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" Une "Ruche" pour favoriser le commerce de proximité "

Constatant un déficit croissant d'information, Jean et Sonia Dubois ont vite pris conscience de la nécessité d'expliquer leur métier d'horticulteurs.PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

Adhérents HPF convaincus, persuadés de la nécessité de conseiller et d'éduquer à la nature, Jean et Sonia Dubois, installés à Béthune (62), renforcent depuis peu leur engagement dans le service de proximité en devenant responsables de « Ruche ».

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Des enfants sortent deux par deux, encadrés par leurs maîtresses, ils portent des godets remplis de terreau avec leur semis d'oeillet d'Inde et mâchouillent un pétale de fleur. Certains n'apprécient pas ce nouvel aliment, mais tous arborent une mine excitée. Au programme de leur après-midi : deux heures de visite et de cours de jardinage dans la serre de Jean et Sonia Dubois. L'horticulteur et sa femme adhèrent à l'association Le Savoir Vert, dont l'objectif est de promouvoir le métier d'agriculteur, notamment par l'accueil pédagogique. Les producteurs béthunois reçoivent ainsi 30 à 50 classes par an, de la maternelle au lycée. Même si la visite est payante (115 euros, dont 40 subventionnés par le conseil général du Pas-de-Calais), le but n'est pas financier. « La plante est devenue un produit de masse avec une obsolescence programmée », regrette Jean Dubois, douloureusement conscient du déficit d'information sur le végétal. « Nous expliquons ce qu'est l'horticulture, décrivons les différentes parties de la plante et leurs fonctions. » L'horticulteur s'implique aussi bénévolement dans une chronique autour du jardin sur France Bleu Nord.

- « Nous formons une structure excessivement petite, c'est un gros travail d'être reconnu. » Pour continuer d'exister auprès de sa clientèle locale, face aux grosses jardineries et à la concurrence belge, l'exploitation a adhéré en 2005 au réseau HPF (Horticulteurs et pépiniéristes de France), qui apporte, entre autres, son soutien dans le domaine de la communication et de la promotion du métier. Depuis un an, elle entame une nouvelle aventure avec « La Ruche qui dit Oui ! ». Cette entreprise solidaire d'utilité sociale (ESUS) met en contact des producteurs locaux (*) et des consommateurs au sein d'un site appelé « Ruche » par l'intermédiaire d'une plate-forme internet. Les clients y sélectionnent leurs produits - issus de l'agriculture ou de l'artisanat locaux - et paient en ligne. Puis ils vont les récupérer auprès des producteurs dans le lieu choisi, qui peut être un magasin, un site de production, une association...

Chaque ruche est animée par un responsable et doit être composée au minimum de quatre professionnels offrant une gamme de produits complémentaires (fruits et légumes, viande, boulangerie, pâtisserie, boisson, cosmétique, artisanat...). Les producteurs fixent librement leurs prix de vente. Ils reversent 8,33 % de leur chiffre d'affaires hors taxes au responsable local (organisation...) et 8,33 % à la société La Ruche qui dit Oui ! (**), qui gère et développe la plate-forme internet. Le client paie donc le prix producteur majoré d'environ 17 %. À la fin du mois d'avril, près de 700 ruches étaient implantées sur l'ensemble de la France. Entre 20 et 50 de ces structures s'ouvrent chaque mois.

- Séduits par l'esprit « circuit court » et la transparence de la démarche, Jean et Sonia Dubois ont d'abord fourni une Ruche puis créé la leur en juin 2014. Elle regroupe 17 producteurs des environs de Béthune (safran, cidre, oeufs, viande, légumes, mohair, cosmétiques, lait d'ânesse, plantes...). Plus de cinq cents clients - ou « abeilles » - ont eu recours au service depuis, et entre 25 à 30 paniers sont distribués à chaque rendez-vous hebdomadaire. « Nous n'avons pas encore beaucoup communiqué sur notre Ruche, juste une page dans le journal local, pour nous donner le temps de trouver les bons producteurs. Nous allons intensifier la publicité ce printemps. » Si une partie des producteurs sélectionnés sont AB (agriculture biologique), le label n'est pas exclusif. « Chaque responsable de Ruche a ses critères de sélection. Les nôtres sont une agriculture familiale et le respect de l'environnement. » Des critères que l'horticulteur applique à sa propre entreprise (voir l'encadré ci-contre).

« La Ruche favorise le commerce de proximité et crée des relations entre les producteurs et les clients ; comme le paiement a été effectué préalablement en ligne, les consommateurs prennent le temps de discuter », remarque Jean Dubois. Malgré le manque de recul sur les retombées de son adhésion à La Ruche qui dit Oui !, l'horticulteur relève un atout non négligeable de la démarche : la visibilité qu'elle lui procure sur le Net auprès d'une clientèle locale.

Valérie Vidril

(*) Les producteurs doivent être situés à 250 kilomètres maximum de la Ruche, la moyenne actuelle étant de 30 kilomètres.(**) À la différence d'une Amap (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne), association loi 1901 qui repose sur le bénévolat. Par ailleurs, dans une Amap, un contrat lie pour l'année les producteurs et les Amapiens, ces derniers payant à l'avance les paniers préfinançant ainsi la récolte.

Au sein de la serre des époux Dubois, ces établis sont le théâtre de cours de jardinage dispensés à de nombreux élèves de la maternelle au lycée.

PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

Tous les mardis soirs, de 18 à 20 heures, l'entreprise accueille les producteurs locaux qui fournissent « La Ruche qui dit Oui ! ». PHOTO : JEAN DUBOIS

PHOTO : JEAN DUBOIS

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