Comme tous les rendez-vous institutionnels, les prochaines Assises européennes du paysage de Strasbourg devraient faire l'objet de scepticisme dans les entreprises, voire de critiques un peu acerbes : certains y verront le rassemblement de gens – toujours les mêmes – pouvant se permettre de discuter pendant trois jours de sujets pas forcément utiles. D'autres contesteront le choix de la ville, Strasbourg, symbole d'une Union européenne aux frontières ouvertes, alors même que les produits horticoles néerlandais, allemands, espagnols ou italiens, pour ne citer qu'eux, s'imposent de plus en plus face aux productions françaises, avec leurs charges élevées. D'autres rappelleront qu'il y a deux ans, les Assises avaient accouché du concept de Cité Verte, dont on n'a guère entendu parler depuis. D'aucuns, enfin, s'interrogeront sur la politique de verdissement de nombreuses villes et les commandes de végétaux en grandes quantités qu'elle aurait dû générer...
Ces Assises européennes sont pourtant faciles à défendre... Ce sont toujours les mêmes qui y sont présents ? Elles sont ouvertes à tous, il suffit de s'inscrire. Le concept de Cité Verte est importé des Pays-Bas et les Néerlandais sont trop contents de le voir se développer en France parce qu'ils pourront y expédier leur production ? Certes, mais l'idée de promouvoir le végétal est porteuse d'avenir pour la filière toute entière et ne détermine en aucun cas les règles du jeu des échanges commerciaux.
Mais, surtout, ce rendez-vous marque pour une fois la volonté des métiers de la filière de travailler ensemble. Il ne gommera pas d'un coup de baguette magique le rapport de force entre les familles professionnelles, peu favorable à la production en ce moment, mais s'il est un lieu où tout le monde doit pouvoir se retrouver et avancer de concert, les Assises doivent y ressembler...
PAR PASCAL FAYOLLE