PARCOURS Jardinier de la Ville de Paris : il transmet, échange et apprend
Saisonnier, Arnaud Duplat a passé avec succès des concours pour intégrer les services des jardiniers de la Ville de Paris. Aujourd'hui, il est, entre autres, responsable de l'exploitation et de l'atelier des collections de l'École Du Breuil.
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« À l'origine, je ne me destinais pas forcément au milieu de l'horticulture et des jardins. Parisien pure souche, mon terrain d'expérience se limitait à un petit balcon mais nous allions régulièrement, mon frère et moi, avec nos parents, au bois de Vincennes et dans les parcs parisiens. » Ainsi a germé modestement la carrière d'Arnaud Duplat. Passionné de sciences naturelles dès le primaire et au collège, mais hermétique aux mathématiques, il n'a pas pu poursuivre en bac scientifique : « L'École Du Breuil, en bordure du bois de Vincennes, a alors été pour moi une opportunité, celle d'une orientation adaptée me permettant d'assouvir ma soif de connaissances de la nature. »
La gestion différenciée avant l'heure
En 1996, après avoir réussi le concours d'entrée, il a intégré cet établissement pour y suivre un parcours complet qui a débuté par un BEP « aménagements paysagers ». L'équilibre entre théorie et pratique immédiate, et la découverte exponentielle de la diversité des plantes l'ont conquis : « J'ai vraiment compris ce que je voulais faire à cette période. » Il a poursuivi par un bac professionnel, puis un BTSA « aménagement de l'espace et travaux paysagers ». Une étape suivie d'une troisième année au sein d'une école où l'option dédiée au paysage « manquait de concret et de plantes ! Plus tard, après mon intégration à la Ville de Paris, j'ai pu bénéficier régulièrement de formations qualifiantes et très variées consacrées à la bureautique, au management, aux ressources humaines, au cadre légal, aux techniques de l'art des jardins, en formation continue, à l'École Du Breuil ».
En matière d'expérience professionnelle, il a débuté par plusieurs missions et CDD dans des entreprises de jardinage, puis il est finalement entré à la Ville de Paris en 2002, comme saisonnier. « J'ai rapidement passé des concours pour devenir jardinier chef d'équipe dans le 20e arrondissement. J'ai pu m'y épanouir techniquement et le chef de service de l'époque m'a donné confiance en moi en me nommant au poste d'adjoint et de responsable d'un square avec quatre autres collègues. »
En 2007, par concours de nouveau, il est devenu agent de maîtrise pour la Coulée Verte, dans le 12e arrondissement. « Ça a été l'occasion de confronter mon amour du jardin aux réalités de terrain et aux contraintes des jardins publics parisiens. On m'a laissé une grande autonomie dans les réaménagements. Cette période a été propice à l'apprentissage et à l'application d'un nouveau mode de gestion qui allait devenir la règle au sein de la capitale : la gestion différenciée. J'avais pour challenge de faire passer ces concepts balbutiants à la vingtaine de jardiniers habitués aux pratiques "ancienne école". » Après une interruption d'un an pour faire le tour du monde, Arnaud Duplat a réintégré la Ville de Paris, « plus riche de tout ce que j'avais vu autour du globe en matière d'horticulture et d'humanité. Cinq années supplémentaires dans le 20e arrondissement m'ont permis de découvrir le rôle vital des squares de proximité en milieu urbain avec ses pépites cachées comme le Jardin naturel. Il y a deux ans, ma dernière voie d'avancement par concours m'a amené, à 36 ans, à obtenir le poste d'agent supérieur d'exploitation au sein de l'École Du Breuil et celui de responsable de l'atelier des collections. »
Carrefour des amoureux du jardin
Aujourd'hui, Arnaud Duplat vit son poste à cent à l'heure et se sent à sa place. « En tant que chef d'atelier des collections, je travaille avec douze jardiniers passionnés dans un environnement de 23 hectares hors du commun, à deux pas de Paris. Nous nous chargeons de l'entretien de la moitié du domaine et de sa mise en valeur. L'École est un carrefour des amoureux du jardin. J'ai la chance de prendre part à l'encadrement des élèves (formation initiale) en travaux pratiques, et des adultes, amateurs ou en reconversion, en cours du soir. Au coeur du dispositif de formation continue de la Ville, le domaine est un support pédagogique à part entière et unique. En collaboration avec les professeurs, les jardins sont en perpétuelle évolution à travers les chantiers-école que nous réalisons conjointement. Nous partageons avec eux la transmission du "savoir vert", entre théorie et pratique. »
Les décisions et idées d'Arnaud Duplat influent sur l'aménagement du jardin tout en gardant en ligne de mire l'intérêt pour le public et les apprenants. « Nous sommes également, au sein de notre direction et du service "Arts et techniques du paysage", un pôle d'essais. Nous testons de nouveaux matériels et matériaux, de nouvelles pratiques. Nous participons à des projets solidaires (Botany for Change), à des réalisations vertes municipales (Place de la Laïcité), à des expositions (Jardins, Jardin aux Tuileries, fêtes des plantes au domaine de Saint-Jean-de-Beauregard - 91...). Responsables de l'arboretum de Paris, rattaché historiquement et pédagogiquement à l'École Du Breuil, nous hébergeons des tests scientifiques grandeur nature comme le choix et la mise en culture des végétaux chasmophytes de la tour M6B2 de Paris Habitat dans le 13e arrondissement. Nous réalisons des échanges de végétaux rares avec les autres institutions botaniques parisiennes, françaises ou mondiales. La multiplicité de mes missions fait le charme et la difficulté de mon poste. Mais, résolument tourné vers l'avenir à la veille de ses 150 ans, l'établissement m'offre une chance unique de transmettre à mon tour, de continuer à apprendre et surtout d'échanger avec un très large public de passionnés. »
Pour ce professionnel, l'évolution s'oriente vers un « jardin utilitaire, à vivre pour l'Homme et la planète. Les espaces contemplatifs et juste esthétiques ne répondent plus aux attentes des usagers d'aujourd'hui, et surtout de demain. Notre rôle va être de guider équipes et apprenants vers une pratique demandant une expertise accrue de l'écologie, de la faune, de la flore, et un retour aux savoirs agricoles. Le métier de jardinier demandera, plus que jamais, une palette de connaissances étendues et spécifiques : c'est-à-dire une professionnalisation des plus abouties ».
Odile Maillard
http://www.ecoledubreuil.fr/jardins/propos-des-jardins/collection-vegetale.html
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