" Des fleurs ainsi que des légumes à consommer dans les massifs d'Albi "
Christian Amiel, directeur du service des parcs, jardins et espaces naturels d'Albi (81), transforme progressivement les massifs de la ville pour mieux répondre aux attentes des usagers et aux contraintes budgétaires. Depuis quelques années, massifs comestibles et jardins secs intègrent le paysage de la cité épiscopale.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Comme dans beaucoup de collectivités, le fleurissement à Albi a évolué pour diminuer les coûts d'aménagement et d'entretien et pour répondre à de nouvelles tendances. Parmi celles-ci, l'adaptation de la palette végétale au changement climatique ou à l'influence de l'agriculture urbaine dans les massifs datent de quelques années. Cette incursion a commencé avec un premier jardin comestible planté de légumes anciens en 2009, puis la plantation de 450 fruitiers depuis 2010, d'abord des fruitiers à coque, puis des pommiers, des poiriers... Sept ans plus tard, les espaces verts ne proposent plus seulement des noix ou des pommes, mais aussi des plantes aromatiques, des petits fruits et des légumes. Et ces derniers ne sont pas là uniquement pour « faire joli » comme lors des premières plantations, mais réellement pour être consommés. Cette évolution découle d'une appropriation progressive des jardins par les habitants. Elle est le fruit d'une collaboration entre le service municipal, l'association des Incroyables comestibles présente sur la ville et des producteurs de légumes, de condimentaires spéciales (Aromaticulture, 12), de fruitiers (pépinière Mercadier, 12)... « En 2017, nous allons travailler sur une 'Green route', c'est-à-dire un itinéraire gourmand ou vert pour proposer tout ce qu'il y a à goûter », précise Christian Amiel, directeur du service des parcs, jardins et espaces naturels (PJEN). Des légumes d'hiver vont aussi apparaître dans les massifs.
La communication à tous les niveaux. Les actions du service sont explicitées dans la presse locale, le journal municipal et le blog dédié aux parcs et jardins. Sur certains massifs nouvellement aménagés, des panneaux expliquent la démarche du service. Ainsi, dans les jardins secs des quartiers Breuil et Rayssac, les habitants peuvent lire que l'entretien ne réclame pas d'herbicides, seules quelques interventions de désherbage et de taille sont nécessaires ; la gamme végétale est également décrite... D'autres panneaux apportent des informations sur la biodiversité et renvoient au site du service PJEN. Dans les massifs comestibles, des petits piquets estampillés d'une pastille colorée sont apparus. « Beaucoup de gens ne savaient pas quand et comment cueillir, c'est pourquoi nous avons mis en place une signalétique de couleurs (vert, orange, rouge) pour les aider à identifier les périodes de prélèvement », explique Christian Amiel.
Les conseils de chacun des 12 quartiers favorisent le dialogue et les échanges d'idées. Ils se réunissent au moins deux fois par an pour émettre des avis, formuler des propositions et organiser la participation des habitants. Ces derniers peuvent s'y exprimer sur leurs souhaits de végétalisation.
Des espaces délaissés transformés en jardins secs. Dans deux quartiers (Breuil et Rayssac), il est ressorti des concertations en conseil de quartier un besoin de réaménager des espaces délaissés, inesthétiques et sans fonctionnalité. Dans les deux cas, le service des PJEN a proposé un aménagement paysager avec une thématique des jardins secs. Les deux sites ont été redessinés en prenant en compte les besoins exprimés par les habitants (cheminement, lieu de détente, pétanque occasionnelle, promenade du chien, pause sur un banc, découverte botanique), sans perdre de vue l'objectif d'offrir un endroit esthétique. Ces jardins secs permettent de réaliser un entretien réduit et facilité, et des économies d'eau : un seul apport a été effectué lors de la plantation. Les travaux ont été menés en régie de décembre 2013 à avril 2014, avec pour chaque jardin une quinzaine de variétés plantées. Le micro-paysage évolue sous la houlette du jardinier qui conserve ou supprime les plantes au fil des germinations. Ainsi, à Rayssac, les 50 m2 de stabilisé réservés à la pétanque n'étaient pratiquement plus utilisés tout en exigeant un désherbage constant. Le sol compacté n'a pas été décaissé et les plantations ont été réalisées directement par dessus, avec un paillage de gravier sur cinq centimètres d'épaisseur. L'aménagement a coûté moins de 1 000 €.
Des choix de conception pour réduire les coûts. Le service répond aux attentes des usagers, mais également à des contraintes économiques, dans un contexte de budget stable pour un patrimoine à gérer en hausse. Il est donc intervenu sur ses massifs afin de diminuer la quantité de végétaux tout en gardant l'esthétisme d'ensemble. Ce travail par trame donne l'illusion d'un massif fourni alors que la surface de plantation a été divisée par deux dans certains cas. Cette « perméabilité » en trompe l'oeil permet également au jardinier d'accéder facilement à la plantation pour les travaux d'entretien. Les espaces sont conçus dans le souci de réduire au maximum les opérations ultérieures d'entretien (tonte, désherbage, arrosage). En pied d'arbre, les plantes couvre-sol, dont certaines aux propriétés allélopathiques, permettent de limiter le désherbage. La quantité d'annuelles (3 700 m²) a diminué légèrement au profit des vivaces et arbrisseaux (9 000 m²). Le service a généralisé le broyage des déchets végétaux (800 m3/an) et leur utilisation en paillage. D'une facture d'eau de 80 000 € en 2007, il est passé à 47 000 € alors que la surface totale d'espaces verts à gérer a augmenté (+ 30 % en 5 ans). Concernant les produits phytosanitaires, la ville est passée au « zéro phyto » ; seuls les cimetières sont encore traités chimiquement.
Valérie Vidril
Massifs comestibles installés en 2015 derrière le théâtre d'Albi. Aux plantes ornementales sont associées des aromatiques, des légumes, des pommiers en espalier... Depuis 2010, la ville a planté 450 fruitiers.
Une signalétique simple - point vert, rouge ou orange - indique aux habitants à quel moment récolter. Ce sont les jardiniers qui gèrent cet affichage, qui suscite la curiosité et fait naître des échanges avec les habitants.
Cloître Saint-Salvi : la plantation est toujours réalisée en lien avec l'histoire du site. Le potager conçu comme un jardin rassemble plantes ornementales, potagères et fruitières.
Sur ce rond-point aménagé en 2013 sur la thématique blanc et pourpre, le paillage minéral permet de limiter l'entretien des végétaux installés : Betula utilis jacquemontii, euphorbes, anémones, lavandes...
Le jardin Sacha-Guitry (quartier Rayssac) a été aménagé en jardin sec, avec une soixantaine de plantes de 15 variétés différentes : Gaura, épilobes, achillée, Rosa sericea f. pteracantha, cistes, Phlomis, thyms, érigerons, euphorbes...
Le service des PJEN rénove ces espaces HLM, rétrocédés à la ville : retrait de certaines espèces d'arbustes, mise en place de massifs comestibles...
La communication est primordiale. Sur certains massifs nouvellement aménagés, des panneaux expliquent la démarche du service.
Le service PJEN a généralisé le broyage des déchets végétaux et leur utilisation en paillage. Ici, en pied d'arbre avec Epimedium.
Les pieds d'arbres sont végétalisés avec différents couvre-sol à l'essai, comme ici la sauge rampante Salvia procurrens...
Sur ce rond-point, le couvre-sol Dichondra est utilisé comme une alternative au gazon.
... ou ci-contre Achillea crithmifolia.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :