Login

L'agroécologie comme support pédagogique !

L'agroécologie est en expérimentation au LPA des Calanques à Marseille (13). Ci-contre, Régis Triollet (de la DGER) et Lamia Latiri-Otthoffer (du CEZ Rambouillet) intervenaient sur les évolutions pédagogiques appuyées sur une agroécologie en forte évolution. La conférence s'est tenue durant Salon du Végétal 2018.

Dans les centres de formation horticole, l'agroécologie s'enseigne désormais comme une pratique plutôt que comme une discipline. Très tôt, l'élève doit apprendre à évoluer et à raisonner. Retours d'expériences sur des pédagogies en transition.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

La transition agroécologique est en route. « Comment est-elle accompagnée dans les écoles et avec quels outils ? » : ce sujet a fait l'objet d'une conférence au sein du pôle Emploi-Formation durant le Salon du végétal 2018 à Nantes. Elle réunissait deux représentants de la DGER (direction générale de l'enseignement et de la recherche du Ministère de l'agriculture) : Lamia Latiri-Otthoffer, chargée de mission Agriculture durable - Paysage (département 3DFI /développement formation & innovation- CEZ Rambouillet(78)) et Régis Triollet*, animateur national du réseau thématique « Reso'them Hortipaysages » d'Educagri(www.adt.educagri.fr/reseaux).

Régis Triollet témoigne : « Dans nos structures d'exploitations pour l'enseignement agricole, les relations avec les professionnels sont très fortes ; les projets d'agroécologie y sont construits comme support à la pédagogie ».

Apprendre à évoluer

« Dans le passé, la construction classique des savoirs s'appuyait sur l'enseignant en posture de transmetteur », intervient Lamia Latiri-Otthoffer. « Face aux incertitudes du monde professionnel, elle a évolué vers l'accompagnement des apprenants. On construit le savoir sur-mesure car, désormais, le monde professionnel doit travailler sur des hypothèses, c'est-à-dire qu'on n'exécute plus sans se poser de multiples questions. » Traduction pédagogique : le support de l'enseignement, ce n'est plus seulement observer mais aussi chercher les alternatives possibles afin de permettre aux jeunes d'avancer dans leur raisonnement. Leur futur métier nécessitera plus de souplesse. Par exemple, les systèmes de production deviennent plus résilients, mieux adaptés aux enjeux comme le réchauffement climatique. Il faut se préparer à toujours évoluer.

Comment les centres de formation s'engagent-ils ? Comment sont réalisées les mises en oeuvre professionnelles dans les écoles ? L'innovation est une articulation idéale. Les élèves entrent dans la boucle de la transition écologique en travaillant à la fois avec les professionnels et avec l'expérimentation par le biais de financements CASDAR (compte d'affectation spécial au développement agricole et rural). Le support pédagogique « connaissance » est complété par le support « compréhension complexe ».

Transitions éducatives : à Evreux, Marseille, Valdoie...

De nombreux projets en horticulture d'ornement et paysage sur l'axe « Transition agroécologique des exploitations agricoles et ateliers technologiques de l'enseignement agricole » ont été lauréats des CASDAR TAE depuis 2014. L'un d'entre eux, l'EPL d'Évreux (27), teste l'écoconception paysagère en utilisant notamment des végétaux du label Végétal local. Précisément, le séminaire national annuel Hortipaysages de mai 2018 sur le thème des écoconceptions et re-conceptions paysagères s'est tenu au lycée Horti-Pôle Evreux (formations nature et aménagement paysager). Il a rassemblé 150 personnes dont un-tiers d'enseignants, un tiers d'élèves et un tiers de professionnels (cf. « Faire accepter un fleurissement plus écologique », dans le Lien horticole n° 1067 du 22 août 2018).

« L'agroécologie touche tous les secteurs, à commencer par l'aménagement paysager », estime la chargée de mission de la DGER, Lamia Latiri-Otthoffer : « Cela suppose une nouvelle approche pour créer des jardins résilients avec le moins d'intrants possible. »

Ainsi, de son côté, le lycée des Calanques à Marseille (13) expérimente la recomposition paysagère du territoire urbain du Parc national des Calanques. L'outil paysager devient force de propositions. Tout espace est potentiellement aménageable et, de plus, porteur de biodiversité. On remet en jeu les fondamentaux.

De son côté, l'école Lucien Quelet à Valdoie (90), applique le design agroécologique tout en s'inscrivant dans le cadre du label Éco-jardin. « La notion de design est nouvelle, pour réfléchir sur le processus de construction de la durabilité d'un paysage », commente Régis Triollet qui souligne combien les portes ouvertes des écoles sont l'occasion efficace de communiquer sur de nouvelles pratiques.

Ecosystème pédagogique national

L'enseignement lui-même peut ainsi s'avérer vraiment efficace en termes d'innovation. Évidemment, ceci nécessite un temps d'adaptation pour changer les pratiques pédagogiques. Au sein d'un dispositif national, cinq ENA (établissements nationaux d'appui) accompagnent les écoles engagées dans une double transition : agroécologique d'une part, pédagogique et éducative d'autre part. Des chargés de mission assistent les enseignants pour trouver collectivement des réponses adaptées.

À l'évidence, le slogan du ministère de l'Agriculture « enseigner à produire autrement » est respecté, en particulier via l'agroécologie, bien lancée dans les écoles agricoles.

Linda Kaluzny-Pinon

*Depuis sa base angevine (49), il anime 53 établissements publics EPLEPFA et 23 écoles privées, soit 950 correspondants sur le territoire.

L'agroécologie est en expérimentation au LPA des Calanques à Marseille (13). Ci-contre, Régis Triollet (de la DGER) et Lamia Latiri-Otthoffer (du CEZ Rambouillet) intervenaient sur les évolutions pédagogiques appuyées sur une agroécologie en forte évolution. La conférence s'est tenue durant Salon du Végétal 2018.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement