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" Diversifier l'offre grâce à 3 200 m2 de nouvelles serres "

De gauche à droite : Nicolas Suzanne, Colette Suzanne, Vincent Morineau, et Michel Suzanne au sein des nouvelles serres.

L'EARL Suzanne, qui produit à quelques kilomètres de Caen (14) des potées fleuries et de plus en plus de plantes de diversification, a choisi une double paroi gonflable et des aires de culture au sol en subirrigation pour s'agrandir. Un investissement bouclé en 2016, après une saison satisfaisante.

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Mettre à l'abri des cultures jusqu'ici menées en extérieur et les protéger par un chauffage hors gel, sécuriser le process d'arrosage en combinant subirrigation et aspersion, et enfin accompagner l'entreprise dans sa diversification tout en apportant plus de technicité à des cultures classiques : tels sont les choix qui ont guidé, en 2016, l'EARL Suzanne lorsqu'elle a fait construire sa dernière extension. Les 3 200 m2 de serres, dont la réalisation s'est achevée en début d'année dernière, viennent compléter des extensions effectuées en 2000 et en 2007, pour porter la surface abritée totale de l'entreprise, située à Avenay, à quelques kilomètres de Caen (14), à plus de 12 000 m2.

L'irrigation, un problème récurrent pour l'exploitation. Pour répondre à ses attentes, elle a fait le choix d'une double paroi gonflable Richel de 12,8 m sous laquelle ont été installées des aires de culture de type Erfgoed placées sur un lit de pouzzolane (voir encadré). Elles permettent l'irrigation par subirrigation au sol, mais des rampes d'asperseurs complètent le dispositif. L'irrigation a toujours été un problème en hiver car la disponibilité en eau reste limitée. « Nous avons réalisé un forage à 200 m ; mais le sable présent dans le sous-sol limite son rendement à 1,5 m3/heure, expliquent les responsables de l'EARL Suzanne. Nous avons une réserve d'eau pluviale collectée sur les serres de 2 700 m3. Mais ce n'est pas forcément suffisant. Nous devons parfois avoir recours au réseau, et le coût annuel est considérable : autour de 10 000 euros. Nous devrons travailler sur ce problème dans les années à venir. »

En attendant, le système Erfgoed est accompagné d'une cuve de stockage de l'eau utilisée après chaque arrosage, un complément étant réalisé à l'eau claire. Les cultures qui l'acceptent sont irriguées en subirrigation, les autres, les Viola cornuta par exemple, sont plutôt menées en aspersion. « La subirrigation apporte beaucoup d'eau, le jeune plant ne le supporte pas forcément bien, note Nicolas Suzanne. Avant d'investir, nous avons fait le tour des collègues qui sont déjà équipés avec ce système. Ils nous ont fait part de la nécessité d'avoir de l'aspersion pour le début des cultures. »

Accueillir du jeune plant, des plantes finies, et une gamme très large. La serre devrait pouvoir abriter une grande diversité de cultures, comme les rosiers que l'entreprise produit en grande quantité. « Nous en effectuons deux rotations. Nous achetons les plants à Doué-la-Fontaine (49) et nous en vendons lorsqu'ils sont fleuris au printemps et en été. » En début d'automne, ce sont les bisannuelles et les chrysanthèmes qui y ont été cultivés.

L'EARL Suzanne a investi 500 000 euros au total, dont 150 000 dans la manutention, avec un chariot à fourche permettant d'optimiser le déplacement des végétaux.

Plusieurs générations de serres cohabitent dans l'établissement, fruit des extensions successives : chauffage à gaz thermosiphon haute et basse température en privilégiant la seconde option, plus économique, avec également quelques aérothermes, tablettes mobiles ou semi-mobiles, structures verre ou maintenant double paroi gonflable... Le tout relié par des tapis roulants.

S'associer pour poursuivre l'entreprise à deux. Nicolas Suzanne est aujourd'hui en train de la reprendre en collaboration avec un associé, Vincent Morineau. Il a intégré la société en 2007 mais ne « se sentait pas d'assurer seul la reprise ». Il a préféré faire appel à un ami avec lequel il a fait une partie de ses études. Un montage financier adapté a été établi avec les parents de Nicolas, Colette et Michel Suzanne. Sans nier les difficultés et les mu-tations actuelles du secteur, il affirme avoir réalisé l'an dernier une saison correcte, même si les nouvelles orientations des clients obligent sans cesse à se remettre en question.

« Avant, nous étions plutôt des producteurs de plantes fleuries, expliquent les parents. Tout au début, nous cultivions, dans 5 000 m2 de serres, des primevères obconiques, une culture complètement abandonnée. Maintenant, nous n'avons plus que 40 % de plantes fleuries d'intérieur, Impatiens, Begonia, Kalanchoe, Cyclamen et un peu de Poinsettia, contre 60 % de chrysanthèmes, rosiers, bisannuelles, aromatiques, Geranium et autres plantes de diversification. » Et la tendance devrait se poursuivre : 35 000 Begonia ont été produits l'an dernier, mais les responsables de l'entreprise sentent que le marché devient moins porteur. Sans les remplacer, le Dipladenia devrait prendre davantage de place cette année dans le disponible. D'ailleurs, il ne faut pas désespérer quand une plante classique montre des signes d'effritement de son marché : en 2016, les 80 000 Geranium zonales, pour lesquels l'établissement dispose d'un savoir-faire particulièrement affirmé, ont trouvé facilement preneur.

Des labels et une clientèle évolutive pour assurer le développement. Autre point qui a considérablement changé au cours des dernières années : les interlocuteurs. « Autrefois, nous vendions essentiellement en gros. Maintenant, les grossistes ne représentent plus guère que le quart des ventes », poursuivent Colette et Michel Suzanne. Les horticulteurs détaillants et les jardineries ont pris le relais, parfois sur des référencements régionaux : certains magasins trouvent dans l'entreprise la réactivité et la proximité nécessaires à la fluidification de leurs approvisionnements. Globalement, l'EARL commercialise ses produits sur l'ensemble de la Normandie, sauf dans le département de l'Eure. Pour mieux les valoriser, elle a choisi de travailler avec le label national Plante Bleue ainsi que la marque collective régionale L'évidence Verte. Cette dernière a été lancée en 2012 par les producteurs normands à l'initiative de l'Association régionale Horti-Pépi, émanation de la chambre d'agriculture qui vise à promouvoir les productions locales auprès des consommateurs. Des actions qui contribuent à la poursuite des investissements et du développement de l'EARL Suzanne.

Pascal Fayolle

L'entreprise a fait le choix d'une double paroi gonflable Richel de 12,8 m sous laquelle ont été installées des aires de culture de type Erfgoed.

Au total, l'entreprise a investi 500 000 euros, dont 150 000 dans la manutention, avec un chariot à fourche permettant d'optimiser le déplacement des végétaux.

Les aires de culture permettent d'irriguer les végétaux par subirrigation au sol.

L'entreprise ne cultive plus que 40 % de plantes fleuries d'intérieur (Impatiens, Begonia, Kalanchoe, Cyclamen et un peu de Poinsettia), contre 60 % de chrysanthèmes, rosiers, bisannuelles, aromatiques, Geranium et autres plantes de diversification.

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