Erasmus+ : pour les apprentis aussi !
Les déplacements d’élèves à l’international ont repris en 2021. Si ce programme européen de financement est connu en formation initiale, il s’adresse également aux apprentis. Exemple entre la Bretagne et la Belgique.
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Juste avant le premier confinement, en mars 2020, Florence Coste-Sireude, professeure de français-anglais au CFA de Kerliver, à Hanvec, dans le Finistère, se sentait encore bien seule parmi les enseignants à s’impliquer dans les séjours Erasmus+ pour les cursus en apprentissage. Référente pour ce dispositif dans son établissement, elle précisait : « Il y a une sous-consommation d’Erasmus+ par les apprentis. Au CFA, nous prenons sur du temps de formation pour les inciter à partir dans un autre pays. Une unité facultative mobilité (UFM) permet à nos bac pro AP (aménagements paysagers) de valoriser cette expérience. L’opportunité est facultative mais nous invitons chacun à en profiter. Nous adaptons notre planning (en première année du diplôme) pour qu’ils partent quinze jours consécutifs. »
Intéresser les apprentis à Erasmus
« La première fois, nous avions eu deux tiers d’élèves à partir. La seconde année, toute la classe. Pour la troisième année, tous étaient volontaires. Les conditions sanitaires les ont empêchés, nous leur proposerons un projet alternatif car ce serait trop complexe à envisager en terminale, année de leur examen. Avec la quatrième promotion (2021-2022), nous affichons à nouveau 100 % d’adhésion ! » témoigne-t-elle.
« Nos apprentis ont entre 17 et 24 ans, certains sont donc mineurs. L’enjeu pour nous consiste à faire partir l’intégralité du groupe. Mais chaque projet est individuel et a pour objectif à la fois un axe métier, une visée linguistique, mais aussi et surtout les aider à gagner en autonomie. L’entreprise support de stage à l’étranger est choisie pour être complémentaire avec leur structure d’apprentissage en France. Par exemple : à un apprenti au sein d’une collectivité territoriale, nous favoriserons une entreprise privée. Si sa pratique professionnelle porte essentiellement sur des travaux d’entretien du végétal, nous lui trouverons une structure dans laquelle il pourra se perfectionner en création (pavage, réalisation de murets en pierres sèches, installation de réseaux…). Jusqu’à présent, nos apprentis partaient en Belgique. Nous avons aussi pour objectif un séjour aux Pays-Bas, pour une expérience plus anglophone », complète l’enseignante.
Parmi les « petits plus » de la démarche à Kerliver, la promotion sortante témoigne auprès de la suivante, lors d’une petite table ronde, sans enseignants. Le tiers (environ) d’élèves qui peuvent se montrer réfractaires ou hésitants au départ vont adopter le projet après cet échange.
Florence Coste-Sireude l’assure : « Ils se parlent du travail, mais aussi des solutions trouvées pour le logement, des week-ends, des fêtes… Car après tout, une expérience à l’étranger a pour vocation d’ouvrir des perspectives en termes de compétences professionnelles, certes, mais elle doit aussi permettre de s’enrichir sur le plan culturel et d’élargir son réseau. Nous adressons aussi un courrier aux parents, les invitons à aider leurs enfants dans les recherches. C’est important pour que tout le monde adhère, apprenti et famille. »
Ce projet Erasmus tisse peu à peu des liens, parfois même une vraie cohésion de groupe. L’enseignante précise : « Certains apprentis sont seuls, au maximum deux par entreprise. Alors ils se créent un groupe WhatsApp, en autonomie. Ils l’utilisent en particulier pendant le stage, pour s’entraider à distance. »
L’expérience crée l’envie
« Durant leur séjour, les apprentis ont à suivre un programme de travail. Le maître de stage formule une évaluation sur les compétences techniques acquises. Au retour est effectué un contrôle en cours de formation (CCF). C’est un oral, facultatif, qui donne des points bonus au-dessus de la moyenne. Les apprentis sont interrogés sur leur gestion du budget, ce qu’ils ont retenu sur le plan culturel, comment ils ont réussi à communiquer… Les entreprises Erasmus nous donnent de bons comptes rendus sur nos apprentis. Quelques-unes les auraient même volontiers repris comme employés à la fin de leur formation », apprécie-t-elle.
Le CFA serait-il à même d’organiser des séjours plus longs ? « C’est possible, mais il faudrait pour cela reprendre le contenu des contrats avec les entreprises d’apprentissage françaises dans lesquelles les apprentis sont employés, afin qu’elles les libèrent... C’est un montage de projet au long cours. Quinze jours de stage, c’est déjà un bon avant-goût. Évidemment, notre démarche est en constante évolution, car il nous faut être en phase avec les aspirations des apprenants et celles des employeurs : curiosité, débrouillardise, capacité d’adaptation sont autant de compétences utiles que la mobilité internationale favorise. »
L’enseignante note que l’expérience crée l’envie : « Je sais qu’après son expérience un de nos apprentis a poursuivi une correspondance, en anglais. Cela donne envie à certains de partir ensuite travailler plus longtemps à l’étranger. Plusieurs anciens ont tenté l’expérience du wwoofing en Australie ou au Canada : ils se mettent à la disposition d’une entreprise pour quelques heures de travail quotidien en échange du gîte et du couvert.
D’autres m’ont sollicitée pour monter des projets de stages longs en postformation. Cet autre dispositif Erasmus+ permet d’acquérir une expérience professionnelle à l’étranger dans une période plus longue (jusqu’à six mois), l’année qui suit la sortie de formation. Pour 2022, j’ai déjà trois demandes de ce type », note-t-elle.
« Les voyages forment la jeunesse et les séjours à l’étranger représentent un tremplin enthousiasmant vers le monde du travail ! Les apprentis étaient jusqu’ici sous-représentés au sein des programmes de mobilité. L’engouement dont ils font preuve aujourd’hui pour ces nouveaux dispositifs démontre, si besoin était, qu’ils y ont réellement toute leur place », conclut Florence Coste-Sireude.
Odile MaillardAutre expérience : les témoignages d’élèves de Niort en stage en Espagne : « Erasmus+ en Espagne : une expérience motivante » sur https://tinyurl.com/2p89yrrx
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