Les Serres de Saint-Martin-des-Bois reprises par un salarié
À Saint-Martin-des-Bois, dans le Loir-et-Cher (41), Pascal Sachet a choisi de s'associer avec Franck Nivault, l'un de ses salariés, en vue de lui transmettre son entreprise. Un passage de relais progressif...
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« Pas question de travailler jusqu'à 65 ans dans l'horticulture ! » À 48 ans, Pascal Sachet, fondateur des Serres de Saint-Martin, a anticipé son départ et sait que son entreprise de plantes à massif perdurera après sa cession. C'est Franck Nivault, un salarié devenu son associé, qui la dirigera. « J'ai eu tellement de mal à la créer que je ne me voyais pas perdre ce capital. Je ne voulais pas non plus l'imposer à mes enfants. Malheureusement, une entreprise horticole est très difficile à vendre », souligne Pascal Sachet. Pour toutes ces raisons, il a choisi une transmission en douceur, en s'associant avec Franck Nivault qu'il avait formé. De son côté, le salarié n'a pas hésité à « changer de casquette ». Il faut dire qu'il connaissait bien l'entreprise : après y avoir effectué son apprentissage pendant quatre ans, il en est devenu le responsable des ventes. À 25 ans, il a amorcé un parcours initiatique en vue de son installation.
Une coach pour accompagner le changement
Dans le même temps, l'organisation des Serres de Saint-Martin a changé. Pascal Sachet s'est attaché à la production, Franck Nivault à la vente. La comptabilité est partagée et les décisions prises en commun. « Pendant une année, nous avons testé ce partage des tâches, comme si nous étions associés. En cas de clash, on aurait pu tout arrêter », précise Franck Nivault. Rassurées par l'expérience de Pascal Sachet, les banques ont suivi Franck Nivault, devenu officiellement codirigeant. L'entreprise individuelle s'est transformée en deux sociétés : une EARL pour la production et une SARL pour les achats-reventes. Si le changement s'est opéré rapidement sur le papier, il aura fallu presque deux ans à Franck Nivault pour trouver ses repères : « Je ne réalisais pas que c'était mon entreprise. Je ne voulais surtout pas casser quelque chose et souhaitais poursuivre le travail de Pascal. La deuxième année en tant qu'associé, j'étais exténué. Physiquement, car je suis passé de 35 à 70 heures par semaine ! Mais aussi moralement, car je voulais absolument bien faire. Il m'a fallu du temps pour me gérer seul. »
Au bout de deux ans, Franck Nivault et Pascal Sachet ont fait appel à Dominique Rayon, une formatrice en développement personnel. Au cours de trois journées de stage, la coach les a accompagnés dans ce changement. Elle a commencé par leur attitude face aux autres : elle a conseillé à Pascal, plutôt timide, de dialoguer davantage avec les salariés, et à Franck, d'asseoir son autorité. « J'ai dû me durcir. Aujourd'hui, je suis capable de donner un ordre. Mais je reste proche de mes anciens collègues », explique ce dernier. Les deux dirigeants ont ensuite appris à s'octroyer du temps libre et à déléguer. Ils ont mis en place un planning avec un jour de congé par semaine et deux week-ends par mois en basse saison. Une feuille de route a été établie pour les salariés.
Après quatre ans, ni Pascal Sachet ni Franck Nivault ne regrettent leur choix. Le jeune horticulteur, qui a toujours le souci de bien faire, commence à envisager le moment où il sera seul aux commandes : « Mon objectif est de faire perdurer l'entreprise et de garder tous les salariés. Mais tout seul, ce sera très lourd. Je chercherai peut-être un associé... »
Aude Richard
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