PARCOURS PROFESSIONNEL « Paysagiste indépendante, je fais évoluer des espaces de vie »
Sophie Barbaux passe sans frontières de la conception de jardins à l'initiation au jardinage, du conseil en botanique à l'écriture de livres. Guidée par la passion, elle prouve que les métiers de l'horticulture et du paysage restent attractifs et inventifs.
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Rien a priori ne prédestinait Sophie Barbaux au métier de paysagiste. De 1984 à 2005, elle voguait dans la communication, la création et la direction artistique pour l'art contemporain et les spectacles vivants. « Je connaissais seulement l'existence des architectes en bâtiment. Je n'avais jamais pensé à travailler avec des enfants, ni même à écrire des livres. Un premier coup de coeur a eu lieu dans le Désert de Retz, à Chambourcy, à l'ouest de Paris, un jardin remarquable anglochinois de la fin du XVIIe siècle. En 1990, j'y ai fêté les trois ans de mon agence de communication Temenos International. Puis j'ai rencontré l'architecte-paysagiste Michel Racine durant les Journées des plantes de Courson-Monteloup (91). J'ai découvert les jardins de Chaumont-sur-Loire... Et peu à peu, le jardinage a grignoté mon temps, mon balcon, mon esprit... », raconte cette passionnée.
En 2004, à 40 ans, elle décide de changer de voie : elle s'inscrit en formation continue, pour deux ans, à l'École nationale supérieure du paysage (ENSP) de Versailles (78) où elle obtient en 2006 son diplôme en conception de jardin dans le paysage. « La formation de Versailles, un peu intellectuelle, correspondait mieux à ma culture. Elle offre une belle boîte à outils et ouvre sur beaucoup de pistes. »
À ce jour et depuis 2006, Sophie Barbaux a créé son propre bureau d'études et de conseil. Elle a à son actif une implication dans une vingtaine de projets et réalisations publics et une trentaine de jardins privés. Elle intervient dans la conception paysagère, dans plusieurs régions, seule ou en partenariat avec des paysagistes DPLG, des mandataires, des maîtres d'oeuvre, des artistes... En 2013, elle a travaillé sur trois chantiers publics dans des sites de formation (à Paris et à Lognes – 77). Sans compter deux autres projets publics inscrits dans une démarche Haute qualité environnementale (HQE). Elle intervient en tant que conceptrice ou en apportant des conseils sur des aspects de botanique ou de paysage. Par exemple, en 2013, elle a travaillé à l'aménagement intérieur du restaurant parisien « Manger » et en extérieur pour l'atelier Master Class du pâtissier Christophe Michalack.
Les arts ne l'ont toutefois pas quittée. Depuis 2007, plus d'une quinzaine de projets auxquels elle a participé tournaient autour de résidences artistiques, jardins éphémères, concours, festivals, botanique et ateliers artistiques. L'assistance à la maîtrise d'ouvrage lui apporte des contacts avec des architectes d'intérieur, compositeurs, scénographes, concepteurs d'éclairages, photographes, plasticiens, dramaturges, mosaïstes, ainsi que des enfants. Elle a également contribué à la rédaction ou rédigé une dizaine de livres sur les objets urbains, les jardins écologiques, les jardins créatifs de Chaumontsur-Loire... Une édition sur les « jardins singuliers » est annoncée pour 2014, ainsi qu'Objets urbains II : habiter la ville autrement, à paraître aux Éditions ICI Interface.
« Jardins partagés » transgénérationnels
En 2013, Sophie Barbaux s'est par ailleurs investi dans l'encadrement d'équipes de jardiniers bénévoles et en réinsertion pour le jardin du moulin jaune du clown russe Slava Polunin, à Crécy-la-Chapelle (77). Les rencontres ont joué un rôle primordial dans sa carrière. Celle avec le directeur de deux foyers d'enfants, François Gomez, l'a amenée à travailler à Marseille. Depuis 2009, plusieurs jardins de ces établissements à caractère social deviennent prétexte à de multiples ateliers libres, à des jeux ou à des fêtes. Les enfants les plus « mordus » de jardinage ont l'occasion de participer à la création d'un nouvel espace (Happy Garden) avec des résidents de maisons de retraite voisines. Ce chantier en cours comprend un jardin verger potager de 700 m² ; un labyrinthe d'iris et un atelier landart devraient voir le jour... Les cours de récréation, jusqu'alors négligés, se transforment peu à peu en moments de vie, avec plantes et animaux : presque la campagne à la ville... L'aventure au long cours de ces « jardins partagés » transgénérationnels convient aux enfants en difficultés sociales et familiales, grâce au sens pédagogique de Sophie et de son complice le plasticien-sculpteur Colas Baillieul. La réhabilitation des lieux s'inscrit dans l'esprit de leur association commune, les Rudologistes Associés. Ce collectif se propose de donner un second souffle aux jardins et objets délaissés, dans l'espace public comme dans la sphère privée, grâce à un recyclage artistique, créatif et paysager à la fois. Dans le cadre du Happy Garden, une fête est prévue au deuxièment trimestre 2014. Elle sera ouverte aux habitants du quartier et permettra de récompenser tous les participants et donateurs. Un livre devrait voir le jour fin 2015 pour rendre compte de cette aventure humaine et jardinière, aux Éditions Kilowatt (Paris).
La conception de jardins mène Sophie Barbaux vers des actions sociales, humanistes comme vers des projets publics ou privés plus classiques. « Aujourd'hui, je fais évoluer des espaces de vie et j'ai autant besoin de créer des espaces verts que de pratiquer dans des jardins. » Son parcours prend surtout l'allure d'un semis de savoirs et savoir-faire auprès de jeunes pousses de jardiniers en herbe, qui deviendront peut-être à leur tour jardiniers, paysagistes ou horticulteurs.
Odile Maillard
Pour en savoir plus : www.sophie-barbaux.odexpo.com www.lienhorticole.fr Retrouvez, d'ici fin janvier, un diaporama sur les jardins transgénérationnels à Marseille, en rubrique Photos&Vidéos.
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