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PARCOURS Planter au plafond, sur les murs, en l'air... pour faire aimer la nature

Le designer Alexis Tricoire a découvert la richesse du monde végétal il y a dix ans, en étant scénographe de l'exposition Folies végétales de Patrick Blanc. Il consacre depuis son activité aux plantes.

Le designer Alexis Tricoire s'est spécialisé dans le travail sur les plantes. Un domaine dans lequel il est venu par hasard, mais dont il a fait sa spécialité par passion.

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Il y a tout juste dix ans, Alexis Tricoire a découvert la richesse du monde végétal. Il a endossé le rôle du scénographe pour l'exposition Folies végétales que Patrick Blanc avait conçue dans le cadre de l'espace Electra, à Paris. Pour celui qui a lancé les murs végétaux et qui travaillait déjà partout dans le monde, Alexis Tricoire a imaginé un plafond végétal « où poussent des plantes qui n'ont pas suffisamment d'énergie pour grimper et se laissent donc retomber ». Il a aussi conçu de grands tubes de verre, sortes de tubes à essai géants, dans lesquels des flux d'eau rapides permettaient de présenter des plantes de cours d'eau, les rhéophytes. Des bulles de verre équipées de fibre optique avaient aussi fasciné les visiteurs, révélant l'iridescence des Begonia pavonina bleus.

« Cette première expérience m'a amené au design végétal », a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse lors du dernier Salon du végétal, à Angers (49), organisée pour présenter le projet d'installation d'arbres en hauteur dans la gare SNCF de la ville (voir le Lien horticole n° 964 du 16 mars 2016). Et le virus ne l'a jamais quitté, l'amenant à concevoir une planète suspendue pour le groupe de casinos Partouche, réalisation délicate car la forme sphérique de ce qui se trouve être au final un mur végétal nécessitait de végétaliser, en partie basse, un nouveau plafond. Il a aussi créé, pour un fabricant de robinetterie, un tuyau autour duquel des Rhipsalis donnaient l'impression d'eau en train de couler. À Lyon (69), dans le centre commercial de Confluence, qui a ouvert ses portes récemment, il a planté une jungle tropicale autour d'un bateau. On y regarde la nature par une sorte de hublot. La végétation y est composée de 30 % d'espèces rares, choisies avec Frédéric Pautz, responsable du jardin botanique de la ville à l'époque, parti depuis vers d'autres horizons. Alexis Tricoire a également présenté un espace détente végétalisé lors de la Cop 21, à Paris, fin 2015.

Surprendre le visiteur par la mise en valeur du végétal

Son travail oscille entre des réalisations pérennes, des objets qui demandent beaucoup d'investissement technologique, et des projets éphémères, dont le but est de surprendre le visiteur avec des conceptions emblématiques, des prouesses techniques, mais aussi avec la beauté et la mise en valeur du végétal. Côté pérenne, il a mis au point un lustre transparent, Babylone, tel une mini-serre dans laquelle les plantes et la lumière se partagent l'espace, et qui est vendu par une grande enseigne d'ameublement. Pour peu que les plantes qui y sont installées ne se développent pas trop vite et qu'un arrosage tous les quinze jours soit assuré, cet objet révolutionnaire propose une lumière filtrée tout en étant un écosystème à part entière. Il dessine par ailleurs du mobilier urbain, des bancs, par exemple.

Alexis Tricoire travaille beaucoup sur l'aménagement de centres commerciaux, auxquels les investisseurs consacrent des moyens importants : « Concurrencés par la vente en ligne, ils doivent innover pour attirer les consommateurs. Le but est que les gens viennent y passer un bon moment, que ces lieux ne représentent pas que des surfaces de vente mais aussi de rencontre. Mon travail se prête à ce type de réalisations. Mon idée de base est de mettre en scène le végétal de manière inattendue pour renouveler le regard de chacun de nous, pour que l'empathie vis-à-vis des plantes soit plus forte. Je dessine au service de la nature, pour l'amener dans le milieu urbain, pour la faire aimer, faire aimer même ce qui est étrange. Au final, le but, c'est que les gens aient envie de la protéger », explique Alexis Tricoire. Il constate qu'il y a aujourd'hui un engouement pour le végétal en milieu urbain « relié à la nature en péril », et bien que nous la détruisions, que le public est « prêt à mettre de l'argent pour qu'elle soit belle dans son environnement immédiat ».

La rencontre avec Patrick Blanc a provoqué un déclic chez l'artiste qui a compris qu'il y avait un créneau à saisir, mais surtout qu'il correspondait à ses valeurs : « Le végétal est chargé de symboles. Il est en cohérence avec la Cop 21 et représente l'avenir. Notre secteur n'est pas vital, mais il est en expansion, car les plantes permettent de véhiculer une image écologique. » Le développement de l'activité d'Alexis Tricoire prouve que la nature reste une valeur recherchée.

Pascal Fayolle

À Lyon (69), dans le centre commercial de Confluence, qui a ouvert ses portes récemment, Alexis Tricoire a planté une jungle tropicale autour d'un bateau.

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