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Recherche végétal Atténuer le risque de surchauffe en ville

D’après un inventaire mondial publié début 2024, les parcs et jardins sont les aménagements les plus efficaces pour diminuer la température de l’air des métropoles.

Une équipe internationale de scientifiques a réalisé un inventaire mondial de l’efficacité de l'abaissement des températures grâce aux infrastructures vertes et bleues.

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Des chercheurs améri­cains, chinois, anglais, australiens et brésiliens ont compilé toutes les études mesurant le refroidissement des villes engendré par les parcs, jardins, zones humides, lacs, murs et toits végétaux, arbres d’alignement… Plus de 25 000 publications scientifiques ont été analysées, et environ 200 d’entre elles ont été gardées afin d’évaluer précisément l’efficacité du refroidissement par types d’infra­structures*.

Parmi les plus efficaces arrivent en tête les parcs et jardins botaniques, suivis de près par les zones humides. Les murs végétaux viennent compléter le podium. Mais les variations sont importantes selon le type de climat ou l’échelle spatiale considérée.

Des différences selon la méthode

Certaines études compilent des mesures in situ, tandis que d’autres se fondent sur la modélisation. Quelques-unes utilisent les deux approches combinées.

Pour les premières, les infrastructures ayant montré la meilleure efficacité sont les murs végétalisés, les toits végétalisés, les zones humides, les parcs et les arbres de rue avec, respectivement, une diminution de la température de l’air jusqu’à 4,8 °C, 3,9 °C, 3,1 °C, 3,1 °C et 2,8 °C. Certaines catégories étaient associées à de bien plus importantes réductions encore, mais avec des incertitudes élevées dues à un nombre très faible de données. C’est par exemple le cas des jardins de pluie et des étangs d’atténuation – conçus pour retenir le ruissellement des eaux pluviales – avec plus de 6 °C.

Pour les résultats obtenus par modélisation, la plantation d’arbres d’alignement était la catégorie la plus efficace, avec une diminution de la température de 4,3 °C. Les autres catégories amenaient à une réduction au maximum de 3 °C, hormis les balcons végétalisés, crédités d’une diminution de 6,1 °C, mais avec une incertitude très forte liée là encore au manque de données.

Les études combinant les deux approches ont pour leur part montré une efficacité maximale de 3 °C obtenue grâce aux terrains de sport, mais encore une fois avec une incertitude élevée. Les auteurs de cette étude ont compilé l’ensemble des approches, en ne gardant que les données les plus robustes. Les résultats globaux avancent une réduction de température plus élevée pour les jardins botaniques (4,9 °C), les zones humides (4,7 °C) et les murs végétaux (4,1 °C). Cette méta-analyse met aussi en évidence le fait que certains espaces verts ou infrastructures ne sont pas assez pris en compte dans les études : outre les terrains de sport, dont les golfs, c’est aussi le cas des jardins privés ou des jardins potagers.

Des disparités selon le lieu

Par ailleurs, les aménagements varient fortement en fonction des continents. Par exemple, en Asie, les zones humides et les parcs sont les plus fréquemment étudiés pour lutter contre la surchauffe urbaine. En Europe, ce sont d’abord les alignements d’arbres, puis les murs et toits végétaux. En Australie, les études portent en premier lieu sur les murs végétaux, puis sur l’irrigation des arrière-cours, les parcs, les alignements d’arbres et les toitures végétalisées. En Amérique du Nord, les parcs, les alignements d’arbres et les zones humides sont les principales catégories décrites. Ces différences traduisent divers contextes régionaux, conditions climatiques et priorités d’urbanisme.

Une question de climat

L’étude montre en outre que le type de climat est primordial dans l’efficacité des espaces verts et bleus mis en place dans les villes. Si des refroidissements importants sont constatés pour les climats con­tinentaux, secs et tempérés, ce ne semble pas être le cas dans les villes en climat tropical. Cette situation est liée à l’humidité élevée et aux fortes précipitations. Étant donné les changements climatiques en cours, certains aménagements qui sont actuellement efficaces sous nos latitudes pourraient l’être moins à l’avenir, et inversement. Toutes les solutions ne se valent pas. Un point à ne pas perdre de vue par les décideurs et urbanistes lors des planifications.

*« Urban heat mitigation by green and blue infrastructure : Drivers, effectiveness, and future needs », Kumar Prashant et al. ; The Innovation, Volume 5, Issue 2, 100588.

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