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Chef de culture, il se consacre aux jeunes plants

Fier de son métier, Guillaume Eyraud affirme : « J'ai choisi un domaine particulier, le jeune plant, qui exige, à mon avis, un niveau technique supérieur à ce qui est déjà nécessaire dans la production de potées. »

À 25 ans, Guillaume Eyraud a atteint son objectif. Il est l'un des trois chefs de culture de Eyraud Productions, dans la Loire, EARL spécialisée dans le Cyclamen et les plantes de printemps.

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« Depuis mes 13 ou 14 ans, je suis dans le bain de l'horticulture. J'aidais mes parents pendant les vacances scolaires dans le Gaec Eyraud Plants. J'y ai acquis de l'expérience, j'y ai trouvé ma motivation, et j'ai eu envie d'aller plus loin dans cette filière », explique Guillaume Eyraud. « J'ai choisi un domaine particulier, le jeune plant, qui vous prend à plein temps et exige, selon moi, un niveau technique supérieur à ce qui est déjà nécessaire dans la production de potées. »

Diplômes

DU BEP À LA LICENCE DE MANAGEMENT

En 2002, Guillaume a passé un BEP « productions horticoles » et en 2004 un bac pro « productions horticoles », chaque fois sur deux années, en formation initiale, au lycée horticole Montravel, à Montravel-Villars (42). Au cours de ces formations, il a suivi quatre fois quatre à cinq semaines de stage chez des horticulteurs, d'une part aux Ets Pierre-Dumortier à Anjou (38), puis chez Bruno Richard, à Montagne (33), chez qui il a travaillé sur Kalanchoe, Begonia elatior, Phalaenopsis..., mais aussi chez New Plants Motril, en Espagne (Ets Lannes & Fils - Andalousie), où il est resté un mois pour travailler sur de jeunes plants de Dipladenia. Poursuivant sa route, Guillaume Eyraud a passé, en 2006, un BTS « productions horticoles » en deux ans, en formation initiale au lycée horticole Le Bocage, à Chambéry (73). L'occasion de faire un stage de deux fois un mois aux Ets Cannebeth Mauguio (34), où il fallait à la fois préparer, mettre en oeuvre un chantier et gérer une équipe de trois personnes, par exemple pour une production de Gazania en pot à l'extérieur...

Puis il a passé, en 2008, une licence professionnelle « manager en entreprises d'horticulture et de paysage », en un an, au sein des établissements cohabilités Agrocampus Ouest (ex-INH Angers) et Legta Angers - Le Fresne (49). « Cette formation était intéressante car elle comprend beaucoup d'échanges en direct avec des intervenants et parfois en situation sur le terrain », se souvient Guillaume Eyraud.

Durant son dernier stage (deux fois quatre semaines) au cours de sa licence, le jeune chef de culture a travaillé aux Ets horticoles Jarry, à Bourneuf-en-Mauges (49). Il a eu à développer un projet d'amélioration de la productivité en serre. Il s'agissait, par exemple, de travailler sur le plaçage de godets, en proposant des améliorations ou de nouvelles techniques, ou encore d'optimiser des tâches telles que la préparation des suspensions avant expédition. Pour Guillaume Eyraud, « cette licence de management est un bon complément aux autres diplômes. Elle nous permet d'aborder des points très proches de la réalité d'une entreprise et nous prépare à nos futurs métiers à responsabilités ».

Aspects techniques

S'INFORMER EN PERMANENCE

Toutes ces étapes l'ont préparé peu à peu à prendre des responsabilités au sein de l'entreprise Eyraud. « Mon objectif a toujours été de devenir chef de culture. Il était important pour moi de savoir mener une plante de A à Z. Le meilleur apprentissage, c'est de travailler dans les jeunes plants à partir de semis. Il faut d'abord connaître par coeur chaque espèce en production. Avant de vendre, il faut être très technique dans chaque domaine. Et le jeune plant, en cyclamen, est la production horticole la plus technique, doublement exigeante, car c'est une culture délicate, sensible aux excès d'eau et aux maladies », souligne Guillaume Eyraud. Le chef de culture met la semence en condition, puis adapte ses interventions en fonction de son évolution. Pour le cyclamen, vingt et un jours en salle de germination sont nécessaires, avant une acclimatation à 20 °C avec peu de luminosité mais une forte hygrométrie. Il faut lutter contre la mouche des terreaux (sciarides), adapter une fertilisation légère en fonction de la consommation des éléments nutritifs minéraux, augmenter les dosages et les fréquences jusqu'à obtenir un jeune plant de qualité, au stade « 3 feuilles » au coeur de la plantule.

« Être chef de culture exige de savoir maîtriser sa plante dans différents contextes. Il faut sélectionner le terreau : cela veut dire être capable d'étudier les caractéristiques techniques des produits des divers fournisseurs du marché et faire des essais. C'est aussi bien choisir les espèces et les cultivars. Aspects incontournables : la fertilisation et la gestion/maîtrise du climat, notamment pour le contrôle de la température et de l'hygrométrie sous serre. Il faut sans cesse approfondir et remettre à jour ses connaissances. Il est intéressant d'échanger avec les producteurs, d'aller en visiter », poursuit le jeune homme. Le suivi et les avancées communiquées par la station d'expérimentation et de développement horticoles Ratho, à Brindas (69), avec des journées techniques à thème, les résultats d'essais ou d'expérimentations sont également des données importantes sur lesquelles s'appuie le chef de culture. Sans oublier le site Internet du réseau Astredhor ou le réseau québécois Agri-réseau pour des infos sur la stratégie phytosanitaire. Mais si être responsable de production consiste principalement à gérer des cultures, la fonction – d'encadrement –, implique aussi de s'occuper du personnel, de travailler à l'amélioration des conditions de travail, en adaptant les profils aux différents postes, en trouvant des solutions pratiques et simples, pour être efficace.

Organisation de l'EARL

CHACUN SON RÔLE

Est-ce qu'une évolution de son activité se dessine ? Avec sa licence de management et son expérience, Guillaume Eyraud pourrait être davantage impliqué dans la gestion de l'entreprise. Pourtant le jeune homme ne s'imagine pas pour le moment consacrer tout son temps au seul management ou à la seule gestion. Il est heureux d'avoir atteint son but : devenir « responsable de serre » pour le Cyclamen et le Dipladenia. Pour le secteur jeunes plants, il travaille avec deux saisonniers au printemps.

Avant d'envisager quoi que ce soit d'autre, « il faut avoir été près du produit et connaître tous les secteurs de l'entreprise », estime-t-il. « L'organisation actuelle me convient très bien. Chacun a un rôle clairement défini : Philippe Eyraud, mon père, est responsable commercial, Catherine Eyraud, ma mère, chef de culture responsable du repiquage des Cyclamen, Jean-Pierre Eyraud, mon oncle, responsable "entretien-réparation des serres et suivi des intrants". Quant à mon frère Thomas, qui vient de finir un BTS en alternance, il est chef de culture, responsable de serre pour les Cyclamen en potée finie. Il va entrer dans le capital de l'entreprise en juillet. »

Odile Maillard

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