PARCOURS Soigner et apaiser en jardinant grâce à l'hortithérapie
Premier prix du Concours d'avenir 2016 de la Fondation Truffaut, Romane Glotain s'investit désormais dans une mission de service civique pour devenir hortithérapeute.
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Romane Glotain a eu tour à tour de la chance, fait preuve de réactivité, et bénéficié de rencontres. Durant son bac STAV (sciences et technologies de l'agronomie et du vivant), option « paysage », au lycée Jules-Rieffel, à Saint-Herblain (44), elle rencontre son premier référent : Florent Dionizy, animateur en développement durable. Il sensibilise un groupe d'élèves aux jardins de soins entre autres. Dans ce cadre, elle intervient, avec des animateurs soignants, au sein de la maison de retraite de la commune pour mener des activités de jardinage auprès de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. « Grâce aux végétaux, nous faisions travailler les cinq sens et la stimulation de la mémoire. C'est efficace, en particulier chez les malades qui avaient eu un jardin ou qui avaient travaillé la terre. » Romane Glotain découvre donc l'hortithérapie à cette époque. Mesurant ce qui lui importe le plus, l'association entre le lien social et sa passion pour le jardin, elle n'hésite pas à s'investir dans l'aménagement d'un jardin de soins sur le site de l'école.
« Dès la sortie du lycée, j'ai eu envie de devenir hortithérapeute. J'ai choisi un BTS productions horticoles avec l'option "PPAM (plantes à parfum, aromatiques et médicinales)" au lycée Le Fresne, à Angers (49). En seconde année, grâce à Jean-Luc Hesnault, l'un de nos professeurs, je me suis lancée dans le concours d'hortithérapie Projet d'avenir, organisé par la Fondation Truffaut. » Lauréate, elle est amenée à rencontrer Béatrice Marteau, infirmière à Angers, isolée dans ses projets de diffusion de l'hortithérapie. En coordination avec des professionnels de santé et des passionnés de jardin, toutes les deux se lancent dans la création d'une association (a.d.hortitherapie@gmail.com) spécialement dédiée, cherchent à développer leur réseau et le concept, et prévoient le lancement d'un site Internet. De même, lors de son passage devant le jury national du concours, la jeune femme fait la connaissance d'Hervé Bertrix, responsable du centre de formation de Chaumont-sur-Loire (41), lequel lui offre une session de trois jours consacrée aux jardins thérapeutiques. « J'y ai rencontré des professionnels ayant déjà réalisé des projets, dont Dominique Marboeuf (voir le Lien horticole n° 895, du 27 août 2014, p. 10). »
Les patients deviennent soignants
BTS en poche, elle mène en parallèle diverses recherches qui la conduisent vers un service civique. Un foyer de vie, l'Artimon au Mans (72), dépendant de l'établissement public de santé mentale, propose une mission de neuf mois. Elle la décroche, crée puis aménage un jardin. Elle propose et organise des animations destinées à un public allant de personnes trentenaires à sexagénaires, soit une trentaine relativement autonomes. Les volontaires participent aux semis, aux plantations... « Je note les évolutions des patients pour que l'ensemble des soignants puissent les constater. Nous menons également des travaux sur la concentration, l'addiction au tabac, et surtout l'anxiété et l'autonomie. Ces personnes, très autocentrées, ont besoin de lien social : le jardin peut devenir un lieu de vie, de créativité et de partage pour se rassurer et se reconstruire. Nous avons monté un tunnel et commencé à structurer l'espace avec un verger et un massif fleuri. Les patients participent à la culture de A à Z. Ils deviennent des soignants pour les plantules. Ce rôle leur plaît beaucoup, leur donne des repères, avec les saisons par exemple, mais il faut toujours faire preuve de tact, de pédagogie, et de patience avec eux. »
Dans le même temps, elle développe son projet. Elle espère pouvoir créer son propre jardin thérapeutique, à Campbon (44), sur des terres familiales. « Je souhaiterais l'utiliser comme un outil de soin et de médiation, en complément de pratiques plus conventionnelles. J'aimerais organiser des ateliers thématiques, assez réguliers et à moyen terme, pour avoir le temps de voir les évolutions des patients en lien avec les équipes de santé. » Son projet est déjà bien déterminé mais « le plus dur sera d'aménager un endroit adapté à de multiples publics (enfants, autistes, aveugles, personnes en fauteuils roulants, personnes âgées, personnes stressées, sujets présentant des troubles du comportement...) ».
Toujours en contact avec son référent initial, Florent Dionizy, jamais avare de conseils, Romane Glotain ne craint pas le manque de candidats. Au contraire, il y a tout ou presque à faire en matière de développement de l'hortithérapie. « Et il existe des centaines de centres hospitaliers, maisons de retraites, foyers dans ma région. En ce moment, je travaille sur un questionnaire relatif aux besoins de ces structures. Et je devrais pouvoir compter sur l'Institut du service civique. Il aide les jeunes à trouver leur premier emploi, à réaliser leur projet, ou à intégrer une formation. Il apporte un soutien financier, un accompagnement par des professionnels, des associations... » Romane Glotain regarde également du côté des pays anglophones, très avancés en la matière. « Je dois aussi suivre une formation de deux jours, à Nantes (44), sur le choix des statuts juridiques et l'ébauche de chiffrage. Je souhaite constituer un dossier très complet afin de demander des financements via la plate-forme participative Ulule (https://fr.ulule.com), entre autres.
Odile Maillard
Pour en savoir plus : - blog https://lebonheurestdanslejardin.org/h3rc2yphttp://tinyurl.com/hu9csdah7e5txfanslejardin.org/ - formation à Chaumont-sur-Loire (41) : Tél. : 02 54 20 99 07 et http://tinyurl.com/h7e5txf - formation à Toulouse (41) : http://tinyurl.com/hu9csda
PHOTO : FLORENT DIONIZY
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