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Le stage de parrainage facilite l'installation

« Il y a très peu d'installations en horticulture et on risque vite l'isolement. Pouvoir discuter avec d'autres porteurs de projets est un véritable atout. Ces échanges ont été très stimulants », affirme Audrey Guillopé, productrice à Villebernier, dans le Maine-et-Loi.

Productrice de fleurs coupées à Villebernier, près de Saumur, dans le Maine-et-Loire, Audrey Guillopé s'est installée hors cadre familial. Pour reprendre Le Clos des Roses, elle a bénéficié d'une formation de douze mois, financée par la région.

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En 2011, à 30 ans, Audrey Guillopé a repris une entreprise, Le Clos des Roses, située à Villebernier (49), spécialisée dans la fleur coupée. Une trentaine de productions, des roses et autres plantes saisonnières comme les gerbéras, les germinis, les lys, les alstroemères, les bulbeuses... (liste disponible sur le site www.leclosdesroses.net), y sont cultivées.

Originaire des Côtes-d'Armor, la jeune femme n'a pas de lien de parenté avec le cédant. Son installation est considérée « hors cadre familial ». Audrey Guillopé a donc pu bénéficier du dispositif de soutien régional à la reprise d'entreprises agricoles viables articulé autour d'un stage dit contrat de pré-installation ou stage de parrainage. « J'avais le choix entre cette solution ou rester dans le giron de Pôle Emploi. Mais le stage de parrainage me permettait de monter mon dossier d'installation en étant très bien encadrée et en ayant, parallèlement, le temps de me familiariser avec deux activités phares de l'entreprise que je ne connaissais pas : la production de roses et la bouquetterie », explique-t-elle. En signant une convention de stage avec la région Pays de la Loire, la jeune femme est devenue stagiaire de la formation professionnelle continue. À ce titre, elle a perçu une indemnité d'environ 600 euros versés chaque mois. « Le cédant pouvait compléter cette indemnité. Dans mon cas, il l'a fait à hauteur de 400 euros mensuels. »

La création florale essentielle à l'équilibre de l'entreprise

Autre atout : Audrey Guillopé a conservé ses droits Assedic pendant les dix-huit premiers mois de son installation, ce qui lui a permis d'alléger les charges de l'entreprise. Enfin, elle s'est vu attribuer un tuteur. Chargé de coordonner le planning des formations avec les disponibilités de la jeune femme, « c'est également vers lui que je me suis tournée à chaque fois que j'ai eu une question sur les aspects réglementaires de l'installation », préciset-elle. Le dispositif régional fixe à six mois minimum et à douze mois maximum la durée du stage. Mais Audrey Guillopé et Francis Champion, le cédant, ont choisi l'option d'une année, du 1er janvier au 31 décembre 2010.

Dans le cadre de son cursus initial, Audrey Guillopé a obtenu un bac pro, à Saintes (17), au lycée horticole du Petit Chadignac, suivi d'un BTS « productions florales », en apprentissage à l'ESA d'Angers (49). « Avant mon installation, j'avais travaillé chez un grossiste, en jardinerie, chez des producteurs de plantes en pot, de fleurs coupées... J'avais également enseigné mais je bénéficiais de très peu d'expérience dans le domaine de la création florale et des compositions personnalisées. » Cette activité, relative aux deuils, aux mariages, aux communions, aux périodes de fêtes..., était toutefois essentielle dans l'équilibre de la structure reprise par Audrey. Son prédécesseur avait en effet fortement développé la vente directe. À son arrivée, ce créneau assurait 80 % du chiffre d'affaires. Le solde étant réalisé à 12 % auprès des grossistes et à 8 % auprès des GMS (grandes et moyennes surfaces).

Pendant son stage, Audrey Guillopé a travaillé chaque jour au Clos des Roses. En parallèle, elle a monté son dossier d'installation, finalisé et accepté dès août 2010. Elle a également complété sa formation. Dans le cadre des douze mois, six journées obligatoires ont porté sur la lecture du bilan et du compte de résultat, l'élaboration chiffrée du prévisionnel et, dans la perspective des rendez-vous bancaires, la présentation orale. « J'ai par ailleurs découvert des thématiques sur le management des salariés, la mise en valeur d'un point de vente et la création d'une identité visuelle de l'entreprise. » Obligatoires ou optionnelles, les formations permettent aux stagiaires de communiquer. « Pour moi, ces échanges ont été très stimulants car il y a peu d'installations en horticulture et on risque vite l'isolement. Pouvoir discuter avec d'autres porteurs de projet est un atout vraiment important. »

Pour Audrey, les deux premières années ont été difficiles en raison d'aléas climatiques en 2011 et de la crise économique en 2012. « L'an dernier, Le Clos des Roses a frôlé la liquidation judiciaire. » Pour ramener sa société dans une zone d'équilibre, elle a réduit la surface de production sous serre à 3 700 m², contre 6 000 m² précédemment, et supprimé la vente aux grossistes et GMS. Corollaire de ces décisions, aujourd'hui elle travaille seule, alors que l'an dernier, elle employait un salarié à temps plein et une saisonnière. Toute la production est désormais vendue en direct. Cette remise à plat a porté ses fruits. « En 2013, j'ai pu rembourser sans difficultés mes annuités d'emprunts », précise-t-elle. Pour la première fois depuis son installation, Audrey Guillopé a également pu prélever une rémunération et va pouvoir investir. D'ici à la fin de l'année, les serres devraient être équipées d'un système d'irrigation en goutte-à-goutte. « Ce qui va me permettre de réduire la consommation d'eau et de passer ensuite à la lutte intégrée. » Dans un troisième temps, Audrey Guillopé a prévu de développer des techniques alternatives à l'utilisation des pesticides. Elle devrait également profiter des mois de janvier et février 2014, pendant lesquels Le Clos des Roses est fermé, pour réfléchir à de nouveaux modes de commercialisation et « orienter un peu plus encore l'entreprise vers mes objectifs ».

Anne Mabire

Pour en savoir plus : contactez l'Adasea pour les départements 44, 49, 53, 72 et 85 sur le site www.paysdelaloire.fr/services-en-ligne/publications/actu-detaillee/n/stage-de-parrainage/

Les roses constituent la production phare de l'entreprise d'Audrey Guillopé, située près de Saumur sur les bords de la Loire. L'établissement cultive par ailleurs une trentaine de fleurs coupées.

Initiée par l'ancien propriétaire du Clos des Roses, Francis Champion, la création florale et la vente directe restent essentielles à l'équilibre de la société reprise par la jeune productrice.

Gerbéras, germinis, lys, alstroemères, bulbeuses... sont utilisés pour réaliser des compositions florales destinées aux fêtes, aux mariages, aux communions, aux deuils... Une activité qui a permis à la jeune femme d'ajouter une corde à son arc.

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