Groupement Pluralis : et l'emploi précaire devient durable...
Le groupement d'employeurs du Loiret Pluralis compte aujourd'hui quatre-vingts entreprises adhérentes et emploie une soixantaine de salariés. Privilégier les contrats en CDI est devenu une éthique de management...
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Sécurité de l'emploi et mutualisme sont des valeurs que partage la quarantaine de chefs d'entreprise de productions spécialisées au sein de Pluralis, groupement départemental qui fête ses quinze ans cette année. Tout a commencé en 1997, alors qu'un groupe d'agriculteurs recherchait des saisonniers pour ses travaux agricoles dans le nord du Loiret. Rapidement, le groupe, constitué en groupement d'employeurs, s'est étoffé et une antenne « sud », axée sur les productions spécialisées, a été créée. « Nous avions tous des besoins de main-d'oeuvre, différents selon la taille de nos entreprise », se souvient Patrice Baudu, président du groupement depuis février, adhérent depuis toujours et horticulteur à Saint-Denis-en-Val. « Les agriculteurs souhaitaient une aide administrative pour l'embauche. Nous, horticulteurs, souhaitions surtout fidéliser nos saisonniers et conforter leurs emplois. »
Objectif atteint : 80 % de contrats à durée indéterminée
A priori, les horticulteurs ont besoin de main-d'oeuvre au même moment. Mais grâce à quelques concessions et à la complémentarité des productions, les salariés sont embauchés à temps plein. « Notre but est d'embaucher un maximum de salariés en contrat à durée indéterminée (CDI). Nous bénéficions ainsi sur le long terme de leur savoir-faire et de leurs compétences. Et nous gagnons du temps en nous évitant de former de nouvelles personnes à chaque saison », ajoute Patrice Baudu.
L'objectif est atteint : aujourd'hui, 80 % des salariés du groupement sont en CDI. La majorité des emplois sont orientés vers la production, mais le groupement a également recruté un logisticien, des secrétaires comptables, des ingénieurs qualité... Jean-Marie Fortin, l'un des créateurs du groupement, producteur de plantes à massif et en pot à Saint-Jean-le-Blanc, à côté d'Orléans, emploie sept permanents, deux apprentis et six salariés à mi-temps grâce au groupement d'employeurs : « Pluralis est un mécanisme social vertueux qui transforme les emplois précaires en emplois durables. C'est important pour l'éthique du manager. Nous ne “jetons” pas les saisonniers au bout de trois mois. Le groupement a été un facteur important dans le développement de mon entreprise, La Belle Grange. »
Formation et accompagnement des salariés et employeurs
Pour obtenir un tel résultat, le groupement doit faire preuve de rigueur dans son fonctionnement. Il compte trois permanents : un directeur, une chargée de mission et une comptable – assistante administrative. Cette équipe s'adresse aux entreprises qui ont besoin de main-d'oeuvre, recrute des candidats, établit des plannings pour optimiser les pleins-temps, s'occupe de tous les aspects administratifs.
Pluralis propose des formations (deux jours par an en moyenne) aux salariés et aux employeurs du groupement sur des thèmes en lien avec la production, les produits phytosanitaires, le Caces (certificat d'aptitude à la conduite en sécurité)... En 2008, quarante chefs d'entreprises horticoles et agricoles ont suivi un stage de management et connaissance de soi. Selon les années, le budget de formation de Pluralis varie entre 30 000 et 40 000 euros.
L'accompagnement des horticulteurs est quotidien. « Quand ils ont besoin d'un conseil pour la gestion de leurs salariés, ils frappent à notre porte. Par exemple, le document unique des risques de Pluralis a servi de modèle à plusieurs entreprises », explique Mathieu Pinçon, directeur de la structure. En contrepartie, l'entreprise s'engage sur une durée d'embauche. « Je n'ai besoin d'un salarié que pendant six mois, mais je le prends sept mois pour compléter son temps plein. Le planning ne correspond pas à l'optimum économique de nos besoins, mais il faut faire quelques concessions pour obtenir des compétences pointues », indique Jean-Marie Fortin.
Autre concession : suivre le règlement de fonctionnement. Celui-ci prévoit une cotisation annuelle de 80 € HT par entreprise et un « coefficient au taux horaire ». Celui-ci permet de couvrir les frais du groupement, les charges patronales, les congés payés, la visite médicale à l'embauche... « À nombre d'heures égal, le groupement nous revient plus cher que si nous embauchions par nous-mêmes, mais nous y gagnons la fidélité des salariés, qui n'a pas de prix », précise Jean-Marie Fortin. Et il n'y a pas de tracas administratifs.
Quand l'adhérent a trouvé l'employé idéal via Pluralis, il avance, lors de l'embauche, 1 900 euros hors taxes. Restituée à la fin du contrat, cette somme garantit le paiement d'un mois de salaire et assure une éventuelle défaillance de paiement de l'adhérent.
Depuis l'année dernière, Pluralis cherche à pérenniser les emplois créés : dans cette optique, une partie des adhérents a fondé Comcept (compétences-emploipartage du temps), un nouveau groupement multisectoriel, actif dans le même bassin d'emploi. Il a déjà embauché sept salariés et prévoit d'en recruter une trentaine d'ici à trois ans.
Aude Richard
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