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Formateur en travaux paysagers : la transmission est une passion

« Mon expérience d'ancien chef d'entreprise me permet de parler d'égal à égal avec les maîtres de stage et employeurs du secteur », explique René Clerc, aujourd'hui formateur pour adultes.

Former des adultes aux métiers du paysage : c'est le « moteur » de René Clerc, ancien chef d'entreprise, qui exerce depuis plus de vingt ans au CFFPA de Charolles, en Saône-et-Loire.

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Formateur depuis 1991, alors qu'il venait de créer son entreprise de travaux paysagers et qu'il n'avait que 24 ans, René Clerc a toujours eu la passion de transmettre son amour du métier : « C'est tout un art de communiquer un savoir-faire sans passer par le savoir seul, mais davantage par l'exemple, ce que l'on appelle dans le jargon pédagogique des “savoir-faire consolidés par l'expérience”. » Placé en apprentissage dès l'âge de 14 ans par son père, « qui ne voyait pas l'intérêt de poursuivre des études », ce passionné n'a pas été découragé par les « 49 h de travail par semaine, sans être payé... J'ai poursuivi par deux années d'apprentissage en CAP “espaces verts” au CFA de Quétigny, près de Dijon (21). Puis j'ai travaillé en entreprise avant et après avoir rempli mes obligations militaires. Je trouvais toutefois que j'avais encore des lacunes. J'ai donc suivi un BP “jardins espaces verts”, également au CFA de Quétigny. J'ai ensuite intégré une société de paysage de Dijon, où la qualité des réalisations effectuées et les relations humaines étaient primordiales. »

Des adultes en reconversion professionnelle

Pour René Clerc, la création d'entreprise semblait incontournable : « J'avais encore trop de choses à prouver ! J'ai eu jusqu'à six salariés, réalisé un chiffre d'affaires annuel confortable, moitié en entretien, moitié en création de jardins. Mais un déménagement contraint et la perte d'un gros contrat d'entretien ont déstabilisé mon établissement, amenant à l'arrêt de l'activité fin 2005. Au cours de ces années, j'ai toujours souhaité me perfectionner. J'ai préparé un BTA par correspondance... que je n'ai pas eu, faute de m'être présenté à l'épreuve d'anglais ! Et depuis 1991, en tant que formateur, j'ai ressenti le besoin de poursuivre, auquel s'ajoutait la nécessité d'avoir un diplôme deux niveaux au-dessus de celui préparé par les stagiaires que j'encadre. J'ai donc opté pour un BTS, en passant par la VAE (validation des acquis de l'expérience), obtenu en 2011, après dix-huit mois de préparation, tout seul, et grâce aux recherches personnelles. »

René Clerc a été intervenant au CFPPA (Centre de formation professionnelle promotion agricole) de Quétigny (21) entre 1991 et 2004, pour encadrer les travaux pratiques puis mener des interventions. Puis il a commencé les formations au CFPPA de Charolles en 2005, et le 1er janvier 2006, il a intégré l'EPLEFPA de Fontaines (71), pour assurer à temps plein les formations longues en espaces verts destinées aux adultes. Il est ainsi coordonnateur – pour le site de Fontaines – du BPA de niveau V « travaux d'aménagements paysagers » et du BP de niveau IV « aménagements paysagers ». Il forme des adultes, plus ou moins jeunes, en reconversion professionnelle, qui apprennent un nouveau métier : celui d'ouvrier qualifié en travaux d'aménagements paysagers. Il dispense également des sessions courtes dans la même spécialité, répondant à des besoins précis, notamment pour le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale), pour des associations de réinsertion ou de jardiniers amateurs, et récemment pour les ESAT (Établissements et services d'aide par le travail pour les travailleurs handicapés) afin de former le personnel encadrant et les salariés. « Comme j'aime bien aller voir plus loin, j'ai participé, au niveau régional et national, à la mise en place du certificat d'applicateur de produits phytosanitaires, – le certificat individuel, ex-Certiphyto -, et je suis habilité pour la partie “méthodes alternatives” pour la Saône-et-Loire », ajoute René Clerc.

Entre les règles de l'art et la réalité du terrain

Les formations techniques ont connu une profonde rénovation il y a quatre ans dans l'objectif d'être plus proches de la réalité professionnelle. À commencer par le « plan d'évaluation » : à partir d'un contexte professionnel, les apprenants sont placés dans une situation concrète. Cette situation est alors décortiquée, pour en extraire tous les domaines d'acquisition nécessaires à sa compréhension complète. « On nous demande d'enseigner une matière dans un contexte. Par exemple, quand on évalue une personne pour une plantation, on teste en même temps ses connaissances sur la biologie de l'arbre, du sol et l'écosystème. On doit aussi transmettre les consignes de sécurité dans le travail, en amont de la préparation du chantier. Il a fallu revoir entièrement la façon de faire les cours et les méthodes pédagogiques », explique René Clerc. Des remises en cause qui ne lui déplaisent pas, mais demandent à un formateur d'être polyvalent et pluridisciplinaire, tel un chef d'entreprise. Son activité passée est donc un atout important aujourd'hui : « Très souvent, les sociétés que nous rencontrons pensent que les formateurs ne savent pas faire et ne peuvent pas apprendre aux jeunes. Or, mon expérience me permet de parler d'égal à égal avec les chefs d'entreprises. Je connais les sujets techniques ; tout cela enrichit mes supports pédagogiques. » Le formateur constate cependant qu'il existe un décalage entre la théorie idéale et la réalité économique. « En formation, nous sommes obligés de faire connaître les règles de l'art, la manière de procéder. Et le salarié doit adapter ce que nous lui apprenons à la réalité du terrain. » Par ailleurs, depuis la rénovation des diplômes, les entreprises de paysage, notamment les plus petites, trouvent que les apprentissages sont trop axés sur la sécurité, avec des critères parfois difficiles à mettre en oeuvre. « À partir du mois de septembre 2014, le CFPPA va proposer des formations ouvertes à distance (FOAD) en travaux paysagers pour éviter les déplacements et pallier l'étendue du territoire départemental. Mais il y a beaucoup d'échec avec ce type d'enseignement », explique René Clerc. Quand les personnes ne sont pas mises en situation d'apprentissage, avec la synergie créée par le groupe, il n'est pas facile de trouver la motivation nécessaire...

Cécile Claveirole

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