Un lycée high-tech et respectueux des critères environnementaux

Comment immerger des élèves en formation technique initiale dans des conditions aussi proches que celles des professionnels ? En ayant une exploitation au top des technologies et des critères du moment. C'est le pari que se sont lancés le lycée agricole Honoré-de-Balzac, à Castelnau-le-Lez (34) et la Région Languedoc-Roussillon. Propriétaire de l'immobilier, en charge des gros investissements de cet établissement public, le conseil régional a mis les moyens pour rénover le seul lycée horticole public assurant des formations initiales dans le département de l'Hérault. « Notre première mission, c'est la pédagogie, mais nos équipements n'ont pas cette seule vocation. Les objectifs du ministère de l'Agriculture sont de mettre les apprenants en conditions de découvrir tous les gestes professionnels, certes, mais aussi de produire autrement. Il y a peu, nous étions centrés sur les cultures techniques, viables et durables. Maintenant, il faut être innovant et aller plus loin : il faut produire plus “propre”, avec moins d'intrants, de phytosanitaires, de rejets d'effluents, et nettement moins de déperditions énergétiques... Nos élèves (en bac pro horticole) doivent savoir utiliser des équipements hyperperformants comme ceux des exploitations dans lesquelles ils auront à travailler ou s'installeront », souligne Sylvie Dolet, la directrice de l'établissement.

Diagnostic

UN PROJET DE MODERNISATION

En 2003, est arrivé Guy Bernard, agent du ministère, chargé de l'exploitation du lycée. Ses missions : faire un diagnostic et proposer un projet de modernisation. Les outils en place (tunnels et ombrières) étaient encore fonctionnels, mais anciens, vieillissants, pas démonstratifs, et surtout pas sécuritaires. Il a donc fallu intégrer les normes d'un établissement ERP (établissement recevant du public), ici des élèves et de la clientèle. C'est d'autant plus impératif qu'avec les formations bac pro « vente des produits horticoles » et UFA (unité de formation par apprentissage) en CAP fleuriste, le lycée fait de la vente sur place. « Les normes ERP ont imposé une structure renforcée double vitrage, avec du verre sur la totalité des 1 750 m² de production et de vente, comme pour les jardineries, et des écrans spécifiques », explique Christian Cros, technico-commercial régional chez CMF. La Région est par ailleurs attachée à l'accueil des personnes à mobilité réduite, d'où la largeur exceptionnelle des allées et plusieurs portes de secours pour permettre également les grands flux de visiteurs ou de clients. Élèves et salariés ont été sensibilisés à la sécurité au travail (SST), notamment via des interventions de la MSA, consacrées, par exemple, à l'ergonomie au travail. Et dans le couloir d'accès, beaucoup de procédures relatives à la sécurité ont été affichées, à commencer par la manipulation des produits dangereux. « Nous devons rendre visible tout ce que nous entreprenons », reconnaît Guy Bernard.

ISO 14001

UNE NORME ENVIRONNEMENTALE

Depuis 2010, l'exploitation du lycée est engagée dans la certification environnementale ISO 14001, une démarche commune menée avec vingt-cinq entreprises régionales agricoles en intégrant le groupe Terre de Languedoc. Il s'agit en particulier de réduire au maximum les impacts des activités sur l'environnement, dans un processus d'amélioration continue. La démarche permet de mutualiser les moyens avec des maraîchers, des producteurs de jeunes plants, de plantes aromatiques, des viticulteurs, des éleveurs, des pisciculteurs... Un second groupe est en phase de constitution. La Région a insisté pour que la future structure entre également dans les critères de la norme ISO. Cet automne, le site passe un audit interne qui sera réalisé par des contrôleurs professionnels du groupement et par le Cerfrance (réseau associatif de conseil et d'expertise comptable). Le cabinet Ocacia interviendra en audit externe en janvier 2015.

« Aujourd'hui, nous avons de quoi intégrer la protection biologique intégrée (PBI) et approcher le zéro phyto », constate Guy Bernard, également chargé de la gestion globale de l'exploitation. « Tout le système de fertirrigation fonctionne en circuit totalement fermé, avec recyclage intégré. La gestion du climat est informatisée, mais les conditions ont changé par rapport aux tunnels d'autrefois. Il faut apprendre à travailler en conditions plus sèches sous verre et mieux aérées. » Et après avoir envisagé une pompe à chaleur, la nouvelle chaudière fonctionnera dès cet hiver, finalement avec des granulés de bois (en approvisionnement local). Une décision de politique régionale pour tous les établissements scolaires dont le Languedoc-Roussillon est en charge. Par ailleurs, l'exploitation envisage de postuler pour la démarche Plante Bleue, a priori plus facile à obtenir quand on est déjà agréé ISO 14001.

Sylvie Dolet insiste : « Les contraintes ministérielles imposent que nous restions une unité économiquement autonome. Les charges de fonctionnement comme les salaires (1,5 équivalent temps plein), les approvisionnements, et les fournitures sont financés par les produits de la vente réalisée sur place à destination d'une clientèle très locale. »

Avenir

VERS DE NOUVELLES FORMATIONS ?

« À ma connaissance, il existe une seule serre de ce niveau dans un établissement scolaire, et elle est ici. Ce type d'installation est digne des structures d'expérimentation et de recherche », assure Christian Cros. Dès ce printemps, les applications pratiques pour les cours et la vente au public ont recommencé. « Nous avons mis en place des réunions tous les quinze jours avec les professeurs pour organiser les plannings de TP. » En plus des travaux accompagnant les cours, chaque élève, en production ou en vente, doit obligatoirement suivre une semaine de stage au sein de l'exploitation, par équipe de deux à six (mixte seconde pro et première pro).

Des professionnels locaux sont impliqués dans le conseil d'administration du lycée Honoré-de-Balzac, de Castelnau-le-Lez. Les installations permettent, par exemple, d'inviter des professionnels pour des réunions techniques. Des ateliers d'animation et de sensibilisation en direction des écoles maternelles et primaires (enfants de 4 à 11 ans) vont être de nouveau organisés au printemps prochain. À terme, il serait logique qu'un établissement avec un tel équipement accueille des expérimentations au bénéfice des producteurs locaux. Et souhaitable qu'il ouvre de nouvelles classes, pourquoi pas de niveau BTS. « Nous l'espérons, et si c'est le cas, ce ne sera envisageable qu'en apprentissage. Cela viendrait en complément des classes formant les fleuristes par apprentissage », conclut Guy Bernard.

Odile Maillard