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Mare écologique : un support pour les actions pédagogiques

Un centre de formation pour adultes, le Greta BIP 93, a choisi d'impliquer ses stagiaires dans la réalisation d'un plan d'eau écologique. Une opportunité pour acquérir, en situation quasi professionnelle, des compétences très diversifiées et apprendre à gérer un projet dans sa globalité.

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Comment rendre les cours plus pédagogiques pour des stagiaires adultes ? Comment les préparer à intégrer les évolutions de leur futur métier avec de nouveaux savoir-faire ? Quel projet conviendrait en formation continue de jardinier-paysagiste/aménagements paysagers ? Pour atteindre ces objectifs, le Greta BIP 93 (Seine-Saint-Denis) a choisi de mettre concrètement en situation les stagiaires de Capa (certificat d'aptitude professionnel agricole) et BPA (brevet professionnel agricole) « Travaux paysagers ». En réalisant une mare écologique, ils ont pu aborder les problématiques du développement durable, de la biodiversité et avoir recours à des pratiques plus respectueuses de l'environnement.

À l'origine

DE MULTIPLES DEMANDES DE COMPÉTENCES

« Nous sommes partis de plusieurs constats », souligne Naceur Abada, formateur technique au Greta BIP 93. « Les zones humides diminuent drastiquement en Île-de-France. Par ailleurs, nous notons une forte demande d'informations et de compétences dans les domaines de la gestion du patrimoine existant et à protéger, des végétaux filtrants, de la biodiversité, mais aussi du choix et de la gestion des piscines “naturelles”, des végétaux adaptés aux parties basses de murs végétalisés supportant l'hygrométrie permanente... Les attentes viennent également de villes qui souhaitent trouver des alternatives notamment aux produits phytosanitaires, ou encore de collectivités qui envisagent la gestion des berges de cours d'eau... Tous ces thèmes sont vraiment d'actualité et imposent la formation de professionnels compétents. »

« Les référentiels de formation ont évolué dans ce sens en intégrant la récupération des eaux de pluie, le recyclage, la gestion de l'eau, les bassins classiques et les mares écologiques, le développement durable... », poursuit Catherine Laïrle, conseillère en formation continue au Greta BIP 93. « Le projet expérimental de plan d'eau écologique s'est donc imposé comme un outil pédagogique pour travailler sur ces thématiques très diversifiées. » Après les aires de compostage, les pelouses champêtres, les toitures et murs végétalisés... les mares et bassins écologiques deviennent des outils de formation avec des objectifs à la fois pédagogiques, écologiques et ornementaux. « Ce projet, relativement important, a permis d'impliquer les stagiaires à toutes les étapes de sa mise en oeuvre – des végétaux jusqu'au module maçonnerie paysagère pour l'allée –, et de faire appel aux différentes techniques et disciplines... », précise Naceur Abada. Ceux-ci ont ainsi pu valoriser leur formation par une expérience à forte valeur ajoutée. Une expérience qu'ils ont par ailleurs partagée avec des jeunes de seconde professionnelle « Nature, jardin, paysage, forêt » pour une collaboration intergénérationnelle.

Le projet pédagogique

UNE MARE ÉCOLOGIQUE

La mare naturelle ou plan d'eau écologique, de 170 mètres carrés, s'insère au coeur du « jardin-école » de Montreuil-sous-Bois (4 hectares), site qui sert de plateau technique aux formations horticoles. Le projet a démarré en janvier 2011 et s'est échelonné jusqu'en mai 2011. Le plan d'eau fait jusqu'à 1,20 m de profondeur (en six niveaux progressifs), et 5,20 m x 9,30 m dans ses grandes dimensions. Il comprend une zone tampon pour filtrer l'eau, qui fonctionne en autogestion.

Partenariat

EN CONCERTATION AVEC L'OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE

Les végétaux utilisés ont été récoltés dans le parc voisin du Sausset (situé sur les communes d'Aulnay-sous-Bois et de Villepinte), afin d'installer une flore et une faune locales et endémiques, parfaitement adaptées au milieu. À cette occasion, les stagiaires du Greta BIP 93 ont pu non seulement rencontrer mais également travailler avec des responsables départementaux, dont l'observatoire départemental de la biodiversité urbaine (ODBU) du conseil général. La création de cette mare écologique a été accompagnée d'une étude des différents points d'eau du département de Seine-Saint-Denis, afin de mieux l'intégrer dans une continuité et une complémentarité locales en termes de biodiversité et de gestion environnementale.

Un projet pérenne

AMÉNAGEMENTS À VENIR ET PREMIÈRES SATISFACTIONS

La mare écologique a été inaugurée officiellement le 18 mai 2011, cinq mois après le début de sa mise en oeuvre. Lors des portes ouvertes des 20 et 21 mai et durant les Journées du patrimoine, des visites guidées ont permis au public de découvrir cette réalisation qui va conserver un rôle pédagogique. Les stagiaires des promotions ultérieures vont en effet peaufiner et poursuivre l'aménagement technique de ce plan d'eau : étiquetage des végétaux, murs de soutènement en gabions, finition des berges, massifs pour isoler la zone humide... Les traitements chimiques sont proscrits, et l'utilisation de machines est très réduite. Des aménagements en faveur de la biodiversité sont également prévus : nichoirs à oiseaux, abris pour hérissons, « hôtels » à insectes, installation de plantes mellifères... Déjà, la mare sert de refuge pour nombre d'espèces qui vivent dans le parc ou le côtoient dans l'environnement urbain tout proche : « Très rapidement sont apparus spontanément des hérons, libellules, grenouilles, canards », constate avec satisfaction Naceur Abada.

Support d'études

AU COeUR DES ATTENTIONS : L'ÉVOLUTION DU BIOTOPE AQUATIQUE

Le travail se poursuit, mais, surtout, se poursuivra encore sur plusieurs années : cette mare et zone humide dans son environnement spécifique sert de support à l'étude de l'évolution du biotope aquatique, avec observations, recensements et relevés annuels de la faune et de la flore qui s'y développent, ainsi qu'à l'étude de l'évolution de la qualité de l'eau (pH, GH = dureté de l'eau liée à la concentration en ions magnésium et calcium...). Cette réalisation est également l'objet d'expérimentations (comme l'analyse de l'adaptation ou de la disparition des végétaux implantés), et support d'enseignement pour tous ceux qui étudient les sciences de la vie et de la terre, et d'étude pour la reconnaissance des végétaux et des animaux des zones humides. Elle aura permis aux stagiaires et aux équipes pédagogiques de montrer de façon concrète un paysage et un métier en perpétuel mouvement. Avec en toile de fond un objectif : mettre à profit les résultats de l'expérience et le suivi du site pour participer à la lutte contre la disparition des zones humides sur l'ensemble du département de Seine-Saint-Denis.

Odile Maillard

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