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“ EcoJardin, un atout pour évaluer et faire évoluer ses pratiques ! ”

Cécile Schleuniger, directrice du service « parcs et jardins » de Lille, a participé dès 2010 au comité technique piloté par Plante & Cité pour la mise en oeuvre du nouveau label de gestion écologique des jardins, EcoJardin. Dix parcs et squares de la ville vont être proposés à la labellisation dans les prochaines semaines.

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À l'instar d'autres collectivités territoriales, Lille s'est engagée en faveur du développement durable depuis une dizaine d'années. Dès 2001, des mesures de gestion écologique ont été appliquées sur le terrain, telles que la pratique de fauches avec exportations, le maintien de vieux arbres et de bois morts, la valorisation des milieux aquatiques ou la création d'aménagements spécifiques en faveur d'espèces rares ou protégées. En 2009, cette politique s'est vue confortée par la thématique « biodiversité », validée comme sixième axe de l'Agenda 21 de la ville. Et, depuis 2010, le conseil municipal a adopté un « plan biodiversité » construit autour de cinq axes : connaître la biodiversité urbaine avec la mise en place d'un observatoire ; recréer le lien entre l'homme et la nature grâce à un programme éco-citoyen ; travailler en amont sur les aménagements avec un projet le moins impactant possible ; activer un plan de recherche sur la biodiversité urbaine pour améliorer les connaissances dans ce domaine ; développer une gouvernance participative (élus, techniciens, citoyens) ainsi que des outils d'évaluation de la démarche et des actions mises en oeuvre.

C'est dans ce contexte que la direction des « parcs et jardins » a souhaité lancer une démarche de labellisation pour deux de ses principaux parcs, le parc Matisse, situé dans le secteur d'Euralille à deux pas de la gare TGV Lille Europe (8 ha), et celui de la Citadelle (70 ha), qui regroupe plusieurs entités : la citadelle Vauban (propriété du ministère de la Défense), un espace boisé d'une quarantaine d'hectares comprenant un parc zoologique, des zones plantées, des allées, un espace de loisirs pour les enfants, un parcours de santé et des terrains de sport, le tout ceinturé par les canaux de la Deûle. « Ils ont reçu en 2008 la labellisation EVE, espace vert écologique d'Ecocert », explique Cécile Schleuniger, directrice du service « parcs et jardins ». « L'objectif premier était de disposer d'une évaluation externe et objective de nos actions. Il s'agissait aussi de valoriser les efforts menés ces dernières années par les équipes de terrain pour faire évoluer leurs pratiques de gestion. Une démarche pas si évidente pour certains et qui implique un fort investissement de leur part. » À l'heure du renouvellement de la certification en 2009, la ville a été sollicitée par le comité technique mis en place par Plante & Cité pour concevoir la labellisation EcoJardin.

« S'impliquer dès le démarrage de ce projet avec l'élaboration du référentiel et des grilles d'évaluation du label nous est apparu comme un moyen d'aller plus loin dans l'amélioration de nos modes de fonctionnement et dans la formalisation par écrit de nos actions. Une avancée importante, car les services techniques étaient plutôt jusque-là dans une culture de l'oral, comme dans beaucoup d'autres villes. Cela représentait également une opportunité de mener un travail collaboratif, de partager nos expériences avec d'autres collectivités et des gestionnaires privés », poursuit Cécile Schleuniger. Les atouts du label EcoJardin ont, dès le départ, été perçus comme multiples. Tout d'abord l'indépendance est totale entre le propriétaire du label (Plante & Cité), son gestionnaire (Natureparif), les auditeurs (experts indépendants), et les collectivités. D'autre part, le libre accès au référentiel pour les gestionnaires d'espaces verts, même pour ceux qui souhaitent dans un premier temps s'approprier celui-ci sans se lancer concrètement dans la certification, constitue un plus.

À l'époque du lancement de ce projet, le référentiel du label EVE d'Ecocert n'était pas disponible de la même façon. Aujourd'hui, il permet de mieux planifier les actions et de développer une démarche d'autoévaluation, avec toute une série d'indicateurs qui offrent la possibilité de mesurer réellement l'évolution des pratiques, dans un esprit de progression permanente. Le processus de labellisation à proprement parler est réalisé site par site, mais il faut pouvoir justifier que la démarche engagée est globale à l'échelon du territoire. Pas question d'avoir un parc « vitrine » et le reste à la traîne... Cet outil permet aussi de disposer d'un langage commun précis sur les différents domaines de la gestion écologique (sol, eau, biodiversité, déchets...). Enfin, il est un moyen de valoriser le travail effectué, tant auprès du grand public que des élus et des services techniques.

Autre argument pour la ville de Lille, le coût de la labellisation. « La première s'est élevée à près de 10 000 euros pour les deux parcs. Cette année, nous l'envisageons pour dix parcs (*), un par quartier, pour la somme globale de 6 750 euros, et nous souhaitons poursuivre à raison d'une dizaine de sites par an », précise Cécile Schleuniger. Dans un contexte économique très tendu, cet argument financier n'est pas négligeable, même s'il n'est pas en première ligne. Existe-t-il des points d'achoppement liés à la mise en place de cette certification ? « Comme dans toute démarche visant à s'améliorer, il faut d'abord commencer par accepter de se remettre en question... La préparation des audits demande beaucoup de temps, les données à recueillir sont nombreuses et pas toujours faciles à collecter. Le dossier doit être bien préparé car il est complémentaire de la visite sur site par l'auditeur. Le fait d'avoir participé à la genèse du référentiel nous a aidés à avancer dans ce domaine et, depuis plus d'un an, nous avons réalisé des fiches de suivi dans les équipes. Un travail effectué pour la régie en partenariat avec les contremaîtres pour bien faire comprendre aux agents de terrain l'objectif de ces documents. Nous avons également travaillé avec les entreprises privées qui interviennent sur certains de nos sites, ce qui nous a permis de revoir certains éléments de notre cahier des charges pour le marché d'entretien que nous venons de renouveler. Par exemple, nous demandons désormais un suivi des consommations d'eau, des quantités de déchets exportés, des intrants consommés site par site. En outre, un critère “Effort d'intégration des évolutions du développement durable” a été intégré dans l'analyse des offres »...

Yaël Haddad

(*) Square Lardemer, square Bardou, parc Jean-Baptiste-Lebas, plaine des Vachers, parc des Buissonnets, parc de la Citadelle, parc Matisse, square de la Poterne, porte de Gand, jardin d'arboriculture.

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