" Des topiaires aux exotiques exceptionnelles acclimatées "
Les pépinières Ripaud, à Cheffois (85), ont soufflé récemment 60 bougies et poursuivent leur développement en dénichant sans cesse de nouvelles plantes spectaculaires venues du monde entier. Aux topiaires, mis en oeuvre pour donner de la valeur ajoutée aux Taxus, ont succédé palmiers, oliviers et autres méditerranéennes, mais aussi fougères arborescentes ou productions saisonnières fleuries.
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Ici, d'étranges silhouettes vertes se détachent dans le ciel. Des arbres en nuages, en pompons, en spirales ou en boules jalonnent la route menant à Cheffois, un village de mille âmes situé au coeur du bocage vendéen. Puis soudain, des palmiers annoncent l'arrivée dans le fief des pépinières Ripaud, une des plus grandes de France. L'entreprise est spécialisée dans les plantes d'exception. Elle fournit des palaces, des jardins royaux ou des parcs d'attractions tout autant que des jardins de particuliers. Dans les cent hectares vallonnés du site de production de la Tardière, on serpente, on monte et on descend au gré des étangs, à la rencontre de l'improbable. C'est le merveilleux qui s'offre aux yeux du visiteur qui découvre un monde surprenant. Celui de l'art topiaire, des bonsaïs de jardin et des fougères arborescentes, des spécimens souvent uniques en Europe. Une aventure démarrée il y a plus de soixante ans par Joseph Ripaud, sur un modeste lopin de terre donné par sa tante. Petit à petit, il abandonne les bottes de radis pour se consacrer, avec son épouse Monique, à la culture des plantes ornementales. Neuf enfants et quelques voyages plus tard, il rapporte en Vendée les techniques culturales et les espèces découvertes sur tous les continents, pour les acclimater.
L'art topiaire, première spécialité. C'est ainsi qu'au début des années 1990, Joseph Ripaud revient des États-Unis avec une idée : écouler les surplus de production des Taxus baccata, ses arbres préférés, grâce à la technique de l'art topiaire. La passion de la taille ne le quittera plus et ce ne sont pas ses collègues italiens qui l'en dissuaderont. Pas plus que ses enfants, dont trois attraperont le virus du végétal, parmi lesquels Benoît et Damien, actuels dirigeants de l'entreprise. D'ailleurs, ce dernier revient du Japon en 2001 avec la technique des bonsaïs de jardin, le niwaki. Ce savoir-faire, complémentaire à l'art de la taille, consiste à donner une forme particulière aux arbres en disciplinant leurs branches avec de petites baguettes de bois et de la ficelle. Il est surtout utilisé pour les formes en plateaux. Ainsi travaillés, les Taxus et autres espèces sont devenues des plantes à haute valeur ajoutée. Cultivées depuis quatre ans dans un sol mycorhizé, elles sont commercialisées au bout de cinq à dix ans. Différents stades de développement permettent de répondre à tous les budgets : les Taxus baccata ou les Pinus pentaphylla démarrent à 300 euros pour les plus petits en 1,25 mètre par exemple. Pour les produits fleuris, de plus en plus demandés, il existe entre autres des Osmanthus burkwoodii taillés en forme de l'Atomium de Bruxelles, ou encore des Camellia sasanqua. Plus loin, entre deux serres, on trouve des sujets en conteneur : des chênes-lièges venus d'Espagne, des Ilex crenata importés du Japon ou encore un cèdre du Liban destiné à une terrasse parisienne.
Aujourd'hui, avec cinq salariés formés, l'entreprise produit un millier de topiaires et de bonsaïs de jardin soit 10 000 heures de travail par an et propose une quinzaine de formes diverses. Des connaissances enrichies régulièrement grâce à un formateur japonais, intervenant deux jours chaque année depuis trois ans.
À la découverte de l'insolite. Si les pépinières Ripaud sont devenues en moins de vingt ans des spécialistes reconnues de l'art topiaire, elles sont aussi à l'avant-garde des plantes exceptionnelles, dénichées partout dans le monde et acclimatées dans les cinq hectares de serres et tunnels. Ainsi, on s'enfonce dans la forêt de l'ère primaire, le royaume des fougères arborescentes. Ces plantes spectaculaires de climat humide, cultivées depuis longtemps par les Anglais, étaient recherchées par les clients bretons ainsi que par le parc Terra Botanica, à Angers (49), alors en phase de création. Vendues prêtes à planter, en tronçons sans racines de l'autre côté de la Manche, il fallait trouver une solution pour le climat français, plus froid. En 2008, Benoît et Damien importent donc directement d'Australie les billes de bois avec un oeil terminal. Ils les mettent à s'enraciner, à partir du mois d'avril, pour 12 à 18 mois de culture, ce qui permet aux frondes de se développer. Les Dicksonias antarctica sont maintenant toutes cultivées de cette façon pour offrir des plantes acclimatées, résistantes jusqu'à - 10 °C et immédiatement utilisables par les paysagistes. Toujours pour satisfaire cette clientèle, avide de reproduire les ambiances de leurs voyages, à ces géantes venues du fond des âges, s'ajoute la production de palmiers, Chamaerops humilis, Phoenix, Trachycarpus etc. Beaucoup sont plantés penchés, voire couchés, le long des allées du domaine, comme s'ils voulaient rejoindre la mer aux eaux turquoise de quelques îles tropicales ou de la côte d'Azur.
Des ventes de plus en plus décalées vers le printemps. Et, bien entendu, pas de paysages méditerranéens sans oliviers. Importés d'Espagne, de nombreux sujets sont disponibles, dont certains âgés de plus de cinq cents ans. À la question de leur taille en nuages, très « tendance » depuis quelques années, Benoît Ripaud prévient : « C'est une demande des clients mais nous les mettons en garde, lorsqu'ils sont taillés, les oliviers gèlent dans nos régions. »
Pour compléter son offre, l'entreprise propose aussi des productions saisonnières : Gaura, agapanthes, sauges, lavandes et autres espèces. Elles sont cultivées par séries dans des serres équipées de tapis roulants avec les rempoteuses à l'extérieur. Les pots, achetés à un producteur local, sont recyclables, généralement de la couleur des fleurs pour mettre en valeur les plantes et paillés de chanvre. « Le sol en matériau enrobé dispense de chauffage, il conserve la chaleur du soleil, suffisante même par - 12 °C en sortie de nuit. Les jeunes plants, pour les besoins internes, sont produits ici aussi. Car les ventes se font de plus en plus au printemps, sur des produits tirant sur l'horticole. Nous ne savons jamais ce que nous allons vendre dans deux mois, nous devons être prêts », précise, en homme avisé, Benoît Ripaud. Une évolution du métier de pépiniériste, du reste, constatée par nombre de ses confrères.
Le zen et le web. Toutes ces gammes se retrouvent dans le point de vente ouvert aux particuliers, non loin du site de production de la Tardière, dans le bourg même de Cheffois et sur Internet. Les pépinières Ripaud sont partenaires des sites de Promesses de fleurs et de Willemse et ont ouvert, en 2012, leur propre boutique web, maintenant animée par Amandine Ripaud, la fille de Benoît. Aujourd'hui fréquentée quotidiennement par deux cents visiteurs uniques, en majorité situés en région parisienne, Planete-pepinieres.fr satisfait une clientèle très différente de celle des jardineries, à la recherche de sujets uniques, de belles pièces et de raretés botaniques. D'ailleurs, la mise en ligne des spécimens exceptionnels a débuté à l'automne dernier et se poursuit depuis. Ainsi, les paysagistes peuvent les proposer directement à leurs clients, tout est transparent avec un prix de vente public sur lequel sera calculée la remise professionnelle et l'assurance d'une livraison maîtrisée par le producteur.
En tête des ventes, on trouve la collection d'érables japonais, très tendance pour les jardins « zen ». En effet, la « zénitude » revient en force ! Partenaire depuis cinq ans du parc oriental de Maulévrier, près de Cholet (49), le plus grand jardin de type japonais d'Europe sur 29 hectares, l'entreprise propose une trentaine de variétés d'Acer palmatum à associer aux bonsaïs de jardin, deuxième meilleure vente du site web. Ensuite, ce sont les fougères arborescentes et les autres végétaux à « effet immédiat » qui s'écoulent régulièrement. Des plantes de quatre ou cinq ans d'âge, en containers de 3 ou 4 l. Une offre encore peu présente sur le web. Toutes les ventes en ligne représentent 2 % du chiffre d'affaires global consolidé des établissements Ripaud.
Isabelle Cordier
Pinus pentaphylla en cours de formation en bonsaïs de jardin, selon la technique du niwaki. PHOTO : I. CORDIER
Toujours « tendance », destinées aux zones humides, au premier plan, des Elegias capensis (prêles) cultivées avec des papyrus et les Dicksonia antarctica, grande spécialité des pépinières. PHOTO : I. CORDIER
Dans la serre de stockage, un Trachycarpus fortuneii cultivé couché pour répondre aux besoins des paysagistes devant une Dicksonia antarctica. PHOTO : I. CORDIER
Le site internet Planete-pepinieres.fr satisfait une clientèle très différente de celle des jardineries, à la recherche de sujets uniques, de belles pièces et de raretés botaniques, comme le propriétaire de ce jardin... PHOTO : PÉPINIÈRES RIPAUD
Les plantes saisonnières, gauras, agapanthes, sauges, lavandes et autres espèces, sont produites par séries dans les serres équipées de tapis roulants avec rempoteuses extérieures. PHOTO : I. CORDIER
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