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Renaturation Les cimetières peuvent-ils devenir des lieux de nature et de biodiversité en ville ?

Le territoire français compte 40 302 cimetières, occupant plus de 20 000 ha, un potentiel de nature et un réservoir de biodiversité pour toutes les communes. Mais les contraintes sont importantes, témoignent les gestionnaires (photo d’archive).

Quels aménagements sont envisageables pour les cimetières alors que les contraintes – zéro artificialisation nette, désimperméabilisation ou besoin de retrouver la nature en ville – sont de plus en plus présentes ? L’institut Paris Région a tenté d’apporter des réponses fin décembre dans un webinaire.

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Les réflexions autour de la ZAN (zéro artificialisation nette des sols) amènent à repenser la place de la nature en ville et les différentes façons de renaturer des espaces fortement minéralisés en complément d’un ralentissement de l’urbanisation. C’est dans ce contexte que l’institut Paris Région, en lien avec la région Île-de-France et Île-de-France Nature, a organisé au cours de l’année 2023 une série de neuf webinaires consacrés à la thématique de la renaturation. Le dernier de ce cycle, mardi 19 décembre, posait la question des cimetières comme opportunité pour la nature en ville.

Végétaliser pour moins désherber

On compte 40 302 cimetières sur le territoire français, occupant plus de 20 000 ha, « soit deux fois la superficie de la ville de Paris », présente Jonathan Flandin, écologue à l’ARB (Agence régionale de la biodiversité) Île-de-France. On imagine donc bien tout le potentiel de nature et u_n réservoir de biodiversité qu'ils pourraient représenter. Mais dans ces « constructions très minérales, les “herbes folles” sont souvent problématiques. Comment peuvent-ils devenir des espaces de nature à part entière ? » questionne Sophie Deschiens, présidente de l’ARB Île-de-France.

Avec l’extension aux cimetières de la loi Labbé le 1er juillet 2022, la question de la gestion du désherbage dans ces endroits s’est accentuée. Les solutions mécaniques s’avèrent à la fois extrêmement chronophages et insatisfaisantes, créant un sentiment d’abandon de la part des familles des défunts. La végétalisation peut alors devenir une réponse pertinente.

Ainsi, au cimetière des Gonards, à Versailles (78), les trottoirs sont progressivement désimperméabilisés pendant l’hiver, et les allées en pavés, engazonnées. « Un simple coup de tondeuse suffit, là où il était nécessaire de désherber », détaille Mathilde Planchat-Lévêque, de la Ville de Versailles. La volonté est aujourd’hui de tendre vers un cimetière paysager, avec plantation de nombreuses essences d’arbres, création d’une mare…

« On a ajouté des tombes dans un parc existant »

Dans certains contextes, il est également possible de créer de nouveaux cimetières vierges de toute minéralisation. À Niort (79), le cimetière naturel de Souché, ouvert en 2014, arrive déjà à saturation. Cette ancienne carrière en friche de 5 000 m² a été transformée en cimetière en conservant le végétal présent dans le site. « Ce sont les arbres qui ont guidé l’aménagement », expliquent Ève-Marie Ferrer, paysagiste, et Amanda Clot, conservatrice des cimetières, de la Ville.

Aujourd’hui, l’engouement est fort pour ce cimetière, malgré des règles beaucoup plus contraignantes et restrictives que dans les autres lieux funéraires de la ville, que cela concerne les matériaux des cercueils, les soins aux défunts, ou encore l’interdiction des dalles. Les familles personnalisent l’emplacement de la tombe par sa végétalisation. S’il n’y a pas de palette végétale imposée, des courriers sont régulièrement nécessaires pour rappeler l’importance de ne pas planter d’arbres, d’espèces exotiques…

Faire connaître les projets aux usagers

Quelle que soit la nature du projet, la communication autour de ces actions de renaturation des cimetières est primordiale.

« Nous avions beaucoup de plaintes concernant l’entretien, témoigne Aurélie Silio-Hazard, responsable du pôle Espaces naturels, Développement durable et patrimoine géologique de la Ville de Saint-Ouen-l’Aumône (95). Nous avons observé un réel basculement à la suite des campagnes de communication mises en place en parallèle des aménagements : informations dans le journal municipal, les réseaux sociaux, affichage sur place. »

La prise en compte des contraintes et besoins des services funéraires dès la conception des aménagements est également essentielle. À Saint-Ouen-l’Aumône, une prochaine étape en réflexion sera la désimperméabilisation des allées principales, aujourd’hui toujours en enrobé. La circulation fréquente des véhicules des entreprises funéraires sera un vrai point de vigilance pour avancer sur ce dossier.

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