L'expérience de la pluridisciplinarité
« Jardins d'avenir ou l'art de la biodiversité heureuse » : le thème du Festival 2011 de Chaumont-sur-Loire était porteur pour les deux écoles de paysage et de design. Enseignant à l'école Du Breuil, à Paris, Emmanuel Santamaria Barona nous livre son analyse...
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« Dans l'ouvrage Nos Savoirs sur nos savoirs (*), la pluridisciplinarité est définie comme “une construction de représentations du monde, structurées et organisées en fonction d'un projet humain où d'un problème à résoudre, dans un contexte spécifique et pour des destinataires spécifiques en vue d'aboutir à un résultat original ne dépendant plus des disciplines d'origine mais du projet que l'on a”. On sait qu'une attention particulière est portée depuis quelques années à la biodiversité. À travers elle et de manière intrinsèque, nous sommes amenés, non seulement dans l'enseignement, mais aussi dans notre façon de vivre, à décloisonner nos savoirs, habitudes et investigations cognitives.
Retisser des liens avec le naturel
En bref, il est évident qu'aujourd'hui nous devons accepter le fait que l'équilibre entre la nature et nous est polymorphe et polysémique et beaucoup plus vulnérable que ce que l'on prônait du haut de notre anthropocentrisme aveugle (...) Notre approche avec la nature n'impose plus systématiquement nos savoirs – et nos jardins en sont de plus en plus les premiers terrains d'expérimentation et de démonstration – mais nous voulons montrer que nous lui laissons la parole : par exemple, une friche redevient le personnage principal sur une scène de jardin.... Si le projet humain ou le problème à résoudre dont parlent les auteurs de Nos Savoirs sur nos savoirs consiste aussi à retisser des liens avec le naturel, c'est bien par une lecture pluridisciplinaire d'un paysage ou par la mise en pratique de compétences plurielles et partagées sur un aménagement paysager que nous y parviendrons. Et à propos de diversité, qu'elle soit bio ou d'approches sensibles du jardin, il n'y a qu'à flâner, au pied du château, entre les parcelles du Festival de Chaumont pour se laisser séduire par ses multiples transpositions où le construit, le végétal et le minéral s'harmonisent dans des espaces de terre, d'air ou d'eau, changeants selon l'angle d'approche que l'on adopte.
“J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or”... C'est un vers de Charles Baudelaire que les élèves ont choisi de mettre en exergue pour présenter la parcelle “Graines d'espoir”. Alors, au-delà des jeux de transpositions entre les matières et les éléments, n'est-il pas question aussi de transfiguration des jardins à venir ? », observe Emmanuel Santamaria Barona, enseignant en français et communication à l'école du Breuil (Paris 12e).
(*) G. Fourez, V. Englebert-Lecomte et P. Mathy, publié aux éditions De Boeck, 1997.
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