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Labellisation : un appui pour les pratiques pédagogiques

La démarche EcoJardin a été un atout et un support essentiels pour impliquer les élèves et pour faire évoluer les formations en paysage au CPSA de Combourg (35).

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Le CPSA (centre de promotion sociale agricole) de Combourg, antenne de formation continue de l'établissement public agricole Théodore-Monod à Rennes-Le Rheu (35), compte, depuis fin 2012, parmi les premiers sites labellisés Eco-Jardin. Il s'est engagé dans cette voie avec une optique originale : celle d'en faire un axe de travail pour les stagiaires de tous les niveaux. Depuis de nombreuses années, le CPSA mène une réflexion sur le développement durable et la gestion écologique avec, par exemple, un passage en « zéro phyto » pour l'entretien de son site depuis 2006, ou la mise en place d'une plate-forme de compostage des déchets verts. Les élèves sont sensibilisés au quotidien dans ces domaines, car ce sont eux qui gèrent et entretiennent les espaces verts sur une surface de 1 ha. En 2009, l'établissement a répondu à un appel d'offres de la région Bretagne pour créer une formation de chef d'équipe en écojardinage. Les enseignants ont proposé de travailler sur le référentiel du brevet professionnel (BP) « Aménagements paysagers (AP) » en y introduisant cette notion dans tous les modules : plantation et taille, machinisme, maçonnerie, arrosage... Afin de mieux formaliser les actions menées sur le centre et de préparer un plan de gestion différenciée, les stagiaires de BP ont réalisé un premier état des lieux en 2010. L'année suivante, Patricia Le Bon, enseignante en biologie, écologie et biodiversité, a obtenu un temps de service (1/5 de temps, soit une journée par semaine) afin de mettre en oeuvre une démarche de labellisation. « Avec les autres enseignants, nous avons souhaité que ce projet soit l'occasion d'impliquer les jeunes de tous les niveaux et qu'il nous permette d'établir davantage d'échanges et de partage entre eux », précise-t-elle. Les élèves ont poursuivi leur engagement par l'inventaire des déchets et le plan d'élimination des éléments dangereux ou indésirables, comme les anciennes traverses de chemin de fer traitées à la créosote, les bâches plastique...

Des travaux sur la gestion des arbres

D'autres classes du CPSA ont également participé. Ainsi, c'est à partir de l'état des lieux (élaboré par les BP) que les BTS « Aménagements paysagers » ont réfléchi à l'élaboration du plan de gestion pour le dossier de candidature au label. Encadrés par les formateurs, ils ont conçu la plupart des documents demandés dans cette démarche. Les élèves inscrits en certificat de spécialisation (CS) « Gestion des arbres d'ornement » ont travaillé, quant à eux, sur l'entretien et le suivi des arbres et des arbustes.

« L'engagement dans le processus de labellisation EcoJardin nous a permis de formaliser par écrit des pratiques existantes, mais aussi d'aller plus loin », précise Jean-Marc Roussel, responsable du BTS et du CS. « Profitant du réaménagement du site pour permettre l'accès aux personnes à mobilité réduite, nous avons, par exemple, imposé qu'un tiers des végétaux soient d'origine locale. Nous avons également repensé l'organisation et la densité de plantation des platesbandes d'arbustes dans le but d'améliorer leur gestion et de réduire la production des déchets. Ce travail a été mené grâce à notre appartenance au réseau des Arbusticulteurs. Enfin, nous avons créé un module d'initiative locale (MIL) « Gestion d'un écolabel » pour les BTS. »

L'auditeur venu en octobre 2012 (pour la candidature au label EcoJardin) a été très encourageant. « Le CPSA a réussi un projet global technique, éducatif et managérial en prenant comme guide les préconisations de gestion du label pour avancer sur l'évolution de ses formations. La démarche a, notamment, permis d'introduire de nouvelles thématiques dans les enseignements et la création de groupes de travail. Les élèves ont été impliqués dans le détail du processus de certification. Ils ont appliqué les principes de gestion dans leurs actions de jardinage et d'entretien », poursuit Jean-Marc Roussel. Parmi les pistes d'amélioration envisagées pour les années à venir, ont été retenus la mise en place d'un protocole de suivi de la biodiversité, ainsi que le développement d'une réflexion plus approfondie sur l'articulation entre la conception et la gestion des aménagements avec l'amélioration de la biodiversité.

Un plus pour les embauches en collectivités

Depuis la rentrée de septembre 2012, des ateliers ont été programmés tout au long de l'année un vendredi sur deux. Ils concernent les stagiaires de tous les niveaux, soit une quarantaine de personnes. Chaque demi-journée, une moitié du groupe travaille sur le terrain, par équipe de cinq, pour effectuer des relevés et des travaux d'entretien. Les actions sont consignées sur une fiche de chantier, ainsi que les préconisations pour la prochaine séance. Dans le même temps, l'autre moitié suit des cours en salle sur un thème en rapport avec le label et son niveau de formation. L'après-midi, les groupes sont inversés.

« Durant leur stage, les étudiants sont amenés à analyser les pratiques du monde professionnel. La plupart des collectivités territoriales de la région sont engagées dans une approche de gestion écologique et notre démarche a constitué un plus pour l'embauche de plusieurs stagiaires. Ainsi, les communes de Bain-de-Bretagne, Pleurtuit et Dol-de-Bretagne ont recruté un jeune issu de nos formations ces dernières années. La situation est plus variable avec les entreprises du paysage. Il faut développer des arguments pour faire valoir les atouts de cette approche. Si beaucoup sont sensibilisées, seules un petit nombre d'entre elles ont franchi le pas de la mise en application », conclut Patricia Le Bon.

Yaël Haddad

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