Pousser plus loin l'apprentissage...
Cindy Lesage est élève en seconde année de bac professionnel « productions horticoles ». Elle a effectué un stage de trois semaines à Isselburg-Anholt, en Allemagne, dans le cadre de son apprentissage aux Ets Tourly, à Bourges. Témoignage...
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« Au sein de ma classe, au Centre de formation d'apprentis du Loiret, à Bellegarde (45), nous avons été informés, en décembre 2010, de la possibilité d'effectuer un stage en Europe au sein d'une entreprise horticole », explique la jeune Cindy Lesage. Ce stage, encadré par la convention Leonardo (voir l'encadré ci-contre) était proposé pour une durée de deux à trois semaines. « Le 21 décembre 2010, Isabelle Tabillon, ma formatrice référente, est venue me voir chez mon maître d'apprentissage et nous avons évoqué ce projet. » Jean-Pierre Tourly, obtenteur et producteur de chrysanthèmes, en particulier en « cascade », de fuchsias de collection, de plantes à massif et de Pelargonium, installé à Bourges, a tout de suite compris le bénéfice d'une telle expérience pour son apprentie, tant sur le plan professionnel que personnel. Cindy est en effet plutôt introvertie : « Toute idée de changement me rend nerveuse », souligne-t-elle.
Dépasser ses craintes, surmonter son stress
Jean-Pierre Tourly a aussitôt contacté un de ses collègues allemands (Hubert Brandkamp, de la société Brandkamp) et, en moins d'une heure, il a concrétisé le projet qui allait embarquer Cindy Lesage pour un stage d'une durée de trois semaines en Rhénanie du Nord-Wesphalie. « Mon entreprise d'apprentissage ne pouvant me libérer que du 7 au 27 février 2011, les délais ont été très courts. Or, le montage d'un dossier implique la Région – qui s'est également occupée des traductions –, et nécessite une convention de stage dans la langue du pays d'accueil et de nombreux papiers administratifs », raconte Cindy. Du côté du CFA, Didier Polanowski, le directeur, ainsi que France Thomas et ses collègues de l'équipe pédagogique ont fait le maximum pour rassembler les documents nécessaires et valider ce départ. Ces démarches étaient indispensables pour pouvoir être éligible à la bourse de 175 euros par semaine allouée par la Région Centre pour aider des jeunes à partir en Europe. « Malgré mes inquiétudes et le stress de l'organisation pour un départ si proche, je me suis rassurée car je devais partir avec un élève de ma promotion et bénéficier sur place d'un hébergement chez Hubert Brandkamp, son épouse Silvia, et leur famille. Je me suis rendue compte de l'opportunité qui m'était offerte. J'ai eu envie de découvrir un autre pays, une autre culture, d'autres façons de voir mon métier... » Le 6 février, l'équipe du CFA dépose Cindy à la gare du Nord, à Paris, direction Köln (Cologne). « Cette journée m'a toutefois paru interminable : il m'a fallu surmonter le stress de l'inconnu, composer avec des changements de gares et des temps de correspondance relativement courts, franchir la barrière de la langue... », avoue Cindy, qui arrive toutefois sans encombre le soir même à Isselburg-Anholt, en Rhénanie du Nord-Westphalie.
La société Brandkamp est obtentrice en chrysanthèmes pour pot et à usage de fleurs coupées, et en fuchsias, dont les 'Jollis'. Elle produit des jeunes plants d'Impatiens de Nouvelle-Guinée, chrysanthèmes, Pelargonium, fuchsias et autres plantes à massif. Elle travaille également en Afrique, où elle dispose d'un site au Kenya dédié à la multiplication. Elle emploie environ soixante-dix salariés permanents et jusqu'à cent vingt en pleine saison.
Du repiquage classique à l'acclimatation in vitro
« Au début, j'ai essentiellement fait du repiquage et placé en serre des jeunes annuelles. Puis j'ai participé à la sélection des fuchsias. Ce stage a été l'occasion de découvrir de nouvelles techniques horticoles, notamment la sélection et le procédé in vitro. L'entreprise Brandkamp travaille sur l'obtention de chrysanthèmes et la multiplication in vitro leur garantit un matériel sain et un plus gros volume de production. J'ai suivi l'acclimatation des plants issus de culture in vitro, rapporte Cindy. Sur les trois semaines passées au coeur de cette entreprise allemande, j'ai rencontré peu de soucis concernant les gestes techniques et le rendement attendu. Par contre, la barrière de la langue m'a tout de même empêchée de me sentir vraiment à l'aise, malgré mes quatre années d'allemand première langue suivies au collège et au lycée... Une seule personne, Swenja, au service administratif, parlait un peu le français ! Au fil des jours, j'ai cependant réussi à mieux communiquer. On se comprenait parfois avec de simples gestes ! J'ai appris quelques mots techniques. Et malgré cette barrière, l'ambiance de travail était très agréable. »
La famille Brandkamp a su intégrer Cindy, la mettre en confiance et aiguiser sa curiosité. Cette dernière a été conviée à l'inauguration d'une nouvelle serre de l'entreprise. Elle a eu l'occasion de visiter une société productrice de Kalanchoe à la frontière hollandaise, ainsi qu'un centre de commercialisation doté d'un système de type « veiling » (criée)... très impressionnant par le volume des ventes et la rapidité des échanges. Découverte de la région, visites culturelles et gastronomiques étaient également au programme de ces trois semaines en Rhénanie du Nord-Westphalie.
« Ce séjour s'est finalement déroulé très rapidement. Le travail horticole dans cette entreprise allemande n'était pas radicalement différent de celui que je pratique en France. Par contre, les moyens mis en oeuvre, comme les équipements de production, de commercialisation, le travail in vitro..., m'ont beaucoup impressionnée. Une entreprise de 3 hectares, c'est vraiment très grand. C'est presque une industrie ! L'envie de repartir à l'étranger est bien réelle, mais je débute ma troisième année de bac pro et je dois me consacrer à la préparation des examens », conclut Cindy.
Odile Maillard
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