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EMPLOI-FORMATION Retrouver un travail grâce aux ateliers et chantiers d'insertion

« Toutes les candidatures doivent être validées par Pôle Emploi », explique Jérémy Roussin, chargé d'insertion dans le secteur de Roussillon (84).PHOTO : CLAUDE THIERY

Ces dispositifs peuvent constituer une passerelle pour aider le retour à l'emploi des allocataires du RSA et autres minima sociaux, chômeurs de longue durée, personnes en situation de handicap et jeunes de moins de 26 ans. Ils permettent également d'acquérir des compétences et des qualifications.

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L'Office national des forêts (ONF) est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), qui a pour mission principale la gestion des forêts publiques appartenant à l'État et aux collectivités. L'office réalise également des activités conventionnelles, dont certaines, comme l'insertion, relèvent de ses missions d'intérêt général. En Isère, l'ONF met en oeuvre des chantiers d'insertion dans le cadre de la convention PRODÉPARE (PROgramme DÉpartemental d'insertion PAR l'Environnement) conclue en 1994 avec le conseil général. À ce titre, il est conventionné par l'État en tant qu'atelier et chantier d'insertion (ACI) pour la mise en oeuvre, sur le département, de cinq équipes de six salariés en insertion, chacune sur un secteur géographique bien identifié. Deux missions lui sont confiées : permettre à des publics éloignés de l'emploi de se remobiliser sur un projet personnel ou professionnel ; et réaliser des travaux à vocation environnementale, répondant à un besoin d'intérêt général non couvert, auparavant, par le secteur marchand. Il peut s'agir de travaux d'entretien de cours d'eau, d'espaces naturels sensibles et de sentiers, de lutte contre les plantes invasives, de plantations de haies... En tant qu'ACI, ces prestations s'adressent uniquement à des organismes publics ou d'intérêt général : communes, communautés de communes, syndicats intercommunaux, associations, conseil général. Un agent d'encadrement est chargé du démarchage, des relations avec les maîtres d'ouvrage et de l'organisation des chantiers. Sur le terrain, chaque équipe est entourée par un encadrant technique. Celui-ci est présent en permanence avec les salariés, il manage et réalise les travaux avec l'équipe. Il a également une mission de formation et d'évaluation des salariés. L'équipe dispose d'un fourgon pour le transport des personnes et de tous les matériels nécessaires à la réalisation des travaux : tronçonneuses, débroussailleuses, serpes, treuils. Les salariés sont dotés d'équipements de protection individuelle (EPI) et de vêtements de travail. Pour la mise en oeuvre des chantiers, les équipes d'insertion peuvent bénéficier, pour les travaux très techniques, dangereux ou nécessitant une mécanisation, de l'aide et du savoir-faire des salariés de l'ONF.

Le cumul de plusieurs problématiques sociales

En plus de l'agent d'encadrement et de l'encadrant technique, le chargé d'insertion est le troisième interlocuteur professionnel intervenant auprès des équipes. Ses missions sont multiples : recrutement, suivi socioprofessionnel, préparation à la sortie d'insertion. « Les recrutements sont réalisés sur prescription de référents habilités par l'État : conseillers de la mission locale, Pôle Emploi ou Cap Emploi, ou du département pour les allocataires du revenu de solidarité active (RSA) », indique Jérémy Roussin, chargé d'insertion pour le secteur de Roussillon (84), qui poursuit : « La priorité est donnée aux allocataires du RSA (50 % minimum) et autres minima sociaux. Nous recrutons également des jeunes de moins de 26 ans, des demandeurs d'emploi de longue durée et des travailleurs en situation de handicap. Toutes les candidatures doivent être validées par Pôle Emploi. »

Pour toutes ces personnes, les freins à l'emploi peuvent être de plusieurs ordres et c'est la plupart du temps le cumul de plusieurs problématiques sociales qui est à l'origine de la non-employabilité. Le faible niveau de qualification est le critère principal (88 % des recrutements en 2016), suivi des problèmes financiers (58 %) et des soucis de santé (54 %). On constate également un fort pourcentage de publics non mobiles (49 %). Les salariés sont recrutés en contrat à durée déterminée (CDD) de six mois, renouvelable une fois, pour un travail de 26 heures par semaine sur trois jours.

« Les chantiers ONF sont un bon test d'employabilité, avec une mise en situation réelle de travail, avec des consignes très strictes de sécurité à respecter du fait de la dangerosité potentielle des outils utilisés et de la nature du travail réalisé », précise Myriam Illy, responsable départemental de la structure PRODÉPARE. Elle ajoute : « Une très grande majorité des salariés en insertion sont satisfaits de l'activité réalisée, même pour ceux issus du milieu urbain. Les chantiers en extérieur et le sentiment de réaliser un travail utile sont motivants. En moyenne, sur les trente salariés recrutés (cinq équipes), seuls deux ou trois ne vont pas au-delà de leur période d'essai d'un mois. Cette activité professionnelle est le support du travail d'accompagnement réalisé pendant le contrat : redynamisation, resocialisation, reprise de confiance en soi, développement de capacités, mobilisation vers la résolution des problèmes sociaux et des différents freins à l'emploi... » L'objectif de l'ONF est de permettre aux salariés de progresser, d'acquérir des compétences et des qualifications, dans le but de préparer au mieux le retour à l'emploi, quel que soit le secteur envisagé, ou une action de formation. L'activité est avant tout un tremplin plus qu'une orientation professionnelle vers les métiers forestiers qui ne concerne qu'une dizaine de personnes chaque année. Ces dernières ont alors la possibilité de préparer le titre professionnel « ouvrier du paysage ». Cette option est rendue possible grâce au plan de formation mutualisé porté par TI38 (*), ou par la mise en oeuvre du dispositif RSFP (Reconnaissance des savoir-faire professionnels). Ce dispositif, piloté par l'Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), permet aux salariés de voir reconnues leurs compétences par des jurys de professionnels, sur des référentiels d'activité tels que le débroussaillage, le façonnage d'arbres ou encore l'abattage en taillis. Ces compétences peuvent être complétées par d'autres actions de formation telles que le certificat d'aptitude à la conduite en sécurité (CACES).

« L'État impose un minimum de "sorties dynamiques" »

Enfin, le chargé d'insertion doit préparer les salariés aux démarches de recherche d'emploi ou de formation : aide à la rédaction de CV, simulation d'entretien d'embauche, lien avec Pôle Emploi et avec les entreprises ou employeurs publics pour des périodes de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP). « Les chargés d'insertion sollicitent leurs connaissances et leurs propres réseaux personnels. Ils participent à des actions mises en place sur les territoires tels que des forums pour l'emploi, des journées de l'insertion... en lien avec les autres structures », note Jérémy Roussin qui précise : « L'État nous impose un minimum de "sorties dynamiques", c'est-à-dire débouchant sur un emploi durable, un emploi de transition ou une formation. » Suivant les années, ce taux varie entre 44 % et 60 % (50 % en 2016). Les sorties vers un emploi durable (contrat à durée indéterminée (CDI) ou CDD de plus de six mois) restent faibles : seulement 4 % à 5 % en 2015 et 2016, contre 23 % en 2014. Les sorties sur un emploi transitoire (CDD, contrat intérim, contrat aidé) sont un peu plus élevées : entre 12 % et 18 %. Entre 25 % et 30 % sont orientés vers une formation professionnelle à l'issue de leur contrat.

Claude Thiery

(*) Le collectif Territoire d'insertion 38 (TI38) coordonne, au niveau départemental, en lien avec les réseaux régionaux, un plan de formation mutualisé pour les salariés en insertion. Soit 27 000 heures bénéficiant à 600 salariés chaque année, tous secteurs d'activité confondus.

L'encadrant technique est présent sur le terrain. Il manage et réalise les travaux avec l'équipe. Il a également une mission de formation et d'évaluation des salariés. PHOTO : CLAUDE THIERY

PHOTO : CLAUDE THIERY

L'entretien d'espaces naturels sensibles et de sentiers, la lutte contre les plantes invasives, la plantation de haies... font partie de ces dispositifs d'insertion.

PHOTO : CLAUDE THIERY

Les ateliers concernent également le bûcheronnage pour l'aménagement des bords de rivières et autres cours d'eau...

PHOTO : SYNDICAT HYDRAULIQUE DE LA VARÈZE

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