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Marathon créatif au lycée agricole public de Quetigny

Depuis deux ans, un collectif d’enseignants propose aux élèves de première S, au sein du lycée Olivier-de-Serres, dans l’agglomération dijonnaise, un atelier de 33 heures… L’occasion d’exporter en filière générale une approche pédagogique courante dans les formations techniques et professionnelles.

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Le défi proposé depuis deux ans aux élèves de première S option EAT (écologie, agronomie, territoire) du lycée Olivier-de-Serres de Quetigny, près de Dijon (21), est de réaliser en deux jours des prototypes d’aménagements sur une thématique définie. L’objectif : « à la fois de s’ins­crire­ dans la démarche de l’enseignement tech­nique agricole – “enseigner à produire autrement” – et utiliser une approche très courante dans ce milieu mais peu dans l’enseignement général : la démarche projet », explique Stanislas Bah Chuzeville, concepteur paysagiste et enseignant en aménagement.

En 2017-2018, les élèves ont travaillé sur le thème de l’apiculture et, en 2018-2019, sur celui du développement du maraîchage urbain durable.

Les atouts de la démarche projet

La démarche projet offre de nombreux atouts pour stimuler l’intérêt des apprenants et leur proposer­ une autre façon d’acquérir des connais­sances. Elle s’appuie sur le tâtonnement, l’autonomie, la prise d’initiative… ainsi que sur la mise en pratique de connaissances théoriques. Elle développe­ également le travail col­lectif et la gestion­ de groupe. Au sein des quatre équipes constituées pour l’occasion, chacun des élèves a dû choisir un rôle plus particulier, tout en s’impliquant dans l’ensemble du projet :

- communication générale comprenant, notamment, l’élaboration d’une présentation du projet en français, anglais et espagnol ;

- recherches scientifiques en lien étroit avec le centre de documentation du lycée, l’occasion d’aborder la question de la valeur des informations recueillies selon les sources ;

- communication graphique (création d’un logo, d’un badge…) ;

- logistique (liste de matériels, matériaux et outils nécessaires) ;

- élaboration du prototype ;

- production culinaire : préparation du dîner durant­ le marathon... et de l’apéritif au moment de l’inauguration.

Le marathon créatif se déroule durant trente-trois heures, du jeudi au vendredi en début d’après-midi, dans les premières semaines du mois de mai.

Un budget de 1 000 euros

Le thème n’est dévoilé aux élèves qu’au dernier moment, le jeudi matin, et fait l’objet d’un échange­ avec un professionnel en lien avec le sujet : un apiculteur de la région en 2017, un maraîcher urbain en 2018, membre d’une association locale. Cette première demi-journée est l’occasion de présenter le sujet et les problématiques qui s’y attachent, d’organiser les groupes, de présenter la liste des ressources disponibles au sein de l’établissement. L’après-midi et la soirée, voire le début de la nuit, sont consacrés à la formalisation des projets puis à leur réalisation. Tous les étudiants, y compris ceux qui ne sont pas internes, restent au lycée pour l’occasion.

Le vendredi permet la finalisation du prototype et la préparation de la présentation au public. Celle-ci se déroule en fin de journée, en présence des partenaires du projet, des parents et des autres élèves et enseignants du lycée.

Un budget de 1 000 euros pour l’ensemble des équipes est alloué par le lycée, mais le marathon créatif s’appuie également sur la réutilisation de matériels issus des travaux pratiques et fait appel à des partenariats. En 2018, Gamm Vert, Leroy Merlin et Botanic ont ainsi fourni gracieusement matériels, compost, terreau et végétaux.

« Ce format marathon, dans un laps de temps court, favorise le développement d’une dyna­mique créative des étudiants. Ils appréhendent la gestion du stress, le respect de délais, l’organisation… autant de problématiques qu’ils auront à surmonter aussi bien dans la poursuite de leurs études que dans leur vie professionnelle. En outre­, l’organisation d’un événement autour de la présentation des projets et le développement des partenariats locaux donne l’occasion à l’établissement­ de renforcer sa lisibilité auprès des acteurs du territoire », précise Stanislas Bah Chuzeville.

Se découvrir des potentialités

Présent à l’inauguration, David Richard, responsable du service des espaces verts de la Ville de Quetigny, s’est dit impressionné par le travail réalisé­ par ces jeunes. Il réfléchit à un moyen de mettre certains projets en valeur au sein de la commune.

Lors d’un rapide échange avec les apprenants ayant participé à cette aventure l’année scolaire passée, les principaux points positifs retenus ont été : l’acquisition d’une nouvelle confiance en soi, la fierté de montrer ses capacités à sa famille et enfin la découverte de nouvelles potentialités insoupçonnées.

Pour la majorité, ces jeunes, qui ne sont pas issus­ d’un milieu rural, sont peu habitués à pratiquer des activités manuelles et, pour certains, ces ateliers leur auront servi de déclic pour poursuivre ce type d’initiative.

Yaël Haddad

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