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Pépinière Quels arbres cultiver demain ?

Spécialisées désormais dans la production d’arbres tiges, les pépinières Cholat ont profité de la fête organisée pour ses 60 ans pour se projeter vers l’avenir.

Les 60 ans des pépinières Cholat, en Savoie, ont été l'occasion pour les nombreuses compétences réunies de réfléchir aux plantations des villes du futur.

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L’entreprise Cholata fêté le 13 septembre 2023 ses 60 ans à Belmont (73). L’occasion, au-delà des aspects humains de la journée, de réfléchir sur la place des végétaux et de l’arbre en particulier dans la ville de demain, dans un contexte de changement climatique. Un peu oublié après la Seconde Guerre mondiale, le rôle essentiel de l'arbre est aujourd’hui largement remis en avant. Les zones fraîches de la ville sont les zones arborées. Deux tiers du pouvoir rafraîchissant d’un arbre est lié à l’ombrage, contre un tiers à l’effet d'évapotranspiration.

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Le travail sur les îlots de chaleur urbains nécessite d'étudier la globalité de la cité. La sauvegarde des arbres existants, aussi bien dans le domaine public que privé, est une priorité : entre 60 et 80 % des arbres en ville sont dans le domaine privé.

Au vu de la rapidité des changements climatiques, difficile de prévoir quelles espèces seront le mieux adaptées pour résister aux épisodes caniculaires de plus en plus en fréquents. C’est encore plus critique avec l’effet îlot de chaleur, qui se traduit par deux à quatre degrés supplémentaires. Néanmoins, Fréderic Ségur, ancien responsable du service arbres et paysage à la Métropole de Lyon, aujourd’hui à la tête du bureau Arbres, ville & paysage, rappelle quelques principes qu’il convient de mettre en œuvre pour les nouvelles plantations afin de limiter au maximum les risques. « La diversification des espèces plantées est la base. À la communauté urbaine de Lyon, des ratios ont été mis en place pour les nouvelles plantations : maximum 10 % par espèce, 15 % par genre et 20 % par famille. Les alignements monospécifiques et réguliers ne sont plus d’actualité pour des raisons sanitaires. En matière de santé publique, ensuite, la concentration des pollinisations au cours d'une même période entraîne des pics d’allergies pour les personnes sensibles. »
Dans ce même registre, l’effet voûte de deux alignements réguliers au-dessus d’une rue, s’il assure parfaitement le rôle d’ombrage le jour, peut en revanche contrarier l’évacuation de la pollution et de l’air chaud la nuit. Enfin, renouveler un alignement régulier nécessite, avant replantation, de supprimer l’ensemble des arbres, même ceux en bon état sanitaire. On se prive alors de vieux spécimens en parfaite santé et au fort pouvoir rafraîchissant.

« En pépinière, la diversité génétique est relativement réduite puisqu’on cultive principalement des clones. Cette technique répondait à des exigences pour des alignements réguliers dont il faut aujourd’hui sortir. Il faut à présent veiller à diversifier les écotypes à l’intérieur d’une même espèce et améliorer la traçabilité », poursuit l'intervenant.

L’aspect ornemental ne doit plus être prioritaire

Pour garantir l’avenir des nouvelles plantations, il propose de revenir aux fondamentaux, avec en premier lieu une bonne connaissance du site et du sol dans lequel on plante.

La question des sols vivants est l’enjeu des prochaines décennies : les mycorhizes multiplient par cent la capacité de l’arbre à s’alimenter en eau. Le volume des fosses de plantation doit être adapté. Il faut préférer des fosses continues vers lesquelles sont dirigées les eaux de pluie.

Pour Frédéric Ségur, « il ne s’agit pas de ne plus planter certaines espèces, mais d'installer les plus sensibles uniquement dans les endroits où elles peuvent se développer correctement. Il est nécessaire de bien connaître l’écologie de la plante puis de faire la corrélation avec le type du sol de son emplacement définitif. Il s’agit aussi de rechercher et de sélectionner des espèces poussant dans des zones climatiques les plus proches de ce que sera à l’avenir le climat du lieu de plantation ».

Pour le choix des espèces, on peut s’aider de différents outils comme Sesame, développé par le Cerema (voir Le Lien horticole n° 1129 d’octobre 2023, page 32).

Inverser les priorités dans le choix des arbres doit aussi devenir la règle : l’aspect ornemental ne doit plus être le critère numéro un pour retenir telle ou telle espèce. Les deux points fondamentaux sont l’adaptation aux conditions pédoclimatiques et à l’espace disponible. Ces deux points pris en compte, viennent ensuite les critères additionnels comme la capacité au stockage de carbone, le rôle sur la qualité de l’air, son apport à la biodiversité et enfin l'aspect esthétique qui arrive en dernier…

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