Le rapport sur les pesticides et la santé présenté fin octobre augure un nouveau resserrement de la législation sur les produits phytosanitaires (page 5). Constatant que l'impact sur la santé est sous-évalué et que les applicateurs sont mal protégés, les deux sénatrices auteurs de ce rapport veulent, entre autres, renforcer les procédures d'autorisation de mise sur le marché.
L'objectif du plan Écophyto 2018, qui visait à faire baisser de moitié, d'ici à six ans désormais, l'usage des produits phytosanitaires de moitié « si possible », n'est pour l'instant pas atteint, alors que le plan est en oeuvre depuis déjà quatre ans, c'est-à-dire depuis le Grenelle de l'environnement de 2008. Dire que l'on n'atteindra pas cet objectif est d'ailleurs un doux euphémisme, puisque la consommation est plutôt à la hausse.
Du coup, de nouvelles cibles sont dans le viseur de l'administration : le grand public, qui pourrait ne plus avoir accès aux produits autres que ceux qui sont autorisés en agriculture biologique, et les collectivités, que le rapport propose d'« inciter à ne plus utiliser de pesticides d'ici cinq ans ».
Reste que ce nouveau plan de bataille, qui n'est pour l'heure qu'une trame et doit encore être discuté (en janvier prochain) pour faire l'objet d'une loi, ne fait guère que renforcer le plan Écophyto alors même qu'est mis en avant son manque d'efficacité. Rendre la législation encore plus coercitive suffira-t-il à faire baisser significativement l'utilisation de ces produits ?
La santé doit certes passer avant toute chose, mais l'usage des phytosanitaires est également lié à des normes de production et à des coûts de revient : il faudra aussi travailler sur ces aspects pour avancer.
PAR PASCAL FAYOLLE fayolle@lienhorticole.fr