“Proposer un fleurissement sur mesure et innovant !”
« Des marchands de tapis... fleuris. » C'est comme cela que l'on pourrait définir Lucie, Françoise et Jean-Sylvain Guillemain, installés à Lury-sur-Arnon, dans le Cher. Mais attention, leurs productions haut de gamme sont des concentrés d'innovation : de véritables travaux de haute couture !
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Sa devise pourrait être « toujours un coup d'avance ». Jean-Sylvain Guillemain est un entrepreneur dans l'âme. En 1995, alors qu'il est agriculteur et viticulteur, il se lance dans la production de fleurs et développe le tapis horticole modulaire, le THM. L'objectif est de faciliter l'installation d'un fleurissement rapide. Le tapis se compose d'un sac en matière souple, compartimenté en trois parties, rempli de terreau amendé. Jean-Sylvain Guillemain a breveté ce support de culture en Europe, aux États-Unis et au Canada. En quelques années, la petite société familiale, – dans laquelle travaillent également Françoise et Lucie Guillemain, respectivement l'épouse et la fille de Jean-Sylvain Guillemain –, s'est bien développée. Elle emploie vingt salariés permanents et une cinquantaine de saisonniers regroupés sur deux sociétés. Chaque printemps, environ 60 000 m² de tapis sont distribués en France, à partir du Cher et d'un réseau de sept distributeurs.
– Les principaux clients sont les collectivités, mais aussi les parcs et quelques particuliers. Parmi les 500 clients des Floriades de l'Arnon, on peut citer les jardins de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher), le Futuroscope (Vienne), les quais de Seine (Paris) où une partie de la jachère fleurie est sous forme de THM. « Les restrictions dans les mairies touchent le fleurissement. Nous maintenons nos volumes grâce à l'augmentation du nombre de nos clients. Pour 2013, nous avons bien plus de réservations que pour 2012 », indique ce chef d'entreprise.
– En filet de coton, papier kraft et polypropylène, le tapis mesure 1 m x 0,55 cm et, une fois rempli, ne pèse pas plus de 7 kg. Une personne peut ainsi le porter seule. « Notre tapis passe dans les broyeurs. Nous proposons également des matières premières à base d'amidon de maïs pour les composteurs », explique Lucie Guillemain, chargée du suivi des cultures, de la création des compositions et du développement commercial. Le THM présente trois lignes de plantation pour recevoir des annuelles, des bisannuelles, des petits arbustes (type potentille), des vivaces, des couvre-sols et de la jachère fleurie... C'est le client qui choisit. « Nous avons trois façons de travailler, poursuit la jeune femme. En un : le client reste maître de son fleurissement. Il choisit ses variétés parmi les 1 500 références de notre catalogue, ainsi que le schéma d'implantation. En deux : nous proposons un accompagnement personnalisé avec des compositions sur mesure afin de s'adapter aux concours des villes et villages fleuris ou des thèmes imposés. Et en trois : nous laissons le choix parmi un panel de compositions préétablies qui laisse toute liberté pour trouver ou compléter selon ses préférences. »
Le fleurissement s'adapte à tout type de sol (talus, rond-point, massif, parvis) et se pose facilement. On griffe la terre, on ajoute de l'engrais à libération lente, on dispose les tapis comme un puzzle, puis on apporte le paillage et on arrose copieusement. « Une personne expérimentée pose 13 m² en 30 minutes », assure Jean-Sylvain Guillemain. Le paillage est inclus dans la livraison sous forme de rouleaux de calage. Astucieux, il sert à protéger les plantes pendant le transport.
– Pour compléter ce support de culture, Les Floriades de l'Arnon ont mis au point une deuxième innovation : les recharges toute taille, nommées RTT lors du dépôt du brevet. Il s'agit de recharges pour les jardinières et suspensions petits et grands contenants pouvant aller jusqu'à 120 cm de diamètre. Ces recharges ont un pouvoir supérieur en rétention d'eau grâce à un terreau à base de perlite, d'argile et de tourbe. Les compositions sont à la demande, pour les grands contenants (bacs béton) huit compositions sont proposées, avec 30 à 40 plants par recharge. « Nous en créons de nouvelles tous les deux ans, avec les variétés, déjà testées, qui viennent de sortir », souligne Lucie Guillemain.
– Ces supports de fleurissement sur mesure demandent une organisation importante de la production. De novembre à février, trois couturières (originale pour une entreprise horticole !), assemblent les tapis, qui sont ensuite remplis de substrat. Pour un fleurissement en mai, les commandes des collectivités sont réceptionnées au plus tard le 15 janvier. « Nous ne travaillons que sur commandes. Certains budgets municipaux étant votés tardivement, il n'est pas facile pour les mairies de valider leurs besoins selon les calendriers des fournisseurs de jeunes plants. L'anticipation se met petit à petit en place », ajoute Lucie Guillemain. Les jeunes plants sont alors achetés à des fournisseurs, en fonction des commandes. Nous prévoyons 2 à 5 % de végétaux supplémentaires pour garantir la composition des clients. Le fait de proposer une large gamme de plantes induit une gestion serrée. « Pour certaines demandes, nous commandons une plaque de 126 jeunes plants et n'en prélevons que 20 pour les tapis. Nous équilibrons nos stocks grâce aux compositions libres, ce qui ravit les clients par la grande diversité obtenue », détaille-t-elle.
– Une fois que les végétaux sont triés et répartis selon les commandes, ils sont insérés dans les tapis et cultivés pendant six à huit semaines en serre froide. « Nous ne chauffons pas pour respecter le cycle de la plante. Nous n'utilisons pas de nanifiant et nous pinçons les plantes à la main. L'arrosage est déclenché selon les besoins », indique le gérant. À partir du 15 mai, les tapis sont prêts pour la livraison. Une deuxième période de production se déroule à partir de fin août, pour le fleurissement d'automne, à base de bisannuelles. Avec les cycles de plantation saisonnière, les technico-commerciales alternent prospections-commercialisations et productions. Leurs collègues, hors saisons de culture, se voient charger du bon fonctionnement du remplissage des THM et des RTT. Une responsable de suivi de culture supervise l'ensemble des serres et de la production. La production est aussi déléguée à des producteurs, dix répartis en France. Ces derniers mettent à disposition leurs serres et leur main-d'oeuvre pour cultiver les tapis fleuris. Toutes les semaines, la production est validée par l'entreprise Guillemain. « Grâce au réseau de producteurs, nos fleurs évoluent selon le climat des régions et cela réduit l'impact carbone pour les livraisons », ajoute Jean-Sylvain Guillemain.
Aude Richard
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