Handicap : ne pas fermer les portes !
Le handicap n'est pas forcément synonyme de fauteuil et d'arrêt de travail. Surtout, il ne doit pas compromettre l'emploi. Pour préserver ce dernier, entreprises et salariés peuvent se faire aider.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Frappé par un accident du travail, de la vie quotidienne ou une maladie invalidante, « visible » ou non, faut-il baisser les bras ? Non, répondent le Fonds national d'assurance formation des salariés des exploitations et entreprises agricoles (Fafsea) et ses partenaires. Un bilan de compétences, une validation des acquis, une période ou un contrat de professionnalisation associés à une ou plusieurs formations peuvent aider à rebondir. Et des aides permettent aux employeurs d'adapter le poste ou la mission, voire de recruter...
Monika Bruhn, chargée de mission handicap au Fafsea jusqu'au printemps dernier, relate les quatre principales étapes qui ont mobilisé le département recherche et développement de cet organisme : « Pour savoir gérer les spécificités des situations et être capable de prendre en charge les dossiers de handicap au travail en agriculture, le Fafsea a signé une convention. Des “référents handicap” ont été nommés ou recrutés si nécessaire dans chacune des délégations régionales. Ils ont ensuite reçu une formation spéciale car leur mission est multiple : trouver des aides et des solutions pour un employeur, des formations et des financements pour un salarié... » Dans un deuxième temps, un gros travail a été fait pour donner accès à un maximum d'informations utiles : organismes à contacter, reconnaissance du handicap, obligations légales, formulaires à remplir... Une brochure, Développer les compétences des salariés handicapés, et de nombreuses fiches d'information téléchargeables ont été mises en ligne sur www.fafsea.com/handi/index.html pour une consultation facilitée.
À chacun sa solution
« Souvent, lors d'un arrêt maladie, d'un accident ou même d'une restriction d'aptitude, si le handicap est reconnu, le premier réflexe est de remettre en cause le maintien dans l'emploi. Nous présentons donc des témoignages relatant des situations pour lesquelles des solutions positives ont été trouvées », poursuit Monika Bruhn. Par exemple, parmi les vidéos en ligne, l'une concerne Xavier Bécot, 28 ans, ouvrier paysagiste jardinier. Tombé de 6 mètres de haut durant une opération d'élagage, il a subi des traumatismes à l'épaule qui l'empêchent d'effectuer certaines taches. Son patron, Joël Palluet, de la société Profession jardinier, à Mably (Loire), et la conseillère formation du Fafsea ont mis en place pour Xavier une période de professionnalisation de trois mois et demi afin d'anticiper les probables évolutions invalidantes de son arthrose. Xavier a pu passer trois permis poids lourds. Dès lors, il a été dispensé des tâches trop physiques au bénéfice d'un travail plus logistique, facilitant du même coup l'approvisionnement des chantiers. Un cofinancement avec l'Agefiph (collecteur – pour le handicap – de taxes non utilisées) a permis d'acheter une petite grue adaptée aux besoins du maintien dans son activité. Les résultats ont été rapides pour tous...
Le site Internet du Fafsea propose également plusieurs fiches relatant de façon détaillée les témoignages et démarches de salariés, accompagnés de leurs employeurs, pour lesquels la formation a permis de tenir compte d'un handicap. L'une concerne le maintien à son poste de Fabrice Chauliaguet, salarié paysagiste dont les soucis de santé l'empêchaient d'utiliser certaines machines et de porter des charges lourdes. Pour éviter une rupture brutale avec son travail, un plan d'action globale a permis d'embaucher un assistant, d'engager un bilan de compétences (financé sur le plan de formation de l'entreprise) et d'organiser un accompagnement en interne. Au final, ses compétences lui ont permis de devenir chef d'équipe dans la même entreprise, la Société d'aménagement des espaces verts (SAEV), à Sillingy, en Haute-Savoie. Il a ensuite suivi un BTS « paysage » et envisage de devenir dessinateur paysagiste.
Un autre exemple concerne une jeune paysagiste qui craignait d'être déclarée « inapte au travail ». Après un bilan de compétences, elle a pu valoriser son expérience et élaborer un nouveau projet professionnel en tant que formatrice pour adultes en espaces verts à travers un curcus pris en charge via un congé individuel de formation (CIF)... « Cet espace dédié sur Internet et ces témoignages montrent comment, concrètement, des formations peuvent aider des professionnels à rester en activité dans leur métier, à évoluer ou à changer de secteur. Le Fafsea contribue à la prise en compte du handicap. C'est d'autant plus nécessaire que les entreprises de plus de vingt salariés ont des obligations. À terme, cela aidera aussi à lutter contre les idées reçues sur l'âge ou l'approche de la retraite », précise Monika Bruhn.
Des réunions en région
Dans un troisième temps, les conseillers Fafsea ont été formés au contact avec les personnes en difficulté ou handicapées. Il leur fallait des outils tels que les dispositifs d'aides. Une douzaine de réunions ont été organisées en région, avec à chaque fois une dizaine ou plus d'entreprises agricoles. Des cas concrets ont été abordés, et le cas échéant, des mises en relation avec des partenaires spécialisés (voir l'encadré) ont été opérées. Enfin, depuis 2012, le thème du handicap intègre les programmes de formation financés par le Fafsea. Gestionnaires de personnel et responsables en ressources humaines, en particulier, peuvent se sensibiliser au handicap dans la vie professionnelle, aborder le recrutement de personnes handicapées, envisager leur maintien dans l'emploi... Les régions Pays de la Loire, Paca, Île-de-France, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, Martinique et Guadeloupe figurent parmi les pionnières en matière de formations spécifiques. Mais il n'est pas interdit d'aller se former dans une région voisine.
Odile Maillard
Pour accéder à l'ensembles nos offres :