" Intégrer la RSE au quotidien dans une PME, c'est possible ! "
Catherine Aubépart, présidente de la SEM espaces verts, une PME indépendante spécialisée dans l'élagage, la création et l'entretien d'espaces verts, basée à Plaisir (78), témoigne sur la façon dont elle a intégré la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) au sein de cet établissement depuis toujours sensible à l'environnement, au bien-être des salariés et au respect de ses interlocuteurs.
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Lorsque Catherine Aubépart reprend les rênes de la SEM espaces verts en 2002 à la suite du départ du chef d'entreprise, elle connaît déjà bien la société car elle y travaille depuis 1998. « Les valeurs fondatrices (le respect de l'homme et de la nature, le professionnalisme et la qualité des relations humaines) m'ont motivée à me lancer », explique-t-elle. Son approche a été guidée par un sentiment : celui que son rôle n'était pas d'être "en haut d'une pyramide" mais d'être le chef d'orchestre d'un ensemble de personnes qui ont toutes un rôle important à jouer. Comment s'est-elle engagée dans la démarche RSE ? « Sans vraiment le savoir ! Car nos actions en faveur de l'environnement, du bien-être des salariés et du respect des acteurs avec lesquels nous travaillons, ne datent pas d'hier. »
- En effet, depuis dix ans, les actions menées en faveur de l'environnement se sont succédé. À partir de 2004, l'utilisation de tondeuses équipées de plateaux recycleurs a été développée partout où cela était possible pour les chantiers d'entretien de parcs et jardins. Le broyage et la valorisation en paillis pour les massifs des produits de taille se sont généralisés en lien avec une politique d'élagage raisonnée. Dès 2006, l'utilisation d'huiles hydrauliques biodégradables pour les machines et de matériels insonorisés est devenue systématique. En 2007, la SEM a adhéré au réseau des managers de l'environnement mis en place par les chambres de commerce et d'industrie de Paris et d'Île-de-France. À partir de 2008, l'analyse bilan carbone des chantiers a été proposée et en 2009 une stratégie d'achats responsables a été instaurée pour les supports publicitaires et les fournitures de bureaux, pour les véhicules et les engins, ainsi que les matériels... En 2010, l'entreprise a installé un premier rucher sur le site d'un client engagé dans une démarche « zéro phyto » afin d'améliorer la biodiversité. En 2012, une première évaluation RSE selon la certification ISO 26000 a été réalisée, ainsi que des travaux de réfection du siège social avec une démarche écologique. « Nous avions envisagé de déménager nos bureaux, mais après concertation avec les salariés nous avons décidé de rester sur le site et de procéder à des travaux d'aménagement car la moitié des personnes viennent en train grâce à la proximité de la gare SNCF de Plaisir qui dessert Paris, Mantes-la-Jolie (78) et Dreux (28). » En 2013, l'acquisition de quatre nouveaux véhicules hybrides pour la flotte a permis d'augmenter le taux d'engins propres et l'achat d'un désherbeur thermique à vapeur sèche améliore les travaux de désherbage alternatif. En 2014, l'entreprise a mis en place une filière bois énergie en interne pour valoriser les bois qui n'étaient pas utilisés en paillage et ça a été l'année de la mise en place d'un premier challenge d'éco-conduite pour inciter les personnels à améliorer leur conduite.
- La réflexion ne s'est pas arrêtée aux seuls aspects matériels car l'équipe dirigeante, composée de Catherine Aubépart, de David Gallien, responsable QSE (qualité sécurité environnement), et de quatre conducteurs de travaux, a toujours eu à coeur de considérer le facteur humain comme primordial. Ainsi, l'établissement n'a pas souhaité se développer au-delà d'une soixantaine de salariés, afin de rester à taille humaine et de permettre à l'encadrement de bien connaître chacun. « Lorsqu'un nouveau salarié arrive, il est systématiquement parrainé par un ancien qui transmet avec plaisir son savoir. Le chef d'équipe est toujours informé en amont d'une arrivée ou d'un changement dans l'organisation de son équipe et nous privilégions les échanges sur le terrain qui sont différents de ceux réalisés au bureau, souvent perçus comme plus formels. En ce sens, les conducteurs de travaux constituent un maillon important entre le groupe de direction et le reste du personnel car ils sont sur le terrain au quotidien. Pour ma part, j'essaie d'aller sur les chantiers trois à quatre fois par mois ; cette démarche est appréciée par les salariés qui se sentent valorisés. C'est une façon de souligner le respect que je porte à chacun d'eux, une sensibilité sans doute assez féminine que je ne cherche pas à masquer et qui crée un climat de confiance auquel je suis attachée. » Les salariés aussi, preuve en est le faible taux de turn-over, avec en moyenne une ancienneté de près de neuf ans.
- Une attention particulière a toujours été portée à la sécurité et à la santé au travail, car dans le secteur des espaces verts et en particulier de l'élagage, les risques potentiels d'accidents graves sont élevés. « L'une des premières mesures que nous avons mises en place il y a une dizaine d'années, et qui reste encore peu courante, a été de faire venir toutes les semaines un masseur kinésithérapeute pendant une heure. Sur la base du volontariat, les salariés qui le souhaitent, y compris les personnels administratifs et d'encadrement, peuvent être reçus pour une séance d'un quart d'heure qui a pour objectif la détente et non le soin d'un traumatisme spécifique. En complément, des séances d'échauffements et d'étirements ont été préparées en proposant des exercices adaptés aux métiers. »
Depuis cinq ans, des « cafés sécurité » sont organisés en fin de journée une fois par mois ou tous les deux mois, selon la charge d'activité. Il s'agit d'une discussion autour d'un thème précis, animée par un cadre de l'entreprise et ouverte à tous. Les actions de formation continue constituent également un bon outil pour améliorer la gestion des risques et pour permettre de s'adapter aux nouvelles pratiques. En moyenne chaque salarié suit trois jours de formation par an.
« Nous menons également une réflexion en groupe sur les investissements à prévoir pour améliorer le confort de travail. D'autres sujets évoqués par certains salariés ont été soumis à un audit interne afin de recueillir l'avis de tous : la création d'un planning de covoiturage, la remise en place d'une campagne d'abondement qui permet de compléter le plan d'épargne entreprise. » La SEM espaces verts cherche à valoriser l'engagement de ses salariés avec des primes de résultats (deux fois par an), une prime d'entretien des véhicules, une prime pour les chauffeurs ou pour les emplois spécifiques.
Une fois par trimestre le comité d'hygiène, de sécurité, et des conditions de travail (CHSCT) se réunit sous l'égide de Catherine Aubépart et de David Gallien qui anime le groupe composé de représentants de la médecine du travail, de l'inspection du travail et des salariés. Il s'agit de faire un point sur les accidents ou les arrêts maladies et d'analyser les moyens de prévenir les risques. « À titre d'exemple, nous avons mené une réflexion sur le métier très particulier de tapeur, qui opère au croissant les travaux de finitions des tailles architecturées. À l'aide de vidéos, nous réfléchissons avec le médecin, des conseillers en prévention de la MSA et notre kiné aux gestes et postures les plus appropriés pour éviter les traumatismes. » Des visites sur le terrain sont aussi organisées pour appréhender concrètement les problèmes.
- Afin de disposer d'une approche globale des salariés et de leur évolution de carrière en relation avec les besoins et les contraintes de l'entreprise, Catherine Aubépart a souhaité relancer une démarche approfondie de GPEC (gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences) en 2014. Cette mission a été confiée à Antony Le Billan, étudiant en ressources humaines, en apprentissage trois jours par semaine à la SEM. « J'analyse les compétences pour évaluer les possibilités de promotion de certains, les départs à la retraite et les besoins de recrutement. En parallèle et pour mieux préparer ces procédures, je réfléchis à l'amélioration des fiches métiers qui servent à élaborer les profils de poste. Pour cela, j'organise des réunions par groupe de métiers pour recueillir l'avis des professionnels en activité. Mon objectif est de proposer un planning prévisionnel des évolutions afin d'anticiper les mouvements et les éventuels recrutements. Je participe également à l'élaboration du plan de formation. »
Preuve de la reconnaissance des actions menées, la SEM espaces verts a validé le troisième niveau de l'AFAQ 26000, une méthode d'évaluation de la RSE proposée par l'AFNOR, ce qui correspond à l'échelon « confirmé ».
Yaël Haddad
Visite d'un chantier d'élagage par le comité d'hygiène, de sécurité, et des conditions de travail (CHSCT) au sein du parc du château de Versailles (78). PHOTO : SEM ESPACES VERTS
L'entreprise réfléchit à l'amélioration des gestes et postures pour des métiers spécifiques comme celui de tapeur. PHOTO : SEM ESPACES VERTS
L'amélioration des postes de travail utilisant des véhicules pour la taille des arbres concerne la visibilité, la climatisation, le siège et le poste de conduite. PHOTO : SEM ESPACES VERTS
L'attachement aux relations humaines est fort au sein de la SEM espaces verts. Catherine Aubépart, la chef d'entreprise, rend visite aux salariés sur le terrain environ trois à quatre fois par mois. PHOTO : YAËL HADDAD
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