“Un sérieux coup de main du lycée voisin pour gérer le parc !”
Anne-Laure Legaillard, gestionnaire et comptable du lycée hôtelier de Dinard (35), a fait appel à une stagiaire du Centre de promotion sociale agricole pour proposer un plan de gestion du parc de l'établissement, un site remarquable créé au tournant des XIXe et XXe siècles, mais trop longtemps laissé à l'abandon.
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Le lycée public hôtelier de Dinard, en Ille-et-Vilaine (35), a été créé en 1973 sur une ancienne propriété privée de la Belle Époque, la villa Nahan. Le site bénéficie d'un cadre exceptionnel, en bord de mer, avec un parc boisé de 4 hectares qui domine la baie du Prieuré. « Un lieu privilégié, mais qui présente également des contraintes », souligne Anne-Laure Legaillard, gestionnaire et comptable de l'établissement. Des contraintes au premier rang desquelles on peut mettre la présence marquée du public, avec 750 élèves (dont 330 internes), des enseignants et du personnel, mais aussi des clients qui fréquentent les deux restaurants d'application. À cela s'ajoute la présence de plusieurs blockhaus partiellement enterrés, vestiges de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que la proximité de la mer, avec des vents parfois forts et des embruns salés. Le parc se situe en outre dans un périmètre classé, ce qui implique des demandes d'autorisation pour toute modification, notamment pour les abattages.
L'endroit a été entretenu a minima entre la période de construction du lycée et le début des années 2000, avec pour conséquence un enfrichement important des zones boisées. De plus, à la suite des tempêtes de 1987 et de 1999, un certain nombre d'arbres ont subi des dégâts. Ce qui a incité les gestionnaires du lycée à faire appel à l'Office national des forêts (ONF) pour réaliser un diagnostic approfondi du parc en 2006, puis en 2011. « L'inventaire du patrimoine arboré, préalable indispensable à la phase diagnostic, a été réalisé par l'ONF en 2006 et mis à jour en 2011 », précise Nicolas Vermander, expert conseil de l'ONF. Les arbres de plus de 20 cm de diamètre ont été inventoriés pied à pied et marqués à l'aide d'une pastille métallique poinçonnée. Lors de l'inventaire de 2011, les arbres ont été localisés sur un fichier SIG (Système d'information géographique).
Cet inventaire a fait apparaître trois grandes unités de gestion : la zone centrale, où dominent des arbres isolés de valeur et des bosquets (107 sujets) ; une bande boisée, à l'est du parc, restée en friche jusqu'en 2009 et composée essentiellement d'arbres adultes de mêmes dimensions (97 sujets) et un secteur encore en friche, situé à l'ouest, présentant des zones en régénération naturelle et des arbres de différents âges (65 sujets).
Sur la première zone, le chêne vert et le pin de Monterey constituent les essences dominantes. Dans la deuxième zone, on trouve surtout des chênes verts, et dans la troisième, des érables sycomores et des charmes. Sur l'ensemble du parc, les arbres adultes sont majoritaires (62 %), devant les sujets en pleine croissance (37 %) et quelques arbres matures (1 %). Le diagnostic de 2011 fait apparaître 52 % d'arbres sains, sans défauts apparents, 36 % d'arbres sains présentant quelques petits défauts à surveiller, 7 % d'arbres nécessitant un diagnostic plus approfondi pour s'assurer de leur niveau de résistance mécanique (20 sujets) et 4 % d'arbres dangereux demandant une intervention rapide (14 sujets).
« Cette phase d'études a aussi permis de soulever un point problématique, celui des arbres situés en limite de propriété, à moins de 2 mètres de l'enceinte, explique Nicolas Vermander. Une trentaine d'entre eux nécessitent une attention particulière, car ils peuvent générer des conflits de voisinage, contribuer à la dégradation des murs ou constituer une gêne pour la circulation sur la voirie longeant la propriété. »
Cette nécessaire mise en sécurité et la volonté de mieux valoriser ce patrimoine végétal sont à l'origine du travail de Julie Descamps, stagiaire en formation CS GAO (certificat de spécialisation « Gestion de l'arbre d'ornement »). « Nous avons bénéficié d'un sérieux coup de main du lycée voisin ! », souligne Anne-Laure Legaillard. En l'occurrence le Centre de promotion sociale agricole de Combourg (35) dont est issue Julie. Encadrée par Nicolas Vermander, la jeune femme a élaboré les grandes lignes d'un plan de gestion de l'ensemble du parc et proposé une analyse paysagère pour la zone située le long de la voirie. « Les principaux objectifs de ce travail ont été de faire des propositions pour la mise en sécurité du site et l'élimination des contraintes de mitoyenneté, mais aussi la valorisation du potentiel esthétique du parc.
Les propositions ont été priorisées et planifiées sur une quinzaine d'années », explique Julie Descamps. Dans la zone centrale, les travaux de sécurisation consistent à retirer des bois morts ou des branches cassées restées en suspension dans les arbres. Puis un travail de mise en scène des plus beaux sujets est à prévoir. En parallèle, il faudra suivre les jeunes sujets situés dans les bosquets, afin de détecter les arbres d'avenir qui pourront devenir des sujets de valeur dans les prochaines décennies.
Pour le peuplement situé en bordure de voirie, la plantation reste dense, malgré les précédents travaux de nettoyage. Il faut sécuriser les zones de cheminement et poursuivre l'aération du boisement pour ouvrir des cônes de vue.
L'analyse paysagère a permis de recenser 2 arbres remarquables, 26 beaux sujets, 67 sans caractère particulier et 2 sans intérêt. Croiser l'analyse diagnostic et l'étude paysagère a abouti à des préconisations d'abattage de 7 arbres dangereux, et à la suppression d'une quarantaine d'arbres sur quinze ans pour créer des vues.
Enfin, dans la zone de friche, une étude écologique serait nécessaire pour analyser les potentialités du secteur en termes de diversité floristique et faunistique. C'est dans cette partie que l'on trouve les anciens blockhaus, en partie comblés. Il convient de renforcer la sécurisation de leurs abords et de voir s'ils ont un potentiel écologique intéressant, notamment pour les chauves-souris. La proximité du terrain de sport invite aussi à la vigilance pour ne pas laisser d'arbres dangereux dans ce secteur très fréquenté.
La présence d'un jardinier à temps plein permet d'assurer l'entretien courant du parc, y compris les petits travaux de taille et le débroussaillage. Il faut en revanche faire appel à des structures extérieures pour les diagnostics et les travaux d'abattage. « Aujourd'hui, la priorité est bien sûr donnée à la sécurisation du parc. Mais la requalification paysagère est souhaitée par la direction de l'établissement qui y voit un moyen de renforcer la convivialité sur le site et l'image d'excellence du lycée, souligne Anne-Laure Legaillard. D'ailleurs, parmi les propositions d'action à moyen terme, Julie Descamps a envisagé de créer des plantations fruitières sur différents secteurs, « dans le but de créer un lien identitaire entre le parc et l'activité de l'établissement. Un moyen de sensibiliser le personnel ainsi que les élèves ».
Yaël Haddad
L'inventaire des arbres du site a permis de mettre en évidence un certain nombre d'arbres remarquables.
Le parc ayant fait l'objet d'un entretien a minima pendant plusieurs années, de nombreuses zones se sont enfrichées.
Certains arbres posent de vrais problèmes de mitoyenneté. Ils risquent de causer des conflits de voisinage et dégradent les murs d'enceinte du lycée hôtelier.
Certaines zones du parc nécessitent de recréer des vues vers l'extérieur, d'où le travail proposé par Julie Descamps pour aérer certaines perspectives...
Certaines zones du parc nécessitent de recréer des vues vers l'extérieur, d'où le travail proposé par Julie Descamps pour aérer certaines perspectives...
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