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“Une meilleure lisibilité grâce à la double certification”

Pour Sylvain Papuchon (à gauche) et Gilles Boutreux, codirigeants de Floress, à Andard (49), GlobalGap s'inscrit dans la continuité de Plante Bleue, en certifiant l'alimentaire.

Dans le Maine-et-Loire, Gilles Boutreux et Sylvain Papuchon, déjà certifiés « Plante Bleue », cultivent désormais leur gamme de végétaux aromatiques sous certification alimentaire « GlobalGap ». Une façon de se maintenir sur le marché en offrant une meilleure lisibilité de leurs produits.

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Gilles Boutreux et Sylvain Papuchon, son associé, amené à reprendre l'entreprise Floress, à Andard (49), ont obtenu la certification GlobalGap fin 2013. Leur collection complète d'aromatiques (plus de 30 variétés) figure désormais au catalogue Végécom sous la marque Jardins de Loire « Aromatique prête à cuisiner », déclinée en conteneurs de 0,5 à 5 litres et jardinières en mélange à thèmes.

Pour Gilles Boutreux, « la démarche environnementale est une évidence ». Le chef d'entreprise s'est renseigné sur le label MPS (Milieu Programma Sierteelt), « mais c'est un label européen » et « il faut essayer de défendre le territoire national ». L'entreprise s'est donc engagée dans la démarche Plante Bleue en 2012. Toutefois, l'horticulteur souhaitait aller plus loin. Pourquoi pas une production AB ? « À l'époque, nos clients nous demandaient du bio pour les aromatiques et les plants de légumes. Mais les jardineries ne nous semblaient pas le type de magasin conforme pour vendre des produits AB, avec des présentations inadaptées et une clientèle très volatile. Nous n'avions pas d'intérêt économique à mettre en oeuvre une démarche AB, non rémunérée à sa juste valeur. » En revanche, Gilles Boutreux désire proposer un produit écoresponsable : produit en France, en Anjou, dans le respect des normes, avec une traçabilité, etc. « Intellectuellement, ça m'intéresse de savoir ce que je consomme. » Le chef d'entreprise a sondé son entourage, pour qui une offre « prête à cuisiner » semblait mieux répondre aux attentes que du bio. Il a émis l'idée auprès des centrales qui ne se sont pas montrées réellement intéressées. « Nous avons continué de travailler sur le sujet quand même ! »

La même année, sur le Salon du végétal, Gilles Boutreux découvre la démarche HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point) de l'entreprise italienne de plantes et d'herbes aromatiques Più Sapore, démarche qui garantit la maîtrise de la sécurité sanitaire des denrées alimentaires. Intéressés, les deux associés se sont renseignés auprès de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) pour appliquer la méthode à leur gamme d'aromatiques. « Mais en France, il y avait un vide juridique pour les plants de légumes racinés en pot, la présence de matière organique dans le pot freinant toute certification alimentaire. » Finalement, l'administration a accepté de certifier ces produits, à condition qu'ils respectent les normes agroalimentaires.

Mais à qui s'adresser ? « Lors de notre passage à la certification Plante Bleue, nous avons eu une discussion avec l'auditeur, sur notre démarche “Prête à cuisiner” », racontent les producteurs. Il s'est avéré qu'Ocacia, l'organisme certificateur pour le label environnemental, se charge également des audits pour GlobalGap (voir notre encadré). L'auditeur leur a conseillé de se rapprocher de cet organisme. Dès 2012, Floress s'est lancée dans la démarche, a monté le dossier et commencé à se mettre en conformité avec les normes demandées. « Quand l'auditeur est passé pour le réaudit Plante Bleue en été 2013 (nous avions été tirés au sort), il a réalisé du coup un audit blanc pour GlobalGap », relate Sylvain Papuchon. Heureuse surprise, l'entreprise répondait aux exigences et l'audit a été validé en fin d'année. Elle a pu communiquer sur sa double certification, alimentaire et environnementale, et présenter sa gamme « Prête à cuisiner » au Salon du végétal 2014.

« Plante Bleue nous a apporté beaucoup, tant sur le volet social en interne que sur les bonnes pratiques environnementales : sensibilisation au tri, station d'arrosage et fertilisation (installation de bacs de rétention), plate-forme pour les effluents... », souligne Sylvain Papuchon. La certification vérifie la conformité de l'entreprise sur sept points de contrôle : l'irrigation, la fertilisation, la protection des cultures, la gestion des déchets, l'énergie, les impacts sur l'environnement et les conditions de travail. « Pour beaucoup de sujets, nous étions proches de la vérité, précise Gilles Boutreux. Ce qui nous manquait, c'était la formalisation. Il faut donner un cadre aux choses pour les inscrire dans le durable, mettre en place des protocoles. »

« GlobalGap représente encore plus de traçabilité et d'administratif », ajoute Sylvain Papuchon. Les associés le confirment, de nombreux critères Plante Bleue sont également demandés par GlobalGap. La certification alimentaire comporte, en plus, un paquet hygiène important, qui implique « encore plus de rigueur, encore plus de papiers et d'enregistrements ».

L'entreprise a donc dû entreprendre plusieurs modifications supplémentaires pour respecter le cahier des charges GlobalGap. Certaines procédures concernent l'hygiène : installation d'un lavabo avec robinet à commande au genou ; consignes de lavage des mains avant la préparation des commandes, et cheveux attachés. D'autres ciblent plus particulièrement la sécurité alimentaire : protocole pour les bris de verre ; qualité de l'eau d'irrigation ; analyse des LMR (limites maximales de résidus), avec des prélèvements d'échantillons au début, en milieu et en fin de saison. Par ailleurs, Floress conserve un échantillon de chaque lot dans un congélateur. Côté traçabilité, les pots sont classés grâce à des étiquettes comportant le numéro de lot (date de mise en production), la quantité en culture, le nom et le contenant. L'entreprise peut, pour un produit donné, déterminer le lot de graines dont il est issu, ses dates de semis et de repiquage, la fertilisation apportée, le déplacement de zones... Tout est sur tableau Excel.

Le dossier GlobalGap et l'audit auront coûté 600 euros à Floress, quant aux modifications apportées, elles s'estiment surtout en temps passé. L'audit doit être renouvelé tous les ans (l'auditeur ne se déplace pas forcément), pour un coût annuel de 300 euros et 40 euros de cotisation. À cela s'ajoutent les frais d'analyse (par exemple, 35 euros l'analyse d'eau).

La formule « Aromatique prête à cuisiner » et l'infographie (une silhouette de femme) ont été déposées auprès de l'INPI (Institut national de la propriété industrielle). Les frais de création, marketing, dépôt de marque et communication s'élèvent à un peu plus de 2 500 euros HT.

« La double certification apporte une meilleure lisibilité de l'offre commerciale », estime Gilles Boutreux. C'est surtout le cas pour la gamme d'aromatiques que l'entreprise a développé, pour atteindre, en 10 ans, près de 60 % de la production. Créée en 1984, l'entreprise cultivait de la plante à massif et des plants de légumes pour une coopérative angevine. Deux ans après son départ de la « coop » pour former le groupement Végécom avec trois autres sociétés de production (en 2001), elle a commencé à développer l'aromatique pour les jardineries.

Aujourd'hui, certaines centrales et certains propriétaires de magasins indépendants se montrent intéressés par la gamme de plantes prêtes à cuisiner que commercialise Végécom pour Floress. Les associés ont peu augmenté leurs prix pour cette année test de lancement mais sont satisfaits de s'être maintenus dans un marché devenu très concurrentiel. Petit coup de pouce, la gamme profite d'une TVA à 5 % en tant que produit alimentaire, ce qui n'est pas le cas des plants AB qui ne sont pas HACCP.

Valérie Vidril

Avec cette double certification, l'entreprise espère se démarquer auprès des centrales. Ici, un pot de persil en 2 litres avec poignée.

Les pots de 1 litre sont imprimés : « Aromatique prête à cuisiner », marque Jardins de Loire, conseils d'entretien et astuces culinaires.

Les plantes sont classées par lot grâce à des étiquettes mentionnant le nom, la quantité mise en production, le contenant et le numéro de lot (date de mise en production).

Les dirigeants de l'entreprise ont choisi de conserver des échantillons de chaque lot pour conforter la traçabilité.

Différentes mesures d'hygiène ont dû être mises en place, comme cette commande au genou du lavabo pour le lavage des mains.

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