Métiers en mutation Bientôt une généralisation des jardiniers naturalistes ?
Avec les besoins cruciaux et croissants de nature et de biodiversité dans les espaces urbains, le métier de jardinier exige une multitude de compétences. Le sujet a mobilisé les professionnels et les adhérents d’Hortis en Occitanie.
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« Le jardinier, en plus de ses activités directes, devient pédagogue et communicant ; il doit savoir expliquer ce qu’il fait » ; « Un jardinier peut en cacher un autre » ; « Le jardinier en milieu urbain va probablement devoir aussi devenir un jardinier naturaliste »… ainsi pourrait-on résumer – évidemment un peu caricaturalement – la journée du vendredi 31 mai dernier à Gruissan (11), près de Narbonne.
Elle était coorganisée et animée par Patrick Lafforgue, délégué régional d’Hortis*. Il s’agissait de brosser un vaste tour d’horizon de l’évolution du métier de jardinier en collectivités territoriales, à la fois artiste et technicien, et beaucoup plus. Il est parti des premières traces connues de jardins au cours de l’histoire humaine jusqu’à l’entrée progressive du « naturel » dans les espaces verts. Sans oublier le volet humain et l’importance de la transmission des savoirs autour du végétal.
Grâce à une frise, les participants ont pu réaliser comment la gestion des espaces de nature en ville et la biodiversité ont été pris en compte, avec une accélération récente. Plusieurs lois (Climat et résilience), règlements (Restauration de la nature) et programmes (Renaturation des villes et villages) se sont succédé, en particulier depuis l'épisode de Covid.
À la recherche des formations les plus pertinentes
La formation était au cœur de la journée. Enfora, CNFPT, Fredon… plusieurs organismes présents ont décliné les enjeux et donc les offres pressenties en nouvelles formations et services. Avec de multiples partenaires – chacun expert dans son domaine – concrètement, ils conçoivent des formations sur les pratiques de base, mais élargissent leurs catalogues avec des journées thématiques et des stages « nature en ville », pour la lutte contre les îlots de chaleur, sur la gestion différenciée de l’eau, l’animation dans les jardins collectifs, les jardins thérapeutiques, la désimperméabilisation des cours d’école, la prévention des risques, ou encore le fleurissement sobre en eau et l’acceptation de la flore spontanée dans l’espace public…
Les agents de terrain étaient, de leur côté, invités à faire remonter leurs besoins et les structures qui le peuvent à proposer des sites d’accueil, pour que les formations soient les plus pertinentes possible.
De multiples scénarios et profils
À ce jour, il n’y a pas de jardinier type tellement les tâches et les compétences utiles se sont accumulées et élargies, du soin aux plantes à agent de propreté urbaine et même gardien-surveillant, en passant par la gestion des espaces verts. Elles évolueront encore.
Parmi les scénarios possibles, les intervenants ont évoqué de multiples profils et savoir-faire : jardinier herboriste, nourricier, entraîneur-coach socio-sportif, animateur, berger, accompagnateur du vivant, «reconnecteur» avec la nature et le vivant, formateur, observateur, expert de renaturation ou des sols, sourcier ou fontainier, diplomate… La liste est quasi inépuisable. Nombre de ces profils donnent du sens au métier, mais force est de constater que chacun cherche encore les solutions pour recruter des personnes motivées. Alors, pour ce qui est de trouver les perles rares multiexpertes et polyvalentes, le sujet préoccupe.
Vers un jardinier naturaliste ou un expert de la renaturation
Le métier vit une phase de transition. Comment l’imaginer, demain ou même dans vingt ans ans, pour mieux préparer les équipes ?
Une partie de la journée a donné la parole à deux jeunes professionnels qui ont tracé la voie de ce que pourrait devenir le jardinier de ville.
Lucie Van Nieuwenhuyze, chargée de mission, a lancé des enquêtes à Grenoble (38). Son travail commence à aboutir, elle a dressé un portrait du jardinier aujourd’hui. Elle poursuit et travaille sur un scénario prospectif avec des profils de « jardiniers experts de la renaturation » à l’horizon 2040.
Quant à Jérémie Fremont, écologue, lui aussi chargé de mission mais à Marseille (13), il avance à grandes enjambées pour sensibiliser, former et entraîner les agents de tous les niveaux hiérarchiques vers le profil de jardinier naturaliste. Il s’appuie sur un guide de stratégie naturaliste qu’il a rédigé.
Reste à savoir si tous les acteurs chargés de la gestion d’une ville sont prêts à passer le cap. Les participants semblaient en phase avec cette évolution, mais chacun sait que, sur le terrain, et dans les sphères décisionnelles, il faudra du temps et savoir négocier pour faire bouger les choses. Il a ainsi été beaucoup question de freins au changement.
Face à tous les bouleversements qu’a connus le passionnant métier de jardinier de ville, les organisateurs et animateurs de cette journée restaient motivés : « À nous d’anticiper les changements, les évolutions, les contraintes, pour toujours en rester les acteurs. »
*Hortis, association des professionnels des espaces verts en milieu urbain.Patrick Lafforgue va passer prochainement le relais de la délégation régionale à Pauline Lambray.
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