Installation : malgré les aléas, grâce à la solidarité
Leur projet était en cours mais un fait de vandalisme en janvier 2019 a tout interrompu... Céline et Flavien Bonnet ont tout de même réussi, lui comme pépiniériste, elle comme fleuriste en événementiel. Contre bien des contrariétés et avec beaucoup de motivation et de persévérance.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
«Help ! Dans la nuit du 13 au 14 janvier 2019, nos quatre tunnels neufs, tout juste installés et prêts à accueillir nos plantes, ont été vandalisés. Les bâches ont été lacérées dans leur intégralité ! » C’est avec ce SOS que Céline et Flavien Bonnet, qui venaient de lancer leur projet d’installation à Eyragues (13), s’étaient fait connaître sur la plateforme de financement participatif Miimosa. Ils y avaient posté, en mars-avril 2019, un appel pour « refaire notre trésorerie, réinvestir dans l’achat de matériel, dans les travaux et la main-d’œuvre pour continuer. Le besoin immédiat est, dès lors, de réhabiliter l’ancien site de production à Rognonas (13), loué, que nous aurions dû quitter pour notre propre terrain », expliquaient-ils à l’époque.
Avec pas moins de 14 885 € collectés, ils avaient finalement atteint 93 % de leurs objectifs ! Qu’est devenu le couple depuis ? Malgré les aléas et la crise de la Covid-19, tous deux ont réussi leur rêve : « reprendre un beau projet de production de plantes méditerranéennes pour faire perdurer le savoir-faire de l’entreprise familiale, créée il y a trente-cinq ans par les parents de Céline ».
Flavien Bonnet passe une douzaine d’années chez un négociant de matériaux après la sortie de ses études, travaille dans une agence... Grâce à un congé sabbatique, il a pu réaliser un grand voyage en Australie. Il a parcouru beaucoup de chemin depuis, avec une belle reconversion dans le secteur horticole, d’abord en tant qu’aide familial dans la pépinière de ses beaux-parents, puis à son compte depuis 2019. « J’ai un BTS commerce mais pas de formation spécifique en pépinière. J’ai beaucoup appris auprès de Pierre et Pia Braun, avec les livres, en échangeant avec les confrères et les clients… »
« Je veux conserver le relationnel avec le client final »
Pour son installation dans une parcelle achetée en 2018 à Eyragues, Flavien n’a pas souhaité demander de dotation jeunes agriculteurs (DJA). Il aurait pu solliciter l’aide de la FDGER* pour son défrichement, mais il l’a su trop tard.
Fin 2018, le couple avait monté et bâché quatre tunnels, posé les toiles hors sol, installé la station de pompage et le système d’arrosage, et déjà aménagé un tunnel avec les plantes grimpantes… Tout était prêt avant qu’un matin ils découvrent le site vandalisé. Une perte estimée à 12 000 € et pas d’assurance pour les tunnels.
Après le choc et l’anéantissement, retour alors de l’activité dans le site loué à Rognonas (13) : « Après mûre réflexion et analyse des différentes possibilités qui s’offraient à nous, nous avons fait le choix le plus prudent à nos yeux. Malgré tout l’argent engagé pour notre terrain, la priorité restait la saison à venir, afin de s’assurer des revenus. Pour cela, nous avons réhabilité l’ancien site de production qui était déjà en partie démonté pour être déménagé... une parcelle en fermage agricole. À ce stade, il était moralement difficile de bouleverser nos projets, car cela touchait à notre projet de vie. »
La période Covid est venue s’ajouter aux ennuis du début : « Ce sont les aléas de la vie et il faut savoir s’adapter ! » admet Flavien, philosophe, qui n’aura pas été ménagé depuis son installation. Reste encore un peu patience avant de pouvoir réhabiliter le terrain acheté à Eyragues, grâce à l’argent récolté sur Miimosa (lire l’encadré), pour tout transférer et s’y installer définitivement .
Flavien apprécie son métier de pépiniériste
En attendant, cette petite pépinière vend en direct. Pour les ventes aux professionnels, Flavien Bonnet va au Marché-Gare, à Carpentras (84). Pour le grand public, une partie est commercialisée au point de vente de la pépinière de ses beaux-parents. Et pour l’essentiel, entre mi-mars et mi-juin, les fêtes aux plantes de Saint-Jean-de-Beauregard (91), Chantilly (60), Saint-Priest (69), Albertas à Bouc-Bel-Air (13), Schoppenwihr à Bennwihr, près de Colmar (68)… figurent sur son itinéraire de week-ends à la rencontre des jardiniers passionnés, français et étrangers. Puis, à l’automne, du début septembre à fin octobre, il reprend la route pour la région parisienne, l’Alsace, Nantes (44), sans oublier les Rencontres botaniques de Chaumont-sur-Loire (41)…
Pour le moment, il n’a pas choisi les ventes par Internet, ni le Click & Collect, trop lourds à gérer, trop contraignants en disponibilités et organisation pour sa petite structure. « Je ne veux pas être un producteur expéditeur. Je veux garder le relationnel des ventes avec le client final. J’ai préféré diversifier mon réseau de fêtes aux plantes. »
Il apprécie son travail de pépiniériste, son autonomie dans la production de plantes d’ornement. Il se réjouit aussi d’arriver à tenir 90 % de ses cultures en production maison. Il a repris et développé les gammes de plantes grimpantes, vivaces, arbustives, spécialités initiales de ses beaux-parents. Par ailleurs, sa petite entreprise se fait connaître toujours plus pour sa palette de plantes à fragrances. Seuls sont achetés des aromatiques, lavandes, agrumes et rosiers.
Odile Maillard*FDGER : fonds départemental de gestion de l’espace rural.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :