La traçabilité s'étend aux productions ornementales
Le renforcement de la réglementation a pour objectif de réduire les usages et les risques des produits phytosanitaires afin de sauvegarder la santé humaine, la biodiversité et les milieux.
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La prise de conscience des dangers des produits phytosanitaires pour la santé et l'environnement et les crises alimentaires ont conduit à un renforcement des contraintes réglementaires, mais aussi à une exigence croissante de traçabilité et de transparence des pratiques, tant de la part du marché que de la société civile. Cette exigence s'étend aujourd'hui aux productions d'ornement, avec la volonté de réduire les usages et les risques, à la fois pour la santé des personnes, la biodiversité et les milieux. Plusieurs associations orchestrent des campagnes d'alerte à la veille des grandes fêtes. Si elles portaient historiquement sur des produits importés de pays en développement, ces campagnes concernent des productions européennes, tel le rapport Greenpeace analysant les résidus de pesticides trouvés sur les plantes à massif en 2014 (1).
Dans le cadre de la mutation souhaitée vers l'agro-écologie, les pouvoirs publics resserrent constamment les exigences d'usage des produits phytosanitaires : retraits d'homologation, professionnalisation des usagers et prescripteurs, conditions d'usage et de stockage. Toute entreprise agricole a l'obligation de tenir un cahier d'enregistrement précisant la date, le traitement, la parcelle, la culture, la dose, ainsi qu'un cahier individuel d'exposition pour les personnes qui sont en contact avec ces produits.
Les distributeurs emboîtent le pas à ce mouvement, par souci de cohérence avec leur propre politique de développement durable, ou pour se prémunir d'une campagne de dénigrement. Certains vont jusqu'à exclure l'usage de certains pesticides des productions qui leur sont destinées. C'est le cas d'Aldi avec les néonicotinoïdes, ce qui pose la question des justificatifs à produire.
Transparence des pratiques
DE MULTIPLES OUTILS
La traçabilité peut se mettre en place au niveau de l'origine, de l'entreprise, du type de culture ou de chaque lot. En matière de bonnes pratiques environnementales, plusieurs schémas de certification volontaires sécurisent et crédibilisent les démarches individuelles par des contrôles portant sur les usages et les résidus de pesticides.
La certification MPS-ABC constitue un premier niveau de traçabilité à l'échelle de l'entreprise, grâce à l'enregistrement continu de l'ensemble des traitements réalisés et à des contrôles réguliers (enregistrements et résidus de pesticides).
Pour une « garantie produit », un suivi plus fin est nécessaire, en procédant à des enregistrements quotidiens par lot, mais également en réalisant plus d'analyses de résidus de pesticides, en fonction de la date de récolte prévue.
En alimentaire et pour toute production aromatique prête à consommer, la certification la plus courante est le code de bonnes pratiques agricoles GlobalGap, qui inclut une obligation de traçabilité et de prévention des situations à risque (contamination chimique, mais aussi physique ou bactériologique des produits), avec obligation de résultat : livrer un produit sain et être en capacité de rappeler des lots contaminés. La méthode recommandée consiste à identifier les risques à chaque étape du processus de production et à mettre en place des actions pour les prévenir (2).
Les schémas MPS-GAP, qui associent enregistrements, bonnes pratiques et traçabilité, ou MPS-Fruits et légumes, répondent à ces exigences.
Contrainte d'enregistrement
POUR DES DONNÉES FIABLES
Bien que la contrainte d'enregistrement puisse rebuter certaines entreprises, les bénéfices de disposer de données fiables sont multiples en interne (voir encadré), et en externe. Vis à vis du marché, cela permet d'améliorer la confiance, de fidéliser la clientèle par des partenariats, d'ouvrir de nouveaux marchés éco-responsables. Face aux pouvoirs publics, les professionnels sécurisent leurs pratiques (conformité réglementaire, gestion des risques de pollutions ou accidents...), accèdent à des marchés publics conditionnés à des bonnes pratiques et bénéficient d'une priorisation pour l'attribution de certaines aides publiques... Et du côté des partenaires et de la société civile, la confiance des partenaires institutionnels et financiers (banquiers, assureurs, actionnaires...) se trouve renforcée, l'image d'entreprise responsable est confortée...
Au niveau collectif, les analyses de groupe permettent de comparer les pratiques et les usages et de progresser ensemble. Elles fournissent des éléments sur le plan national pour faire connaître les progrès de la filière et documenter certains sujets relatifs aux intrants et pratiques (état des lieux, réduction des usages...). C'est en cela que les enregistrements et des données fiables contribuent à structurer et à rendre les filières plus durables.
Marie-Françoise Petitjean
(1) http://tinyurl.com/ycg4y7at (2) HACCP : système d'analyse des dangers - points critiques pour leur maîtrise.
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