PARCOURS L'As de la reconnaissance des végétaux couronné de lauriers
Jeune passionné de plantes, Thomas Lorenzo connaît tant de noms d'espèces qu'il a décroché un titre de champion de France...
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Incollable ! En français, en latin... Les plantes n'ont plus de secrets pour lui. À 19 ans, Thomas Lorenzo est champion de France de reconnaissance des végétaux 2015 (concours Reco). Comment a-t-il fait ? Depuis cinq ans, il enchaîne les études dans le domaine horticole : en parallèle d'un bac pro « conseil vente en produits de jardin », à Beaune-la-Rolande (45), il passe en candidat libre un CAP de fleuristerie, « pour le côté créatif et éphémère des fleurs ». Puis il opte pour un BTS technico-commercial « jardin et végétaux d'ornement » qu'il suit au Centre de formation d'apprentis (CFA) Naturapolis, à Châteauroux (36). Rémunéré, ce cursus allie études supérieures et expérience professionnelle. Il permet de se former au métier de chef de rayon en jardinerie, conseiller vendeur, technico-commercial, responsable des achats et ventes, négociant, attaché commercial et, à terme, directeur de magasin. Thomas Lorenzo travaille dans une jardinerie en région parisienne une trentaine de semaines par an. À l'avenir, il se voit bien chef de rayon dans une jardinerie, ou coach de jardin. Et pourquoi pas développer des jardins à but thérapeutique ? « Peu importe le poste, du moment que je suis avec des fleurs », lance le jeune homme.
Participation
UNE COMPÉTITION RÉGIONALE, PUIS NATIONALE
Toujours prêt à mieux connaître le milieu horticole, le jeune homme n'hésite pas longtemps lorsqu'une professeure lui propose de participer à un concours de reconnaissance de végétaux. « Elle nous a inscrits, mais nous ne savions même pas - au départ - comment allait se dérouler la compétition. Lors d'une sélection dans notre lycée, une quarantaine de plantes étaient posée sur les tables. Il fallait donner leur variété, leur nom latin, leur famille et leurs caractéristiques. Je ne me suis pas trompé, alors j'ai été sélectionné pour la finale nationale », explique Thomas Lorenzo, modestement. Quelques mois plus tard, en décembre, la finale se déroule à Lyon (69). Pour l'occasion, il révise ses classiques. Un peu. « Les organisateurs, Val'hor et l'Unep (les entreprises du paysage), nous ont donné une liste de 600 plantes à retenir. J'ai essayé de les apprendre, mais entre les cours et le travail ce n'était pas facile. Heureusement que j'en connaissais déjà avant. »
Difficulté
RECONNAÎTRE DES TIGES NUES, DÉPOURVUES DE BRANCHES !
Thomas Lorenzo, accompagné de sa professeure, part tôt de Châteauroux pour arriver à Lyon le matin. Sur le salon, il s'entraîne en participant au concours pour le grand public. Puis, il est le premier à entrer dans la salle. Un peu stressé. Face à lui, des branches nues, sans feuilles. En hiver, peu de végétaux sont fleuris ! « J'étais content lorsque sur la table, j'ai aperçu un Callicarpa et ses baies violettes ainsi qu'une tige d'hortensia reconnaissable à la position des bourgeons », explique l'étudiant. Il parle des plantes avec un mélange de douceur et d'alacrité. « En hiver, seules les marbrures du bois peuvent différencier un érable à peau de serpent d'un érable du fleuve amour. » Au bout d'une heure, il sort de la salle. « J'ai eu quelques trous de mémoire sur le nom de certaines plantes d'intérieur, mais dans l'ensemble, j'étais fier de moi. » Quatre-vingt-huit participants lui succèdent, dont une vingtaine dans sa catégorie, en BTS.
Thomas Lorenzo doit attendre 24 heures pour connaître les résultats. La remise des prix s'effectue le lendemain après-midi, il est plutôt serein. Brun, des lunettes noires qui soulignent son regard foncé, et un grand sourire, Thomas Lorenzo raconte son histoire avec simplicité. « Lorsque l'on m'a appelé pour monter sur le podium, j'avais le sourire aux lèvres. Je ne m'y attendais pas du tout, j'étais en jeans à trou et en baskets... » Il soulève avec fierté son trophée de champion de France de reconnaissance des végétaux. Il est le seul à être sur le podium, les autres candidats n'ont pas eu la moyenne.
Passion
D'UN COIN CULTIVÉ À L'OMBRE À QUELQUES SUJETS RARES
Si le lauréat connaît aussi bien les végétaux, c'est qu'il a été bercé dedans. Son grand-père, chercheur chez le semencier Clause, lui transmet sa passion. Rapidement, le petit-fils cultive son propre carré dans le jardin de ses parents. « Ils me laissaient un coin à l'ombre comme si j'étais puni. C'est sans doute pour cela que j'ai développé une passion particulière pour les fougères et les heuchères. Mais, maintenant, c'est moi qui commande dans leur jardin », plaisante-t-il. Thomas Lorenzo y possède quelques plantes peu courantes, comme les lys des crapauds (Tricyrtis hirta) qui ressemblent à l'orchidée, une Saxifraga fortunei 'Wada' au feuillage vert et aux fleurs blanches, ou encore une scabieuse de 2 m, qui offre un coloris jaune. Sur la terrasse, une collection d'agapanthes attire le regard : la 'Twister' et ses fleurs bleues et blanches, la 'Northern Star' avec ses feuilles noires, ou la 'Gold Strike' et son feuillage panaché.
Expérience
UN STAGE DE SIX MOIS EN SLOVAQUIE DANS LE CADRE D'ERASMUS +
Après son succès au concours et l'obtention de son BTS, Thomas Lorenzo a décidé de s'envoler pour la Slovaquie, à Bratislava. Depuis octobre 2016, il effectue un stage de six mois, post BTS, par le biais du programme Erasmus +. « Mon choix s'est porté sur la Slovaquie car le CFA Naturapolis de Châteauroux y a beaucoup de contacts. C'était plus facile pour trouver un stage et un logement. » Le champion est parti avec trois autres camarades. Deux travaillent dans un zoo. Une copine et lui ont préféré rejoindre une jardinerie, au sein de Kulla, une société de travaux paysagers. Thomas Lorenzo est affecté au pôle « fleuristerie » dans un premier temps. « Il se pourrait qu'au mois d'avril, nous participions à une grande manifestation florale que notre entreprise organise. C'est une sorte de salon du végétal, comme à Angers (49). Ça se passe extrêmement bien. Les Slovaques sont très accueillants et assez curieux d'avoirdes Français à leurs côtés. Nous apprenons leur langue et ils apprennent la nôtre. »
Aude Richard
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