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Travailler plus longtemps, en forme et motivé

Dans les métiers horticoles, prévenir la pénibilité de nombreuses tâches pourrait aider à prolonger la carrière professionnelle dans de meilleures conditions de santé pour les salariés. Et jouer sur leur motivation.

Ce défi implique de mener très tôt une gestion des parcours professionnels. Le principe du tutorat est mis en avant pour valoriser les expériences des plus anciens et intégrer les débutants.

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La réforme de l'âge légal de la retraite et le passage progressif à 62 ans relancent les problématiques sur « les conditions de travail et la qualité des parcours professionnels tout au long de la vie ». Ce thème avait été choisi début juin pour la huitième « semaine de la qualité de vie au travail », semaine nationale avec de nombreux colloques à Paris et dans vingt-six régions. L'enjeu : s'inscrire dans une prévention durable. Le principe : accompagner les entreprises dans des démarches concrètes, sachant que leur environnement ne cesse d'évoluer. L'Anact (*), pilote de cette campagne, part de deux postulats. L'amélioration des conditions de travail est un levier de performance. Et contrairement aux avis répandus, l'allongement des carrières dépasse la seule question de l'embauche et du maintien dans l'emploi des « seniors ». Les solutions relèvent d'un défi plus global d'anticipation pour les entreprises comme pour les salariés : tout doit être mis en oeuvre pour favoriser la préservation et le développement des capacités de travail pour toutes les tranches d'âges, dès le début de la vie active...

Formation et reconnaissance

Parmi les salariés interrogés (voir l'encadré ci-dessous), 45 % d'entre eux commencent à envisager différemment leur carrière professionnelle, avec reconversion(s) en perspective, surtout s'ils doivent protéger leur santé. Traduction en besoins concrets : bilans de compétences, accepter et anticiper l'adaptation des parcours sur une vie (évolutions en interne et/ou hors entreprise, ou même hors secteur...), accompagnement dans les phases de changement...

Parmi les mesures attendues par les salariés pour accompagner positivement l'allongement de leur vie professionnelle, figurent en premier lieu la formation, durant toute la carrière, mais aussi « une meilleure gestion des générations », et une prévention des risques de pénibilité et d'usure. Les secteurs horticoles et du paysage sont particulièrement concernés.

Côté salarié, la VAE (valorisation des acquis de l'expérience) est encore insuffisamment connue et utilisée, mais pertinente pour favoriser leur remotivation et la reconnaissance de leur valeur professionnelle.

Côté entreprise, pour encourager la mise à jour régulière des connaissances dans l'emploi des personnels, le développement de la GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) permet d'envisager les besoins de formation à moyen terme, en parallèle avec les évolutions techniques permanentes des métiers. Mais il faut aller plus loin.

Lors du colloque régional en Languedoc-Roussillon, Djamal Teskouk, président du récent Fonds paritaire pour la sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), reconnaissait que son organisme, piloté par l'État, dédie actuellement l'essentiel de ses fonds mutualisés à la formation des demandeurs d'emploi et des employés peu qualifiés. L'amélioration des conditions de travail n'a pas encore été étudiée, mais il note que des actions sont envisageables avec l'Anact pour financer des formations sur la reconversion professionnelle et pour favoriser la mobilité professionnelle.

Sans attendre des mesures nationales, dans les filières à savoir-faire technique et manuel portés essentiellement par les salariés, on reconsidère la transmission de l'expérience professionnelle des plus anciens en faveur de la formation et de l'intégration des jeunes et des débutants. Le tutorat reprend de la valeur : il est envisagé comme facteur d'implication des « seniors ». Une formation des tuteurs est envisageable sur le modèle du parrainage/ marrainage. Il peut s'organiser en interne entre salariés et peut se dérouler sur une courte durée. Il valorise les personnes les plus expérimentées, (re)motive les futurs tuteurs, encourage les nouveaux arrivés...

Autre piste pour avancer concrètement dans une démarche globale et qui privilégie la concertation entreprise/ employés : l'Aract des Pays de la Loire, à Beaucouzé, a préparé une formation-action sur le thème « Conduire un projet d'amélioration des conditions de travail dans l'entreprise » qui prendra en compte l'allongement des carrières. Elle impliquera des salariés volontaires pour travailler sur la prévention et avec des applications immédiates sur le terrain.

Odile Maillard

(*) Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail, et ses antennes régionales Aract.

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