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Reconversions du collectif et du partage pour ne pas travailler seuls

I. CHANCLUD

De plus en plus, l’installation dépend de personnes motivées originaires du « hors-cadre familial agricole ». Ce dossier propose deux exemples de producteurs dans l’âme, qui ont trouvé leur voie sur le tard ! Et un site horticole qui, peu à peu, reprend vie depuis trois ans grâce à cinq passionnés mutualisant les serres et la source en géothermie.Odile Maillard

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Ils viennent rejoindre les filières du secteur horticole à tout âge. Ils s’appellent Isabelle, Philipp, Fabienne... trouvent le courage de s’installer, s’offrant un nouveau souffle dans leur carrière. Ils se (re)convertissent en producteurs. C’est rare et méritoire, surtout sans avoir suivi le cursus classique de formation, avec un premier métier tout autre exercé au préalable.

Une passion tardive, et surtout du collectif

Ainsi Philipp Schröter, architecte-paysagiste, et sa compagne Fabienne Guisle, paysagiste DPLG (pages 32 et 33), se prennent de passion pour le végétal local. Ils se convertissent partiellement et créent une nouvelle fi­lière dans le Massif central. Isabelle Chanclud (pages 34 et 35), elle, quitte son travail de conseillère en chambre d’agriculture pour miser sur la pluriactivité. Reconvertie en horticultrice-fleuriste en région parisienne, elle fait le pari de maîtriser tout le parcours, de la production à la transformation, jusqu’au client final.

Ces itinéraires sont vraiment précieux pour une filière qui peine toujours à trouver des repreneurs (voir encadré) et en manque d’attractivité.

Un pôle agricole et horticole partagé

Les Serres du Lodévois, dans l’Hérault, avaient subi les affres d’un gros épisode cévenol. Qu’à cela ne tienne, le site se transforme en un pôle maraîcher et horticole partagé (page 36). Kevin, Amandine, Loïc, Caroline, José, Fabienne, David… ces passionnés se regroupent, chacun avec son projet et sa motivation. Parmi eux, un ancien enseignant est venu développer son innovation : des cadres, et maintenant des murs, végétalisés. Également, un couple créateur d’une guinguette et d’un food-truck qui vient y produire et y vendre des pleurotes. Ils surfent sur l’air du temps, qui avec des légumes bio, qui avec des aroma­tiques pour les huiles essentielles, qui avec les plantes locales pour la revégétalisation (renaturation) de sites naturels. Autres motivations, partagées presque par tous : le végétal local et les circuits courts.

Les réponses et solutions qu’ils apportent à des préoccupations du moment sont intéressantes pour la filière, à l’heure où il est question de retrouver plus d’autonomie dans les productions face aux importations, où la crise a réveillé l’attente de vert chez les consommateurs .

Dans tous ces exemples, ce sont moins les aides à l’installation classiques que la passion pour les plantes qui les ont motivés. Le bouche-à-oreille faisant son œuvre, les serres existantes et la source en géo­thermie ont été les deux éléments attractifs pour leurs projets, au départ. Et la volonté de produire local.

Les classiques DJA et prêts bancaires ne sont pas toujours la solution pour des candidats qui n’héritent pas d’une exploitation. Au fil des dossiers du Lien horticole sur l’installation, force est de constater que pour faciliter les nouveaux projets, les Départements et les Régions s’impliquent de plus en plus en interlocuteurs ou partenaires essentiels, aussi bien pour les aides financières que pour l’accompagnement technique. C’est le cas pour la Drôme et l’Ardèche et la région Au­vergne-Rhône-Alpes en faveur du végétal local ; c’est aussi le cas pour l’Hérault et l’Occitanie, qui soutiennent les cultures de plantes aromatiques et médicinales...

Nos témoins misent à la fois sur des investissements mesurés et sur le collectif pour ne pas avancer seuls, pour se soutenir, pour se faire connaître...

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