QuercusQuels critères pouridentifier les chênes ?
Les chênes à feuillage caduc indigènes en France - Quercus petraea, Quercus pubescens et Quercus robur - ont des histoires nomenclaturale et évolutive complexes. Photo principale : chêne dont seul le patrimoine pubescent est indiscutable. En médaillon : détail de jeune feuillage montrant la pubescence.
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Sous les trois noms Quercus petraea, Quercus pubescens et Quercus robur, on recense douze sous-espèces (quatre sous petraea, cinq sous robur et trois sous pubescens) mais également plus de 500 synonymes dont plus de 400 sont des noms d’espèces. C’est dire la difficulté qu’il y a eu à distinguer ces espèces et surtout à traiter la variabilité morphologique liée à de l’isolement ou à des introgressions (des échanges entre populations), voire des hybridations, dans toute leur aire de répartition, du Portugal au Caucase.
Aujourd’hui, les sous-espèces reconnues sont essentiellement circonscrites à la portion sud de l’aire de répartition, c’est-à-dire les pays bordant le nord de la Méditerranée.
Sous Quercus pubescens se rencontrent :
- crispata (= anatolica) en Grèce et en Turquie ;
- subpyrenaica en Espagne.
Quercus petraea regroupe :
- polycarpa (= iberica), dans les Balkans, en Turquie ;
- huguetiana, en Espagne ;
- austrotyrrhenica, en Italie ;
- pinnatiloba, en Turquie et en Lybie.
Au sein de Quercus robur peuvent s’observer :
- pedunculiflora, dans les Balkans et la Turquie ;
- borteroana, en Espagne et au Portugal ;
- imeretina, dans le Caucase ;
- brutia, en Italie et dans les Balkans.
Certains auteurs vont même jusqu’à distinguer des variétés, des formes et des sous-formes pour structurer la diversité de ces trois chênes. En culture, au-delà des provenances destinées à la plantation forestière, c’est au sein de Quercus petraea et Quercus robur que l’on rencontre quelques dizaines de cultivars se distinguant par leur port (en général plus étroit ou plus ovale, tels Quercus robur ‘Koster’, ‘Zeeland’, ‘Elsendorp’ ou Quercus petraea ‘Westcolumn’), ou par la forme ou la couleur de leurs feuilles (Quercus robur ‘Timuki’, arborant un feuillage pourpre).
Sessile, pubescent et pédonculé ? Souvent les deux, parfois les trois
Les trois principaux chênes caducs* ont une propension importante à s’hybrider, de sorte qu’au sein d’un peuplement où coexistent plusieurs d’entre eux, les individus purs sont parfois moins nombreux que les individus hybrides. Ces trois espèces restent séparées par des caractères écologiques différents.
Le chêne pédonculé Quercus robur, seul capable de résister à des inondations prolongées, est donc prédestiné pour les grandes vallées alluviales.
Le chêne pubescent Quercus pubescens, seul capable de supporter un déficit hydrique très sévère, s’épanouit sur les coteaux secs.
Le chêne sessile Quercus petraea, seul capable de se régénérer à l’ombre de vieux arbres, se rencontre dans les forêts anciennes.
Mais la plupart des situations sont éloignées de de ces extrêmes et l’interfécondité conduit à observer des individus avec des caractères morphologiques ambigus, devant lesquels la détermination doit plutôt se réaliser à l’échelle de la population que de l’individu, à moins de séquencer les gènes de chacun d’entre eux !
On peut donc souhaiter que les échantillons à reconnaître lors de tests d’identification seront sélectionnés avec soin, car nommer correctement des individus introgressés provenant de deux, trois, voire quatre parents purs se révèle impossible.
*Le chêne tauzin Quercus pyrenaica est une quatrième espèce caduque, également interféconde avec les trois autres.
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