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Jardins d'expression valorise l'approche professionnelle

Le rouge et le blanc dominent dans cette évocation de Fujin, le dieu du vent dans la mythologie japonnaise. Les étudiants en arts appliqués, à Angers, qui ont développé ce projet rappellent ainsi l'image de celui qui est généralement représenté comme un démon aux cheveux rouges.

Initié par la ville et l'agglomération d'Angers (49) en 2013, le concours Jardins d'expression s'adresse aux étudiants des filières horticoles, paysagères et artistiques. Objectifs : susciter leur créativité et dynamiser leur implication comme des professionnels. Le succès est au rendez-vous.

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Mettre les étudiants en situation professionnelle : c'est l'un des objectifs majeurs du concours Jardins d'expression dont l'édition 2014 vient de se terminer. Pour l'atteindre, le parcours est clairement balisé. « Nous proposons aux étudiants de déposer leur candidature et de présenter leur projet devant un jury. Le fruit de leurs idées entre ensuite dans sa période de réalisation puis il sera jugé », rappelle Dominique Bréjeon, vice-président d'Angers Loire Métropole, en charge des parcs et jardins. « C'est un concours que nous indiquons aux élèves de première année en BTS “Aménagements paysagers” », précise Marie Glory, enseignante et référente de ce dossier au lycée Le Fresne, à Angers. Dès l'automne, une fois le concours présenté par les services de l'agglomération, les élèves volontaires commencent à réfléchir, par équipe de trois, quatre ou cinq, au thème proposé : Un jardin d'eau sans eau en 2013, Vent de folie au jardin cette année et Lumière au jardin pour 2015.

Un budget de 200 euros

Au Centre national de promotion horticole (CNPH), le concours est intégré à la formation des jeunes en bac pro « Productions horticoles » dans le module « Éducation socio-culturelle ». « Nos stagiaires se destinent à la production mais il est également intéressant pour eux de se confronter à une approche paysagère et de réfléchir sur la place du végétal dans notre société, dans notre culture », souligne Didier Breitbach, formateur. Une réflexion qu'ils mènent seuls. « Durant la phase de brainstorming (remue-méninges), je leur demande de se concentrer uniquement sur le thème sans se préoccuper de l'aspect végétal des choses et je quitte la salle. » Cette année, les douze stagiaires du CNPH ont créé Lendemain de fête au jardin. Un espace qu'ils ont voulu comme celui de Monsieur Tout-le-monde mais dans lequel ils ont introduit des éléments insolites à l'instar d'une chaise renversée ou d'une bouteille oubliée dans l'herbe. À charge pour le visiteur d'imaginer une suite.

« Nous accompagnons peu nos élèves », reconnaît également Marie Glory. « Ils réalisent leur projet en grande partie en dehors des heures de cours. Ils apprennent ainsi à réagir comme des professionnels, à écarter très vite ce qui ne sera, par exemple, pas possible à mettre en place, et à travailler avec peu de moyens. » Pour aménager une parcelle de 20 m², chacune des équipes se voit remettre 200 euros. Un budget modeste qui les conduit vers des démarches de récupération et de communication auprès des fournisseurs (de plantes, de terreaux, de poteries...), en particulier à l'occasion du Salon du végétal. « Nos stagiaires ont la chance de pouvoir s'appuyer sur la production du CNPH mais ils font également appel à des sponsors. Cette année, environ la moitié des plantes utilisées ont été obtenues par ce biais », poursuit Didier Breitbach. Le printemps venu c'est à Saint-Barthélemy-d'Anjou (49), dans le potager du domaine de Pignerolle, que tous les étudiants convergent. Entre le 15 avril et l'inauguration officielle des jardins à la mi-juin, ils ont deux mois pour mettre en oeuvre leur projet. Et parfois, ce délai prend des allures de défi. Défi météo pour ces étudiants du CNPH qui avaient, cette année, décidé de semer un gazon. Défi technique pour édifier cette spirale métallique haute de trois mètres ou encore cette fontaine maçonnée. Inaugurés le 19 juin, les Jardins d'expression 2014 sont restés ouverts au public jusqu'au 28 septembre. Leur entretien a été assuré tout l'été par les jardiniers du domaine. « Près de 35 000 visiteurs se sont déplacés, soit un peu plus que l'an dernier », précise Dominique Bréjeon. Un succès de fréquentation qui se double d'un intérêt ouvertement manifesté. Le règlement du concours offre, en effet, aux visiteurs la possibilité de voter pour leur jardin préféré. Pas moins de 5 000 bulletins de vote ont été déposés dans l'urne située à l'entrée du potager.

Le concours prévoit donc l'attribution de deux prix : celui du public et celui d'un jury professionnel, qui avait, l'an dernier, récompensé Bain de nature, l'espace présenté par une équipe du lycée Le Fresne. « Ce lauréat 2013 a été reproduit, cette année, en plein centre-ville d'Angers, place du Ralliement, à une échelle appropriée au lieu, soit cinq fois plus grand que lors du concours dans le jardin du parc de Pignerolle », précise Dominique Bréjeon. L'an prochain, il en sera de même avec le gagnant de l'édition 2014, dont le nom devrait être connu dans le courant du mois de novembre...

Anne Mabire

Cette réalisation, mise en oeuvre par des élèves en arts appliqués, à Angers, invite à chercher l'origami parfait, présent dans une seule des cages de cette volière. Ailleurs, le vent a semé le désordre.

Lendemain de fête, réalisé par des stagiaires du CNPH, met en scène la folie douce et légère des hommes, folie qui n'atteint pas la nature.

L'eau est omniprésente dans ce jardin intitulé Quand la folie balaie la raison, proposé par des étudiants du lycée Le Fresne, à Angers.

Repris dans plusieurs concepts, le thème de la spirale est ici organisé par des étudiants de l'ESA dans un projet baptisé La spirale infernale.

PHOTO S : ANNE MABIRE

Le jardin d'Haiyan, en référence au cyclone qui avait ravagé les Philippines en 2013, a été réalisé par des étudiants du lycée Le Fresne. Il s'illustre par une structure métallique haute de 3 mètres.

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