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Courrier des lecteurs La génération Z veut baigner dans le milieu idéal en attendant tout de l’autre

La génération Z comme Zorro.

Serge Lafond, arboriculteur à la retraite, réagit à l’article « Au travail, décrypter la génération Z » paru dans Le Lien horticole n° 1133 de mars 2024.

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Serge Lafond, un de nos fidèles lecteurs, arboriculteur aux Pépinières Lafond, à Valréas (84), souhaite partager sa réflexion concernant l’article « Au travail, décrypter la génération Z » paru dans la rubrique Formation du Lien horticole n° 1133 de mars 2024. Car, selon lui, l’évolution dans le métier de la pépinière (et du fruit) impose une connaissance du végétal qui oblige à rester modeste devant toutes les compétences à acquérir.

Ne pas laisser croire que l’entreprise est responsable de tout

« Abonné depuis quelques années au Lien horticole, même si notre activité de pépiniéristes fruitiers, essentiellement orientée vers le marché des arboriculteurs, est peu présente dans ce magazine, sa lecture nous livre bien des infos.

Le numéro de mars apporte une analyse sur la génération Z qui, si l’on en croit l’association Youth Forever, est en difficulté d’intégration dans la société.

Cela n’est pas très nouveau, mais l’amplification de ce type de raisonnement déforme la réalité et contribue, encore un peu plus, à laisser croire que l’entreprise est responsable de tout.

Je ne crois pas qu’il y ait dans Le Lien la place pour l’expression de quelques opinions de lecteurs, mais je me suis permis d’écrire quelques réflexions qu’il me plairait de voir dans une des pages du prochain numéro.

L’analyse de la génération Z par l’association Youth Forever ne doit pas laisser croire que cette génération a toutes les priorités dans l’entreprise, comme bien des générations avant elle, et elle a souvent à apprendre à marcher avant de vouloir voler.

Les relations de confiance, l’autonomie, le droit à l’erreur… ne s’établissent pas en troismois ou six mois ni, a fortiori, à l’occasion de deux ou trois entretiens d’embauche.

Nous avons des métiers très techniques où l’acquis terrain, dans tous les sens du terme, ne se fait que dansla durée, l’ancienneté. La génération Z, qui veut profiter de sa vie privée comme tout un chacun (employeur compris !), n’aide pas son entreprise quand, au bout de un ou deux ans, sous prétexte que l’herbe est plus verte ailleurs, ou qu’il est temps de faire le tour des Galápagos à bicyclette, ne participe pas à créer le lien de confiance attendu.

Et, plus grave, elle fragilise l’entreprise qui l’a abritée… et qui y a cru…

À vouloir baigner dans le milieu idéal en attendant tout de l’autre, c’est prendre le risque, évidemment, de tomber de haut, parce que le monde est ce qu’il est, et ça ne viendra pas tout seul ! » Serge Lafond, 82 ans.

Du collaboratif et d’autres compétences

Le Lien horticole laisse de la place aux opinions de ses lecteurs et votre réaction est la bienvenue.

Toutefois, faisons attention à ne pas surinterpréter ce que rapporte l’association Youth Forever. Il n’est pas dit que l’entreprise est responsable de tout. Ni que la génération Z attend tout des autres et veut tout de suite toutes les responsabilités.

Youth Forever, nous semble-t-il, relève plutôt une déception, ressentie par « les jeunes », pendant une durée trop longue après le recrutement, face à un manque de confiance, a priori, face à une trop faible volonté de l’intégrer dans ses décisions.

Cette génération, suspectée d’être un peu trop volage et infidèle, qui sautillerait d’une expérience à l’autre, en fait, pour s’investir, a besoin qu’on la sollicite, qu’on la concerte. Elle aime travailler plus souvent en collaboratif, moins dans une structure trop verticale, trop hiérarchique.

Même si, à la fin d’une formation ou à l’occasion d’une reconversion, elle manque de compétences techniques pures, elle peut apporter d’autres atouts à l’entreprise : ouverture plus large sur ce qui se fait ailleurs, facilité à utiliser les technologies récentes et les multiples formes de communication, nouveaux questionnements et nouvelles idées, compréhension et adaptation rapide face à la volatilité des marchés…

Peut-être devrions-nous, toutes et tous, considérer qu’il existe une génération Z à multiples facettes. Peut-être faut-il accepter un décalage dans les cycles de travail. Les « jeunes » veulent vivre vite, vivre des expériences, partager et apprendre ici, puis apprendre et partager ailleurs. Mais en fait… une partie d'entre eux seulement.

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