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Nouvelles technologies Cultiver dans des milieux toujours plus hostiles

Interstellar Lab a imaginé BioPod, une serre high-tech en forme de bulle destinée à faire pousser des plantes dans des environnements très extrêmes, sur Terre et dans l’espace.

Longtemps réservée à la science-fiction, la production de plantes ailleurs que sur Terre devient une réalité. Ces productions hyper contrôlées en milieu fermé pourraient avoir des applications concrètes.

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La première culture de graines dans l’espace a débuté en 1994 à bord de la station spatiale MIR, dans le cadre d’une coopération russo-américaine. De nombreuses expérimentations ont suivi depuis. Parmi les dernières, l’astronome Thomas Pesquet a cultivé quelques plantes à bord de la station spatiale internationale. Ces recherches visent à préparer les équipages à cultiver une partie de leur nourriture lors des missions spatiales de longue durée. Cultiver sur la Lune ou sur Mars ? Des entreprises et des agences spatiales commencent à y réfléchir sérieusement depuis quelques années.

Cultiver sur la Lune ?

La start-up française Interstellar Lab a imaginé BioPod, une serre high-tech en forme de bulle destinée à faire pousser des plantes dans des environnements très extrêmes, sur Terre et dans l’espace. Ce module fonctionne à l’aéroponie. Les racines des plantes sont en suspension dans le vide et des solutions nutritives sont pulvérisées. Il faut compter tout de même 250 000 euros pour le modèle de 55 m² (soit 110 m² de culture). Les premiers clients sont des entreprises de la cosmétique, de la chimie ou de la pharmacie qui ont besoin d’ingrédients dont la composition est stable et connue. La société réfléchit à rendre le module utilisable en station spatiale ou lunaire.

Première contrainte : l’aéroponie n’est pas possible en station spatiale, étant donné l’absence de gravité (les gouttelettes d’eau resteraient en suspension).

D’autres questions se posent, comme la protection contre les radiations, et des contraintes concernant l’envoi de ce module (masse, dimensions…), etc. Le design et les matériaux utilisés devront probablement être revus pour une utilisation extra-terrestre.

En parallèle de son module BioPod, Interstellar Lab a annoncé – fin 2023 – un partenariat avec l’entreprise américaine Astrolab dans le but de faire pousser des fleurs sur la Lune. Cette mission, prévue pour 2026, ne serait qu’une première étape. Les informations concernant l’impact de l’environnement lunaire sur les végétaux permettront d’affiner une potentielle future culture de plantes sur le satellite.

Autre entreprise avec des objectifs similaires : Lunaria One. Cette société australienne a été sélectionnée en 2022 pour un voyage vers la Lune prévu lui aussi en 2026. Son projet Aleph-1 consiste à envoyer un ensemble de graines et de plantes choisies pour résister aux conditions lors du transit vers la Lune, ainsi qu'à la surface. L’entreprise vise à montrer une croissance dans les 72 premières heures suivant l'alunissage.

Une ferme sous-marine

En Italie, le patron d’une entreprise de matériel de plongée a lancé un projet fou – surnommé le jardin de Némo – il y a une dizaine d’années : faire pousser des plantes terrestres sous l’eau. Six dômes remplis d’air en suspension dans la Méditerranée font pousser basilic, tomates, aubergines et salades, avec la condensation comme seul arrosage. Ces serres de mer flottant entre six et dix mètres de profondeur sont alimentées en électricité par des générateurs éoliens et des panneaux solaires installés en surface. Cette solution permet d’éviter les aléas climatiques comme la sécheresse, mais aussi évite les ravageurs et les maladies. Avec un avantage supplémentaire : la germination et la pousse y semblent plus rapides qu'à terre.

Si la plupart de ces projets sont encore balbutiants et que l’on n’est pas encore capable de faire pousser des légumes sur la Lune ou Mars, cette éventualité ne paraît plus si folle pour les années à venir, à la faveur des avancées techniques dans la culture en milieu fermé.

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