Émigrer... une expérience à tenter !
François Carrière est chef de culture au Québec. Il relate son parcours outre-Atlantique et les opportunités pour trouver du travail, encore en ce moment, au Canada.
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«Il y a trente-cinq ans, en 1986, alors que j’étais employé au service des espaces verts d’Orléans, dans le Loiret, je prenais l’avion vers le Québec pour trouver un emploi en horticulture. J’avais obtenu une mise en disponibilité de un an pour suivre mon épouse québécoise. J’y ai été reçu comme résident permanent, ce qui me donnait le droit de travailler au Québec et dans toutes les autres provinces du Canada. J’ai par la suite demandé la nationalité », relate François Carrière, actuellement chef de culture aux Serres Jacques Barbe, à Saint-Eustache, à l’ouest de Montréal.
« Ce qui m’a le plus surpris au début, poursuit-il, c’est le dynamisme d’entreprise. Ici, tout est possible, tout va très vite et toute initiative visant à améliorer le travail ou à soulager les dirigeants dans leurs tâches est bienvenue. Ainsi, arrivé au Québec sans contact et sans piste de travail, j’ai téléphoné aux entreprises horticoles. Je me suis présenté dans deux centres de jardin et je n’ai eu qu’à choisir, en l’occurrence celui qui offrait un poste mixte de production et de vente au détail. J’ai réussi à intégrer l’équipe du centre de jardin Hamel à Québec. J’ai commencé la semaine suivante à la production en serres puis je me suis impliqué dans la vente. On m’a confié de plus en plus de tâches, j’ai aidé dans trois nouveaux magasins et, par la suite, j’ai fait partie du comité de gestion des quatre magasins. Je suis allé un an en Ontario, où j’ai été responsable dans une compagnie qui produisait des violettes africaines. »
« Depuis seize ans, je suis revenu près de Montréal, comme chef de culture aux Serres Jacques Barbe, qui produit des annuelles et des potées fleuries sous 7,1 ha de serres chauffées. En pic d’activité (de janvier à juin) y travaillent une centaine d’employés. Nous écoulons notre production dans différentes grandes surfaces – Walmart et Costco – au Québec, en Ontario, ainsi qu’aux États-Unis. Le plus difficile a sans doute été de concilier le ratio travail/famille. Je passais plus de temps aux serres qu’à la maison », confie-t-il.
Chef de culture… et recruteur
« Avec l’ouverture des trois succursales, il nous fallait recruter de la main-d’œuvre qualifiée pour compléter et encadrer l’équipe déjà en place. Ayant gagné la confiance de mon employeur de l’époque, j’ai été chargé de cette responsabilité. J’ai alors passé une annonce dans Le Lien horticole. À la suite des nombreuses demandes reçues, et grâce à Claude Leforestier, mon ancien directeur de l’école d’horticulture d’Orléans, j’ai pu rencontrer tous les candidats, témoigne-t-il. Trois ont pu tenter l’expérience de s’établir au Québec. L’un est encore à Montréal où, après une rapide progression, il est aujourd’hui chef de culture dans une grosse société de production de vivaces. »
« Actuellement, nous sommes plusieurs entreprises québécoises à éprouver beaucoup de difficultés pour pourvoir des postes de cadres et d’employés qualifiés, indique François Carrière. Dans la mienne, par exemple, consécutivement aux derniers agrandissements (2,2 ha de serres) et en prévision de mon futur départ à la retraite, en juin 2023, nous recherchons la personne qui saura saisir l’occasion de relever un défi à la mesure de ses ambitions. Les candidats et candidates de l’Hexagone seront les bienvenus. »
« Il me semble que, pour quelqu’un voulant vite progresser, dans un contexte où le secteur horticole est en constante progression et où les marchés sont quasiment sans limites (Canada, États-Unis), l’occasion est favorable. Mais, nuance-t-il, pour qui veut sortir du lot, il faudra donner beaucoup de sa personne : ouverture d’esprit, grande disponibilité car les horaires peuvent être parfois exigeants, capacité de soutenir la pression lors des pics de production et de mise sur le marché. En contrepartie, les salaires sont à l’avenant et les promotions peuvent arriver assez rapidement. »
« Les critères d’admissibilité pour venir travailler au Canada sont multiples et varient selon les années. En ce moment, il est assez facile d’obtenir un permis de travail vu le contexte de pénurie de main-d’œuvre. Les programmes a priori le plus adaptés pour un titre de travail temporaire (deux ans) sont le “permis jeune professionnel au Canada*” et le “programme des travailleurs étrangers temporaires**” », conclut-il.
Odile MaillardPour accéder à l'ensembles nos offres :