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Les grandsDryopteris,semblables et différents

Le dryoptéris semblable Dryopteris affinis subsp. affinis, ainsi dénommé en raison de sa ressemblance avec la fougère mâle Dryopteris filix-mas, s’en distingue assez facilement… en regardant bien quelques critères spécifiques et en s’exerçant. Mais trois espèces supplémentaires, très proches de D. affinis, sont désormais détachées de ce groupe, en France. Sans compter cinq sous-espèces rencontrées à travers l’Europe et des hybrides.Christophe Chambolle et Valéry Malécot

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Cette rubrique jusqu’à présent dévolue à la (re)découverte de végétaux méconnus, dans leur existence et/ou dans leurs usages, va s’enrichir régulièrement de nombreuses plantes intégrées dans la base de données Tepik*, que les apprenants en horticul­ture et en paysage sont censés connaître.

Cette première fiche rappelle les détours tumultueux de la classification botanique d’un groupe de fougères, les différences entre plusieurs espèces, sous-espèces et hybrides. Elle intègre également deux exemples distincts avec leurs critères botaniques spécifiques et leurs photos afin d’aider à la reconnaissance (en encadrés).

Histoire confuse

L’histoire de Dryopteris af­finis est très confuse. Dans le courant du xixe siècle, diverses plantes qui se rapprochaient de Dryopteris filix-mas ont été décrites et les déli­mitations des genres ont été longtemps incertaines entre Dryopteris, Aspidium, Polystichum, Lophodium, Lastrea ou Nephrodium.

La première mention d’une espèce du groupe est donnée, en 1805, par Jean-Baptiste de Lamarck et Augustin-Pyramus de Candolle sous le nom de Polystichum abbreviatum.

On trouve également Nephrodium affine Newman en 1836, Lastrea pseudomas Wollaston en 1856 ou Dryopteris filix-mas var. borreri Newman la même année.

Ces divers noms vont être recombinés dans les genres Dryopteris ou Nephrodium, traités selon les auteurs comme des espèces ou des sous-espèces. Diverses autres sous-espèces seront décrites.

Groupe complexe

Ce n’est qu’entre 1980 et 2010, à l’occasion d’études de dénombrement chromosomique de plantes vivantes et des échantillons originaux, qu’une clarification du groupe est devenue possible. Il faut ainsi signaler que l’on se trouve dans le cas d’un complexe impliquant :

- des espèces sexuées ou apomictiques – c’est-à-dire stables et qui forment des populations homogènes mais sans avoir de reproduction sexuée – diploïdes ;

- des plantes triploïdes et tétraploïdes constituant des espèces apomictiques ;

- des individus triploïdes et des pentaploïdes, instables, interprétés comme des hybrides et ne se rencontrant que ponctuellement en présence des parents.

En milieu naturel, on peut ainsi rencontrer :

- Dryopteris affinis, qui comporte cinq sous-espèces : affinis, punctata, paleaceolobata, kerryensis et jessenii (les trois dernières étant absentes de France) ;

- D. cambrensis, avec quatre sous-espèces : cambrensis, distans, insubrica et enfin pseudocomplexa ;

- D.borreri.

En culture, il existe un petit nombre de cul­tivars au feuillage crispé : ‘Cristata’, ‘Cristata Angustata’, ‘Crispa Gracilis’ (aussi connu sous la dénomination ‘Crispa Congesta’), classiquement attribués à Dryopteris affinis mais qui pourraient bien être des sélections de Dryopteris borreri.

Tache d’un noir profond

Nommé également « dryoptéris écailleux », Dryopteris affinis est pourvu de nombreuses et grandes écailles brun-roux, un caractère relativement distinctif de son groupe. Il s’agit d’une plante pérenne qui forme de belles touffes­, sur un court rhizome peu ramifié.

Un des critères déterminants de l’espèce correspond à l’existence régulière – ou l’absence constante – d’une tache noir profond, à l’insertion des pennes sur le rachis, en face inférieure. Commune à tout le groupe affinis, cette tache est à contrôler en plusieurs points, sur du matériel frais. Un axe de la penne assombrie tend parfois à masquer son existence.

Idéales à l’ombre

Toutes ces fougères ont un potentiel intéressant pour orner les zones d’ombre. Pour cela, elles exigent un air humide, apprécient un sol assez frais, limono-sableux humifère plutôt acide. La fougère mâle est plus adaptable, mais elle aime un sol poreux et fertile.

Dryopteris affinis et Dryopteris borreri ont la particularité d’être apogames : les spores permettent une multiplication sans fécondation, donnant ainsi une descendance à peu près identique à la plante mère.

Pour en savoir plus : lire l’article « Tepik : la reco avec un outil trois-en-un », dans Le Lien horticole n° 1113 de mars 2022.

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