PARCOURS « Analyste d'affaires, je libère les sélectionneurs de tâches inutiles »
Au sein de DNA Green Group, à De Lier, aux Pays-Bas, Lucie Cardon centralise ses analyses sur divers outils informatiques. Objectif : rendre les données des programmes de sélection facilement consultables par tous.
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Lucie Cardon prévient de suite : son parcours et son métier actuel sont atypiques. Ils démontrent qu'on peut évoluer avec de l'expérience, une remise en question personnelle, et une prise de risque. Depuis toujours, elle s'intéresse aux plantes et à la génétique, avec notamment un fort intérêt pour la biologie, les grands espaces, la nature et plus tard pour la découverte du rôle que la génétique joue dans la biodiversité. « J'ai passé un bac S au lycée Édouard-Herriot, à Lyon (69), puis un BTSA en technologies végétales, à Agritech (groupe ESA), à Angers (49). J'ai ensuite intégré un master en agriculture à l'ESA d'Angers puis un autre master, en génétique et sélection des plantes cette fois, à l'AgroParistech. »
Grâce à l'informatique
DES DONNÉES CENTRALISÉES
Lucie Cardon a travaillé comme sélectionneur durant six années, de 2008 à 2014, chez Syngenta, à De Lier, aux Pays-Bas, pour développer les variétés de poivrons. Elle a participé à la mise en place d'une stratégie intégrant les outils d'aide à la sélection (culture de tissus, contre-saison, informatique...) avant qu'un nouveau challenge se présente en sélection de fleurs. « En consultant un site spécialisé d'offres d'emploi, j'ai appris que DNA Green Group, également basé à De Lier, cherchait un "business analyst" en recherche et développement. J'ai postulé et intégré cette fonction en septembre 2014. » Depuis, elle analyse, dans le cadre de cette mission, le déroulement de certaines méthodes de travail dans une organisation, et vérifie si les activités s'effectuent dans des conditions optimales.
« Autrefois, en génétique végétale, beaucoup d'informations étaient consignées sur papier. Maintenant, les entreprises de sélection achètent généralement des logiciels et des programmes à des sociétés spécialisées en informatique et leur sous-traitent ensuite des heures externalisées de consulting assistance. Au sein de DNA Green Group (qui appartient à Dümmen Orange), les services informatique et information management accompagnent les personnels dans l'utilisation d'outils "maison". Les données sont de plus en plus appropriées, c'est-à-dire disponibles, centralisées et analysables. Le travail devient plus précis, plus rapide et donc plus pertinent. Quant à moi, je travaille avec toute l'équipe de recherche et développement, avec plus de vingt sélectionneurs (en chrysanthème et plus de trente autres espèces florales), les assistants, celles et ceux qui assurent les tests en laboratoire, les services de pathologie. Le challenge consiste à optimiser l'usage des informations générées dans le processus de la sélection. Il s'agit d'aider à enregistrer et tracer les croisements, et que chacun ait le même outil, utilisable sur tablette numérique par exemple. Que chacun puisse retrouver l'origine d'un lot, les caractéristiques génétiques, les éventuelles sensibilités à des maladies... Tout est mémorisé, standardisé, consultable facilement. »
L'analyste recherche le lien le plus approprié entre l'humain (les équipes), le travail (la sélection variétale), et les informations (les bases de données). Elle apporte son analyse et propose des solutions. « Je décharge les sélectionneurs d'un ensemble de tâches fastidieuses afin qu'ils puissent être le plus possible sur le terrain et auprès des plantes. En quelque sorte, je les aide à utiliser avec facilité les outils informatiques pour qu'ils soient centrés sur leur coeur de métier. »
Rôle de pivot central
FAIRE LE LIEN ENTRE LES MÉTIERS
Une grande partie du temps et du travail de Lucie Cardon, c'est de bien comprendre une situation, les améliorations possibles, les enjeux, les relations humaines face aux nouvelles technologies, les évolutions des métiers, des secteurs et des entreprises... « C'est un travail très discret, très "behind the screen", c'est-à-dire derrière l'écran », affirme la jeune femme. Lorsqu'elle a postulé, elle ne savait pas s'il existait des formations et des diplômes pour devenir analyste d'affaires. Elle n'a pas non plus suivi de cursus ni de spécialisation en informatique. « J'avais spontanément commencé à faire cette démarche de réflexion et de changement d'organisation au cours de mon précédent poste. L'association de mes expériences précédentes et compétences et mon esprit d'analyse m'ont permis d'exercer sans difficultés ce métier. »
Le parcours de Lucie Cardon démontre donc que même sans diplôme spécifique, mais avec une bonne connaissance d'un secteur, on peut devenir le pivot central d'une activité. Avec pour rôle de mettre en lien des métiers très différents qui doivent travailler ensemble pour améliorer l'efficacité d'un domaine, ici l'approche rigoureuse et scientifique de la sélection variétale en s'appuyant sur les outils informatiques et les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Un métier applicable à de nombreuses autres spécialités
Odile Maillard
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