tout-tuyau » pour la gestion de l’eau. Elle rend le sol à la vie, favorisant la biodiversité et des services utiles à la ville.
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Les organisations professionnelles s’emparent d’autant plus résolument du sujet de la désimperméabilisation qu’elle ouvre une voie légitime à la végétalisation, en transformant certains espaces urbains victimes du réchauffement climatique en îlots de fraîcheur.
Un sujet d’actualité
Ainsi, dans le cadre des Rencontres du réseau Jevi-Est Occitanie le 10 juin, la Fredon Occitanie a invité les gestionnaires d’espaces végétalisés à identifier les freins et leviers des projets de désimperméabilisation- végétalisation. Le témoignage de Nathalie Cassan, de la Ville de Lattes (34), s’est avéré particulièrement riche d’enseignements. Plante & Cité a consacré la thématique de son assemblée générale du 20 mai dernier à ce sujet, mettant en avant de nombreux cas concrets. (> Voir ici : "Jevi : bilan phytosanitaire 2024")
Le centre technique a également organisé une journée technique dédiée, le 3 juin à Angers (49), avec Institut Agro, Angers Loire Métropole, et en partenariat avec le consortium du programme Dessert (« Désimperméabilisation des sols, services écosystémiques et résilience des territoires ») mené entre 2021 et 2024 dans un format de laboratoire vivant. Il a exploré le potentiel de refonctionnalisation des sols urbains par leur désimperméabilisation. Ses travaux ont débouché sur un guide technique* destiné à accompagner les projets de descellement et à diffuser largement les résultats d’une recherche collaborative et pluridisciplinaire auprès des parties prenantes des villes. Publié par Plante & Cité en décembre 2024, il propose un état des lieux de l’imperméabilisation des sols urbains, met en lumière les enjeux du descellement et décrit une procédure opérationnelle, illustrée par de nombreux exemples.
> A lire sur le même sujet : "De nouveaux bioagresseurs à détecter et enrayer !"
Enjeu central : le coût
La question du coût constitue toutefois un enjeu central. Une étude récente** révèle que la renaturation des sols urbains représente un investissement important : de 50 à 320 €/m² pour des sols compactés, imperméabilisés ou construits, et jusqu’à 800 €/m² pour des sols pollués, voire plus de 1 100 €/m² en cas de contaminations lourdes. Par exemple, les coûts estimés de restauration-végétalisation de cours d’école ou « cours oasis » (entre 199 et 307 €/m2) sont cohérents avec les coûts réels fournis par certains experts (environ 200-300 €/m2 à Paris – hors mobilier urbain – et 200 €/m2 dans les villes du Sud-Est).
Sur les dix étapes recensées***, les plus coûteuses sont la gestion des terres excavées et la dépollution, alors que les études préalables ou le suivi restent modestes. Les coûts varient selon l’état initial des sols, les techniques retenues, la taille et la localisation du chantier, la temporalité du projet, mais aussi le degré d’ingénierie écologique mobilisé : végétalisation à visée esthétique, restauration écologique…
La base de données de coûts proposée par cette étude constitue un outil intéressant pour les collectivités et les aménageurs : elle permet d’anticiper les investissements, de comparer les scénarios et ainsi de mieux planifier la transition vers l’objectif de zéro artificialisation nette (ZAN). Les estimations pourraient être affinées (coûts supplémentaires tels que l’expertise juridique, l’effet d’apprentissage, l’évolution liée à la raréfaction de la terre végétale, de la gestion des déchets, ou du cadre réglementaire…).
Les chercheurs rappellent que tous les sols dégradés ne peuvent pas être renaturés, qu’aucun ne retrouve pleinement son état d’origine et que le mieux est encore d’éviter de les détériorer.
Pour en savoir plus...
. Article dans ce dossier : "Seine-Maritime, Charente : retours d'expérience", page 28 ;
. Article dans ce dossier : "Une grande diversité de chantiers", page 30 ;
. Article dans ce dossier : "Cours d'école : des projets qui ne s'improvisent pas", page 32 ;
. le dossier "Le sol, un allié invisible encore méconnu", dans le LH n° 1148 de septembre 2025;
. la gestion de l'eau : dans le dossier du Lien horticole n° 1150 de novembre 2025.
*« Désimperméabiliser les villes. Guide opérationnel pour (re)découvrir les sols urbains », 70 pages, ouvrage collectif coordonné par Christophe Schwartz.
**« Les coûts de la restauration des sols urbains », M. Salin, C. Claron, E. Nguyen-Rabot, N. Mondolfo, H. Levrel, Cired Working Paper n° 2024-96-FR, 2025. Voir aussi l’article sur The Conversation.
***Planification, maîtrise foncière, études préalables, démolition du bâti, modification du revêtement, assainissement du sol, travail du sol, gestion des déchets et des terres excavées, végétalisation, gestion et suivi.
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