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Maladie de Lyme : la connaître pour se protéger des piqûres de tiques

Les prairies humides, comme les boisements, constituent des milieux favorables à la survie des tiques. PHOTO : YAËL HADDAD

Fin 2016, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a lancé le « Plan national de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmises par les tiques ». La sensibilisation des professionnels aux risques encourus et aux moyens de se préserver constitue l'une des premières armes pour se prémunir contre cette affection.

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La maladie de Lyme ou Borréliose de Lyme est une maladie infectieuse provoquée par une bactérie appartenant à la famille des Borrelia. Elle affecte les personnes qui ont été piquées par une tique porteuse de cette bactérie, en sachant toutefois que toutes ces piqûres ne seront pas contaminantes. « Il s'agit de la plus fréquente des maladies infectieuses vectorielles liées à des tiques, en Amérique du Nord et dans les pays tempérés d'Europe et d'Asie », précise le docteur Gaëtan Deffontaines, médecin à la caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (MSA). La sensibilisation des personnes à risques - professionnels du paysage et de la forêt, promeneurs et campeurs - reste l'un des meilleurs moyens pour éviter de se faire piquer ou pour limiter les conséquences. Afin d'être pleinement efficaces, les démarches de prévention doivent passer par un faisceau de mesures : amélioration de la connaissance du cycle biologique de la tique et de la bactérie incriminée ainsi que des symptômes ; évaluation des situations à risques et des mesures pour éviter la contamination.

Transmission

UNE ZOONOSE VECTORIELLE

Si la maladie existe depuis plusieurs siècles, sa description en tant que maladie de Lyme d'origine infectieuse remonte au début des années 1970. Elle s'est fait jour à la suite d'une épidémie d'arthrite chez des enfants survenue dans le comté de Lyme, aux États-Unis, en 1975. Le germe responsable de la maladie, la bactérie Borrelia burgdorferi, a été découvert par le scientifique américain Willy Burgdorfer en 1982.

« Aujourd'hui, on considère qu'il existe en Europe plusieurs espèces de Borrelia responsables de la maladie, dont les plus fréquentes sont Borrelia garinii, Borrelia azfelli et Borrelia burgdorferi sensu stricto. L'ensemble de ce cortège de bactéries est désigné sous le terme de Borrelia burgdorferi sensu lato », explique Gaëtan Deffontaines.

La maladie de Lyme appartient à la catégorie des zoonoses, maladies transmises à l'homme par un animal. La transmission des zoonoses peut s'opérer par différentes voies : peau, muqueuse, système respiratoire ou voies digestives, insectes, acariens... La Borréliose de Lyme est qualifiée de zoonose vectorielle, car elle est transmise par un vecteur spécifique, une espèce de tique à corps dur, Ixodes ricinus lorsqu'elle est infectée par le biaisd'un animal contaminé, réservoir de la maladie. Il s'agit de la zoonose professionnelle la plus déclarée dans le monde agricole ces dernières années.

Évolution

PLUSIEURS NIVEAUX D'AFFECTION

Lors d'un « repas sanguin » pris par une tique infectée, les bactéries présentes dans son tube digestif vont migrer vers les glandes salivaires. Le risque de transmission des bactéries dépend de la durée de contact de la salive avec l'hôte et du taux d'infestation de la tique. On considère qu'il reste faible si la durée d'attachement est inférieure à 12 h. « Les spécialistes de pathologie infectieuse distinguent trois phases évolutives liées à la possible dissémination progressive des bactéries dans le corps humain : une forme localisée précoce (stade primaire), une forme disséminée précoce (stade secondaire), une forme disséminée tardive (stade tertiaire) », précise Gaëtan Deffontaines.

Au stade primaire, on observe généralement l'apparition d'un érythème migrant (en forme d'anneau qui s'élargit progressivement), dans les 3 à 30 jours après la piqûre. Celui-ci disparaît spontanément après quelques semaines ou quelques mois. En l'absence de traitement à ce stade ou si l'érythème est passé inaperçu, le stade secondaire (forme disséminée précoce) peut parfois survenir quelques semaines à quelques mois après la piqûre, mais ce n'est pas systématique. Le patient atteint peut développer alors différents types de pathologies neurologiques appelées neuro-borrélioses, une arthrite (genoux, coudes), ou plus rarement des troubles cardiaques, une atteinte oculaire, un lymphocytome bénin (petit nodule rouge à brun sur la peau). La forme disséminée tardive (stade tertiaire) peut apparaître dans les 6 mois à quelques années après la contamination, en l'absence de traitement, notamment lorsque les signes antérieurs sont passés inaperçus. On observe le développement de neuro-borréliose tardive, acrodermatite chronique atrophiant (affection de la peau), arthrites aiguës récidivantes ou chroniques. Il existe aussi des formes qualifiées d'asymptomatiques car elles se développent sans aucun symptôme précoce ni tardif. Les formes secondaires et tertiaires sont plus complexes à soigner et peuvent laisser des séquelles invalidant pour les personnes touchées. C'est pourquoi la sensibilisation de tous et en particulier des paysagistes est primordiale, car ils figurent parmi les professionnels qui peuvent être particulièrement confrontés à cette problématique.

Prévention

TROIS AXES À SUIVRE

En complément du développement des connaissances sur la maladie et ses modes de transmission, la prévention des risques au travail passe par trois axes principaux : éviter d'être piqué, éviter de tomber malade après une piqûre, limiter le développement des vecteurs de la maladie. Pour limiter les piqûres, il est recommandé de porter des vêtements couvrant bras et jambes et d'éviter de travailler tête nue dans les zones à risque. L'utilisation prolongée de répulsifs cutanés ou vestimentaires n'est pas souhaitable dans la durée. Après chaque journée de travail, il est indispensable de pratiquer un examen très soigneux de la peau, en inspectant tout particulièrement les zones de plis et le cuir chevelu. Si la présence d'une tique est détectée, son extraction doit être réalisée sans utilisation de produits (alcool, éther, désinfectant...) et sans appuyer sur le corps pour éviter les risques de régurgitation et donc de contamination. Le retrait est réalisé à l'aide d'une pince ou d'un tire-tique (disponible en pharmacie ou chez les vétérinaires). Une fois la tique retirée, il faut désinfecter la zone de piqûre et la surveiller durant les semaines suivantes (au moins un mois) pour dépister l'apparition éventuelle d'un érythème migrant. Dans ce cas ou en cas de doutes, il est nécessaire de consulter rapidement son médecin traitant en expliquant la situation. Le dernier axe de prévention doit permettre de limiter la prolifération de ces acariens dans l'environnement, en particulier dans les zones d'endémie. Les mesures à prendre concernent la régulation des populations de cervidés, la gestion ciblée des boisements ou encore le fauchage des prairies humides, le ramassage des feuilles. Le développement des pratiques de gestion écologique (réduction des tontes, stockage sur place des feuilles et déchets végétaux) pourrait-il avoir contribué à l'augmentation des contaminations chez les paysagistes ? C'est une hypothèse qu'aucune étude statistique n'est encore venue conforter ou infirmer.

Fin 2016, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a lancé le « Plan national de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmises par les tiques ». À travers 5 axes et 15 actions, l'objectif est non seulement de renforcer la connaissance, la surveillance et la prévention de ces maladies, mais aussi d'améliorer le diagnostic et la prise en charge des malades, en particulier ceux qui ont développé des formes secondaires et tertiaires. Un engagement de l'État reconnu comme une première avancée par les membres de la FFMVT (Fédération française des maladies vectorielles), qui militent depuis plusieurs années pour une approche différente des pathologies chroniques, non reconnues pour l'heure par les autorités sanitaires nationales.

Yaël Haddad

En haut : une tique sur une herbe en attente d'une proie , animale ou humaine...

PHOTO : AGENCE BIOS

Une tique gorgée de sang : pour pondre, elle a besoin de se nourrir de trois repas de sang.

PHOTO : T. ZIMMERMANN

Érythème migrant sur un bras piqué auparavant par une tique.

PHOTO : CDC/J. GATHANY

En incrustation : une nymphe accrochée dans la peau.

PHOTO : NAVAHO

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