Prévenir les risques d'incendie liés aux évaporateurs à soufre

Les évaporateurs à soufre sont toujours utilisés en matière de prévention et de lutte contre l'oïdium et autres maladies cryptogamiques pour les cultures sous serre. Utilisés correctement, ils constituent une méthode à la fois efficace et utile, par exemple sur rosiers ou encore en productions maraîchères. Mais du point de vue des compagnies d'assurances, ces appareils, dont il existe aujourd'hui deux principales catégories sur le marché, représentent un réel facteur de risque. Ils sont, en effet, occasionnellement à l'origine d'incendies. Toutefois, en respectant un minimum de précautions, ce risque peut être fortement réduit. Parmi les causes de sinistre figurent : le débordement du soufre dû à un sur-remplissage ; la suspension incorrecte des évaporateurs ; la surchauffe du soufre à la suite d'un échauffement des parois ; un court-circuit.

Évaporateurs à lampe

LE RISQUE LE PLUS ÉLEVÉ

Les évaporateurs à lampe présentent le risque le plus élevé. Une vis mal serrée au niveau de la coupelle peut faire entrer cette dernière en contact avec le boîtier. La coupelle peut alors chauffer au point d'amener le soufre en surfusion. Dès lors, ou en cas de suspension de travers, le soufre peut déborder et s'enflammer au contact du boîtier ou de la source de chaleur. Depuis leur mise sur le marché, ces appareils ont été améliorés avec un réceptacle dont le bord recouvre celui du boîtier. Les appareils à lampe avec un réceptacle à soufre réglable en hauteur et un espace ouvert vers le haut entre la coupelle d'évaporation et le boîtier ne correspondent plus aux standards actuels et devraient être éliminés. Lors de la reconstitution d'un sinistre, il a pu être mesuré que la surface extérieure d'une lampe atteignait 250 °C en seulement quatre minutes. Et après six minutes, la température s'élevait à 266 °C. Dans ce cas, le risque d'incendie par auto-inflammation du soufre est considéré comme particulièrement élevé.

Évaporateurs à platine

UN RISQUE MOINS ÉLEVÉ

Un évaporateur à platine comprend une coupelle d'évaporation, une platine chauffante (fixe) et un boîtier. Ce type de matériel représente un risque moindre dans la mesure où la platine est fixée sur un support rigide et ne peut donc pas venir au contact du boîtier, même en cas de suspension de travers. Un débordement du soufre est possible mais il ne provoque pas d'inflammation car la platine n'atteint pas la température d'auto-inflammation. Aujourd'hui, il existe également des évaporateurs où la platine est directement intégrée à la coupelle. Ces modèles sont vivement recommandés, mais ils sont toutefois encore rarement utilisés.

La cause principale de débordement reste le sur-remplissage et/ou la suspension de travers. Ces situations doivent être évitées avec tous les types d'appareils. L'incendie est souvent propagé par les écrans d'ombrage se situant au-dessus des évaporateurs. « C'est pourquoi nous préconisons expressément l'utilisation de toiles difficilement inflammables (classées en catégorie feu B1/M1) dans le cadre de nos contrats d'assurance, et qu'il convient de respecter une distance suffisante entre les appareils et les écrans », recommande Gartenbau-Versicherung.

Anticiper les dangers

UN ENSEMBLE DE MESURES À RESPECTER

- Concernant le choix de l'évaporateur : il convient de préférer un appareil avec protection antisurchauffe et avec une graduation de remplissage. Il faut prévoir une longueur de câble suffisante pour un accrochage vertical correct. Seules les coupelles en aluminium peuvent être utilisées. Lors d'une acquisition, il est nécessaire de remplacer les évaporateurs à lampe par des appareils à platine. Il ne faut pas utiliser d'appareils à lampe avec coupelle réglable en hauteur.

- Concernant la manipulation de l'évaporateur : ne pas utiliser de cartouche de soufre pour éviter tout débordement. Il faut remplir l'appareil avec du soufre - en poudre uniquement - jusqu'au niveau maximal indiqué par le constructeur (deux tiers) pour éviter tout débordement. Faire le remplissage en évitant les coulures. L'appareil doit être branché seulement après avoir été rempli.

- Concernant la surveillance des évaporateurs en marche : lors de l'utilisation d'un programmateur ou d'une minuterie, des applications de 6 à 8 heures sont suffisantes. Les appareils ne doivent être utilisés qu'en position verticale et, si besoin, il faut rallonger le câble. Seuls des écrans thermiques doivent être installés et mieux vaut choisir des filets d'ombrage difficilement inflammables. Respecter une distance minimale de 1 mètre entre l'évaporateur et l'écran. Ne pas déposer de matériaux inflammables à l'aplomb d'un évaporateur tels que le polystyrène, le film, le carton, les déchets végétaux secs... et recouvrir les surfaces synthétiques (fonds de tablettes, paillage...) d'un matériau ininflammable (dalle, plaque métallique...). Quant aux tablettes de culture en plastique, attention, elles augmentent le risque potentiel de départ d'incendie.

Des publications d'information, diffusées pour la sécurité des exploitations, sont éditées par certains assureurs. Il convient de les mettre à disposition des salariés, voire de les afficher sur le lieu de travail. « Nous en rédigeons à l'occasion de sinistres réels ou de développements techniques et économiques », explique Gartenbau-Versicherung. « Les sociétaires de notre mutuelle peuvent recevoir gratuitement, sur simple demande, nos contributions. » Ces documents sont aussi mis à disposition sur internet au format PDF (http://www.hortisecur.fr/fr/gestion-du-risque.html). Une brochure (n° 27) existe déjà sur la sécurité et la désinfection des eaux d'arrosage. Deux autres sont en cours d'élaboration : le risque incendie en fonction des types d'écrans thermiques, et les citernes et autre réservoirs susceptibles d'inonder les serres.

Odile Maillard