SANTÉ Alcool : s'attaquer au problème avec l'appui de son entreprise
Une action concrète menée au sein d'une petite société de paysage montre qu'il est possible de lutter contre les risques psychosociaux (RPS), notamment contre l'addiction à l'alcool.
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L'entreprise de paysage concernée est une structure de moins de dix salariés spécialisée dans la création et l'entretien de jardins, principalement pour les particuliers. Lorsque le nouveau chef d'entreprise reprend les rênes de celle-ci il y a peu, il se trouve confronté au fait que l'un de ses employés présente une forte addiction à l'alcool. C'est un problème non seulement pour la personne qui est en souffrance, mais également pour le dirigeant, responsable de la sécurité de ses employés et des accidents susceptibles de survenir. Mais c'est aussi important pour l'image de l'entreprise vis-à-vis de la clientèle habituelle qui a développé une relation de confiance.
La première solution, la plus « rapide » aurait été de se séparer de cette personne. Mais le gérant pressent que cet employé a du potentiel et qu'il serait dommage de ne pas chercher à le valoriser. En outre, il considère que tout le monde peut se retrouver confronté à un contexte défavorable pouvant avoir une influence négative sur le plan psychologique avec, pour conséquences, un comportement inadapté au travail.
Une adhésion de l'équipe indispensable
Pour ce chef d'entreprise, même si la cause des soucis du salarié n'est sans doute pas liée à son travail, son environnement professionnel ne doit pas être un facteur aggravant. Il lui propose donc de saisir l'opportunité de s'en sortir et réfléchit à une stratégie pour l'aider à surmonter cette difficulté. Un pari gagné pour la personne mais aussi pour l'ensemble de l'équipe, car cette démarche a contribué à renforcer le bien-être et l'épanouissement au travail de tous.
La consommation d'alcool pour marquer la fin d'un chantier, fêter une bonne nouvelle ou faire une pause déjeuner est une pratique courante dans le secteur du paysage comme au sein des travaux publics ou dans le secteur agricole, des milieux où les ouvriers font face à des conditions de travail rudes. Cette entreprise n'échappait pas à la règle et, dans ces circonstances, la tentation était grande pour une personne en situation d'addiction.
Pour le responsable de la société, la réussite de son projet ne pouvait donc s'imaginer qu'avec l'adhésion de tous les personnels. Un engagement qui s'est fait naturellement pour ces salariés qui travaillent ensemble depuis plusieurs années. Durant une année, des règles de plus en plus restrictives vis-à-vis de la consommation d'alcool ont été fixées au salarié en difficulté par le chef d'entreprise, et ses collègues se sont engagés à demeurer vigilants et à respecter, de leur côté, la suppression de toutes boissons alcoolisées sur les chantiers.
Une responsabilisation progressive
Pour qu'il trouve une motivation supplémentaire, le salarié s'est vu confier des travaux de plus en plus complexes à réaliser. L'entreprise a fait ainsi le pari que la valorisation personnelle de cette personne, à travers les missions qui lui étaient attribuées, devait être bénéfique, ce qui s'est avéré concluant. En parallèle de la création d'un environnement de travail plus favorable, cet employé en souffrance a été accompagné par un nouveau médecin généraliste, afin de se trouver dans un contexte différent, mais également par une psychologue. Les frais médicaux non remboursés ont été pris en charge par le dirigeant qui souhaitait que le facteur financier ne soit pas un frein à la réussite du projet.
Près de deux années de suivi et de soutien ont été nécessaires pour aboutir à une abstinence complète qui perdure depuis près de dix-huit mois. « Aujourd'hui, l'employé est un élément pilier de l'établissement. Il a pu suivre de nouvelles formations, en arrosage et en éclairage notamment, pour élargir ses champs de compétences. C'est une victoire pour lui mais également pour le groupe car nous nous disons tous, y compris moi, qu'en cas de difficulté passagère, nous serons soutenus. C'est un état d'esprit qui contribue de façon importante au bien-être dans le travail », conclut le chef d'entreprise.
Yaël Haddad
Pour en savoir plus : - Alcooliques anonymes sur www.aafrance.fr/et un numéro Cristal 09 69 39 40 20 ; - « Les risques psychosociaux et le document unique : bien-être au travail », brochure éditée par la MSA Île-de-France en 2011, téléchargeable sur http://tinyurl.com/qgqkmzp ; - site internet : www.travailler-mieux.gouv.fr/Agir-en-prevention-du-stress-et.html
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